The Crown se penche sur un pan de l’Histoire qui en contentera plus d’un•e. De l’avènement de la reine Élisabeth II à ses luttes contre ses ennemis politiques et les duels au sommet, en passant par ses drames familiaux et ses doutes, voici le destin d’une femme hors du commun car elle n’est pas moins que la monarque du Royaume-Uni de Grande-Bretagne, d’Irlande du Nord et des royaumes du Commonwealth.
Cette femme a fêté ses 90 ans cette année et plus de 64 ans de règne, ce qui fait d’elle la monarque qui aura régné le plus longuement jusqu’à ce jour.
Le plan pour ce drame historique est d’aller beaucoup plus loin, avec cinq saisons supplémentaires, après la première de dix épisodes qui a été lancée aujourd’hui, vendredi 4 novembre. Un pari réaliste ? Je dirais que oui, sachant que Netflix laisse toujours une chance à ses créations originales.
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The Crown ne lésine pas sur les moyens
The Crown est le programme le plus cher de Netflix voire du paysage télévisuel tout court. Estimée à 100 millions de livres, donc environ 111 millions d’euros (la chute de la livre fait très mal), la série créée par Stephen Morgan (scénariste de The Queen) dont les deux premiers épisodes sont réalisés par Stephen Daldry (Billy Elliott, The Hours) pourrait rafler toutes les récompenses.
Dans The Crown, les paysages pittoresques qui ont vu grandir la future Reine Élisabeth II défilent, le palais somptueux de Buckingham avec son ameublement d’époque toujours en fond rappelle les affiliations royales de ces gens qu’on voit évoluer sur nos écrans. L’attention prêtée aux détails est incroyable, aucun doute n’est permis devant l’authenticité des accessoires, on est bien en 1947…
L’attention prêtée aux détails est incroyable, aucun doute n’est permis devant l’authenticité des accessoires.
Quelque part, ça me fait mal de dire que The Crown est une production Netflix et non pas BBC. Je sais que c’est ridicule et probablement un préjugé, mais j’ai l’impression que les Britanniques se font piquer leur patrimoine historique ! Car oui, dans un monde parfait, tous les period dramas sur la royauté anglaise proviendraient de la BBC. Selon moi.
J’arrête de râler. Netflix a su donner à la famille royale sa grandeur aristocratique tout en tentant de pointer des problèmes communs à toutes les petites gens, parfois même à notre époque.
The Crown, entre fiction et réalité
Le choix scénaristique d’avoir voulu se concentrer sur la vie d’Élisabeth est assez paradoxal, les Windsor ayant toujours été par essence une famille très privée. Certes, les frasques du jeune Harry ont pu faire la une des tabloïds il y a quelques années, mais s’insérer dans l’intimité de la reine d’Angleterre semble inimaginable. Elle n’était clairement pas du genre à faire les choux gras de la presse vu l’éducation qui lui a été inculquée.
La réalité mélangée à la fiction rend l’ensemble plus subtil, car l’histoire nous semble à la fois familière et étrangère.
Le mariage d’Élisabeth II (Claire Foy) au prince Philip Mountbatten (Matt Smith), en 1947, annonce le début de The Crown. Plus précisément, la scène d’ouverture montre un George VI (Jared Harris) crachant du sang. Le message est lancé, son règne touche bientôt à sa fin… C’est en forgeant qu’on devient forgeron, et Élisabeth va devoir travailler pour apprendre le métier de reine.
Tout le monde autour d’elle lui souffle de ne jamais révéler sa véritable personnalité, de porter le masque de reine.
Tout le monde autour d’elle lui souffle de ne jamais révéler sa véritable personnalité, de porter le masque de reine. Pas étonnant qu’aux yeux du public, Élisabeth II incarne la reine par excellence, froide, respectée, mais éternelle qui place son peuple avant tout.
Quand tu passes toute une vie à apprendre à adopter un comportement pour le bien commun, tu perds de ta propre personne pour correspondre à celle que les gens s’imaginent. Mais ça pourrait être aussi le point faible de The Crown.
Forcément, quand on pense à l’aristocratie dans la fiction télévisuelle, directement Downton Abbey sert de référence. Car là où on s’attachait aux personnages de la série de Julian Fellowes, qui mélangeait les classes sociales et surtout ne s’embourbait pas dans les méandres politiques, ceux de Peter Morgan pourraient nous désintéresser.
Pourtant l’ambition de la série Netflix ne fait aucun doute et ses enjeux semblent plus fédérateurs.
Encore plus récemment, Victoria d’ITV sur la reine éponyme gagnait les faveurs du public, mais The Crown la surpasse déjà rien que par les échos médiatiques. Ma peur principale est que leur ambition ne les pousse vers un House of Cards windsoresque (gage de qualité, bien entendu), ce que je n’ai pas spécialement envie de voir. Je préférerais trouver un nouveau Downton Abbey, tout en drames et tragédies.
Un casting stellaire pour The Crown
Claire Foy concentre en elle l’énergie d’une Élisabeth II, très digne et souveraine. Mais elle réussit à dégager une autre facette de la monarque, cette solitude lourde de responsabilités qui incombe à toutes les personnes de pouvoir.
Ces deux premiers épisodes m’ont fait tiquer sur un point : l’omniprésence et la domination implicite de Philip sur Élisabeth. D’accord, peut-être que c’est Matt Smith qui l’incarne, à merveille, et que l’équilibre de leur relation est l’un des thèmes principaux de la série, mais j’ai l’impression que Claire Foy est en retrait par moment.
Les deux excellents personnages secondaires, avec John Lithgow (méconnaissable) en Winston Churchill et Vanessa Kirby en jeune princesse Margaret, entourent parfaitement la reine.
La famille royale (la vraie, hein) n’a pas communiqué sur le sujet pour le moment et je dois avouer que je suis véritablement curieuse de savoir ce qu’elle en pense. Mais tout comme pour le biopic sur le premier rendez-vous des Obama, dont l’existence ne sera probablement jamais relevée par les deux intéressés, il est fort peu probable qu’Élisabeth II mentionne cette fiction.
Je crois que je m’attendais à un autre genre de série quand j’ai vu la bande-annonce de The Crown. Et c’est en cela que je vais me secouer pour me replonger dans la suite avec un œil neuf. En tout cas, c’est sans doute le drame historique incontournable du moment. La série est disponible sur Netflix, alors n’ayez pas de vie sociale ce week-end !
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