Allez savoir pourquoi, on éprouve une fascination absolue pour les œuvres qui parlent des autrices. Au cinéma, à la télévision, en littérature : on consomme tout ce qui touche à l’exercice qu’on pratique nous-même au quotidien.
Ainsi, The Dreamer — Becoming Karen Blixen, qui concourt actuellement au festival Canneséries, est sans aucun doute l’une des séries qu’on attendait le plus de la compétition.
Et malgré ses longueurs, on est plutôt cliente de ce programme danois, créé par Dunja Gry Jensen.
The Dreamer, l’histoire du début compliqué de Karen Blixen dans le dur milieu de la littérature
Tout commence au Kenya, où Karen Blixen rédige une lettre de suicide. Rongée par une maladie qu’elle ne nomme pas, ruinée par l’effondrement de sa plantation de café, elle ne voit pas d’issue à son tourment.
Toutefois, elle échoue à mettre fin à ses jours et se retrouve vite au Danemark, dans sa maison familiale, recueillie par sa mère, qui se fait bien du souci.
Dans l’immense maison, elle partage des repas moroses avec sa soeur et son frère, qui entendent bien l’aider à survivre en la logeant et en lui attribuant une rente. Mais à certaines conditions, qui impliquent notamment qu’elle demeure au Danemark.
Karen, en proie à la dépression, traine sa carcasse d’un bout à l’autre du grand jardin de la propriété, le fantôme de son mari décédé la traquant partout.
Et puis finalement, Karen essaie de trouver une issue à son enfer intime. Depuis toujours, elle écrit et dessine, mais n’avait encore jamais songé en faire son métier.
Il lui vient alors l’idée de rédiger 9 nouvelles, qui constitueront un recueil. Très vite, elle accomplit son projet, mais très vite aussi, elle éprouve les difficultés liées au domaine qu’elle exerce.
En effet, tous les manuscrits qu’elle a envoyés à des maisons d’édition lui reviennent, sans même qu’ils aient été lus. Jamais résignée, elle se rend à Londres pour convaincre le plus grand éditeur de Grande-Bretagne de publier son recueil. Une nouvelle fois, elle échoue.
Mais Karen Blixen se chauffe d’un bois sacré et, opiniâtre, elle ne s’avoue pas vaincue.
La suite, vous la connaissez, ou du moins vous finirez par la connaitre grâce au programme de Dunja Gry Jensen, qui fait la lumière sur la carrière pour le moins étonnante d’une autrice mondialement connue, qui a publié sous divers pseudonymes, parmi lesquels Tania Blixen, Osceola et Pierre Andrézel.
The Dreamer, série contemplative, dont les forces opèrent de l’intérieur
De prime abord, The Dreamer peut sembler âpre. Tout en langueur et en longueur, la série danoise décide de ne pas ménager son audience, proposant l’histoire dénudée d’une femme dans les affres du doute.
S’il est facile de rentrer dans le programme, il l’est moins de rester concentrée sur la longueur, sans doute parce qu’on est trop habituée aux séries Netflix qui balancent du plot twist toutes les 5 minutes.
Mais quand l’on parvient à mater nos habitudes de consommation, et qu’on se laisse aller à l’histoire de Karen Blixen, on en sort nourrie, plus renseignée forcément, et tout à fait fascinée par la résilience de cette femme, qui ne rechigne devant aucune difficulté pour atteindre son objectif.
On salue par ailleurs la performance admirable de Connie Nielse, formidable actrice plébiscitée à l’internationale, que vous avez notamment pu voir dans Gladiator et L’associée du diable.
The Dreamer — Becoming Karen Blixen n’a pas encore de date de sortie en France.
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