Je vous ai déjà brièvement parlé de The Faculty, mais un tweet d’IrisKV m’a donné envie d’approfondir un peu mon point de vue et d’offrir au film la place qu’il mérite (= un article rien qu’à lui au lieu d’une simple mention dans une liste).
Plutôt que de me lancer dans une dissertation bordélique et totalement dénuée d’objectivité, voici simplement plusieurs raisons de tomber follement amoureuse de The Faculty. Autant d’éléments qui prouvent qu’il s’agit d’un des meilleurs films de l’histoire du cinéma et qu’il mérite beaucoup beaucoup d’amour.
Petit rappel : The Faculty se déroule dans un lycée de l’Ohio victime d’une invasion extra-terrestre. Plutôt que l’option petits-hommes-verts en colère dans leur gros vaisseau, ils la jouent plus subtil en introduisant des parasites dans des hôtes humains pour passer inaperçus. Six lycéens vont donc se retrouver forcés de collaborer et de se serrer les coudes pour venir à bout de l’invasion avant qu’elle ne prenne des proportions catastrophiques.
Le casting
À la sortie du film, en 1998, le casting était déjà considéré comme étant relativement intéressant – mais c’est aujourd’hui, en 2013, qu’il paraît encore plus impressionnant. Il y a Elijah « Frodon Sacquet » Wood dans le rôle du héros, Casey Connor. Il y a Josh Hartnett, le beau gosse officiel de la fin des années 90, dans le rôle du « bad boy insolent qui en a dans le cervelet, dans le slip, et même dans le coeur ». Il y a le T-1000 en personne, a.k.a. Robert Patrick, qui excelle comme toujours dans le rôle du méchant coach. Il y a Jean Grey (la sublime Famke Janssen) dans le rôle de la prof moche et sans autorité qui devient femme fatale au contact des aliens. Mais également Piper Laurie, la maman de Carrie dans le classique de De Palma. Salma Hayek aussi, en infirmière enrhumée qui se gave de cachetons. Bebe Neuwirth en principale mi-psychotique, mi-innocente, mi-gnonne. Et même Jon Stewart, en professeur qui pète un câble et qui se retrouve éborgné par la petite bande de Casey. Et surtout : USHER. U-SHER.
USHER.
La petite bande de héros est composée d’Elijah Wood en gros nerd, de Josh Hartnett en beau-gosse/dealer, de Jordana Brewster en meuf populaire qui cache son gros Q.I. pour conserver son statut de connasse-en-chef, de Shawn Hatosy en footballeur qui en a ras le cul de se voir offrir des bonnes notes sur un plateau pour le remercier de ses exploits sur le terrain, de Clea DuVall en pseudo-goth associale qui évite tout contact humain tant que c’est possible et de Laura Harris, la petite nouvelle fraîchement débarquée de sa cambrousse qui tente de s’y retrouver dans la jungle du lycée d’Herrington. Et ils sont tous impeccables dans leur rôle. Tous. Sans exception.
Le duo Rodriguez/Williamson
The Faculty a été réalisé par Robert Rodriguez à partir d’un scénario rédigé par Kevin Williamson. Robert Rodriguez, grand copain de Tarantino (qu’il a dirigé dans Une Nuit en Enfer), est connu pour sa filmographie assez variée. En plus de The Faculty et d’Une Nuit en Enfer, il nous a offert, en vrac, Spy Kids, Desperado, Sin City (en collaboration avec Frank Miller et Quentin Tarantino), Planète Terreur, ou encore Machete. Autant dire qu’il a quand même deux-trois tours dans son sac et qu’il maîtrise pas trop mal son boulot, dans l’ensemble.
Quant à Kevin Williamson, il s’agit du créateur des séries Dawson, Vampire Diaries, et plus récemment The Following – entre autres – et de l’auteur des scénars de Scream (1, 2 et 4 – ce qui explique la qualité du 3), Souviens-toi l’été dernier, et Mrs. Tingle. Il s’y connait donc vaguement en matière d’histoires d’ados, notamment sur fond horrifique, et peut se vanter d’avoir deux trois petits succès à son répertoire
. À noter qu’il a également écrit quelques trucs moins cool, comme Cursed (réalisé par Wes Craven, preuve que le duo ne fonctionne pas à tous les coups) ou Venom.
Et quand on met les deux dans le même sac, qu’on secoue, et qu’on renverse le tout sur Hollywood, ça donne The Faculty, le digne fils des deux créateurs. C’est merveilleux, cette symbiose.
Les références
L’une des spécialités de Williamson, c’est de blinder ses scripts de références à la pop culture américaine et de nous permettre de pouffer devant une réplique que d’autres ne comprendront peut-être pas. Les plus curieux s’empresseront d’enquêter sur les références qui leur paraîtront obscures afin d’approfondir leurs connaissances et de se sentir inclus dans la blague au prochain visionnage. D’autres trouveront ça simplement agaçant, déplorant la perte d’éclats de rire au profit de la private joke hollywoodienne à répétition. Vous l’aurez deviné, je fais partie de la première catégorie.
Il y a quelque chose d’incroyablement jouissif dans le fait de reconnaître l’origine d’un gag, d’une référence ou d’un hommage sans qu’on ait trop besoin de le pointer du doigt. Ça permet de relativiser les milliers d’heures perdues devant des écrans, à faire des choses que les gens qualifient souvent d’improductives. En une réplique, tout ce temps perdu paraît justifié, tout semble valoir le coup. On peut alors établir de plus en plus de connections entre diverses oeuvres, rebondir de film en film pour suivre l’évolution d’un même gag et ressentir un plaisir proche de l’orgasme lorsqu’on tombe sur une nouvelle pépite que « les autres » ne remarquent pas, parce qu’ils ont préféré être productifs et miser sur leur futur.
Comme tout bon film d’ados, The Faculty se ramène avec son petit lot de références plus ou moins bien cachées. Par exemple, des petits joyaux qui paraissent tout simples en apparence mais qui cachent un truc cool – comme la référence aux scènes de nu tournées par Neve Campbell et Jennifer Love Hewitt dont le personnage Zeke vend des copies en VHS (Neve et Jennifer jouaient les héroïnes de Scream et Souviens-toi l’été dernier, tous deux écrits par Williamson donc). Et il y a des trucs un peu subtils qu’il faut rassembler dans sa tête au bout du 7ème visionnage pour crier bingo, comme les noms des personnages – le Professeur Furlong et Casey Connor font tous les deux référence à Terminator (Edward Furlong interprétait John Connor dans le 2, fils de Sarah Connor, et Robert Patrick a joué dans Terminator 2 et The Faculty).
La chasse aux références est toujours un régal, et se révèle de plus en plus riche et intéressante d’année en année.
La scène du test
Ma référence préférée mérite bien son propre chapitre à elle. Il s’agit de la scène dans laquelle tous les membres de la petite bande sont obligés de prendre une dose de la drogue fabriquée par Zeke pour tester leur humanité. Car voyez-vous, dans The Faculty, les aliens ont besoin de beaucoup d’eau pour survivre, ils doivent sans cesse s’hydrater (et c’est donc le film qui donne le plus soif au monde). Et la drogue de Zeke est composée, en partie, de comprimés à la caféine, qui assèchent le petit corps déshydraté des aliens. Donc pour savoir si quelqu’un est contaminé, et pour le mettre hors d’état de nuire, il faut lui administrer une petite dose de la drogue en question.
Lorsque tout part en couille et que nos héros s’aperçoivent que n’importe qui pourrait avoir été contaminé par les aliens, ils décident de se soumettre au test pour s’assurer qu’aucun parasite ne se promène dans leur système. La scène fait clairement référence à celle qu’on a pu voir dans The Thing de John Carpenter, lorsque les chercheurs en galère se retrouvent forcés de tester leur sang pour savoir lequel d’entre eux a été remplacé par le vilain extra-terrestre polymorphe.
Dans la version de The Faculty, c’est clairement moins gore et beaucoup plus drôle puisqu’ils se retrouvent tous complètement défoncés en pleine invasion alien. La vision d’un petit Elijah Wood tout pété et mort de rire suffit à réchauffer les coeurs.
On peut également noter la présence d’une vieille femme toute abîmée dans les douches du lycée et faire le lien avec la scène de Shining, tant qu’à faire.
En conclusion, The Faculty est un film dégoulinant de perfection qui n’a pas encore trouvé son égal au 21ème siècle, malgré de nombreuses tentatives. C’est un film drôle, merveilleusement bien écrit, bien réalisé, touchant, flippant pour certains, avec une B.O. typiquement 90’s qui s’écoute toujours aussi bien, bien ficelée et dont on ne se lasse toujours pas. Vous n’êtes pas obligés de faire comme moi et d’aller jusqu’à le voir plus de 120 fois (je n’exagère malheureusement pas), mais c’est un risque à prendre.
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