- Prénom ou pseudo : Terreure nocturne*, je préfère être genré au masculin ou au neutre
- Âge : 23 ans
- Lieu de vie : une grande ville.
Depuis combien de temps êtes-vous célibataire ?
Cela fait plus d’un an. On a décidé d’arrêter notre relation amoureuse parce que nos projets et nos rythmes de vie diffèrent trop. Cela faisait 8 mois qu’on était ensemble.
À l’éveil de mon historique relationnel, il a fallu que je sorte de l’hétéronormativité. J’ai compris que c’était possible de ne pas être hétéro et que je n’avais pas à faire semblant d’avoir des crushs pour des mecs cis. Ensuite, j’ai eu deux relations amicales plus ou moins ambiguës et explicites, et plus ou moins toxiques. Ça a été un éveil plutôt chaotique, car sans représentation, tout était à inventer. L’une de ces relations a duré toute la durée de mon lycée, on était dans le même groupe d’ami·es, on se plaisait mutuellement, on le savait, mais la communication était compliquée. L’autre relation était amicale, mais aussi ambiguë et toxique, j’ai l’impression d’avoir été manipulé dans cette relation. Dieu merci, j’ai énormément progressé en communication maintenant et quand je me penche sur mes années lycées, j’ai vraiment l’impression d’être une autre personne.
J’ai été en couple exclusif pendant deux fois deux mois quand j’étais au lycée aussi, qui s’est terminé parce qu’iel est tombé·e amoureux·se d’un garçon alors qu’on était ensemble et clairement pas capables de gérer une relation ouverte. J’ai eu une relation avec une personne que je considérais comme une sex friend que j’ai vue assez peu dans ma vie, pour qui je n’avais pas forcément d’attirance, d’admiration ou de sentiments amoureux comme j’avais pour les précédentes. Elle m’a concrètement permis de développer l’idée que les relations romantiques et sexuelles n’étaient pas forcément liées.
J’ai ensuite fait une pause relationnelle d’un an et demi, durant laquelle j’ai eu plein de crushs mais mes études, ma thérapie, puis le confinement ont pris plus de place. Entre les deux confinements, j’ai vécu un amour d’été qui m’a permis de communiquer autour de mes besoins, de mes ressentis… Sauf qu’elle ne les a pas forcément respectés.
J’ai par la suite eu une relation platonique hyper romanesque car épistolaire pendant quelques mois, avant ma dernière relation en date, qui a été la plus engageante pour moi. Cependant, elle m’a confirmé que je n’arrivais pas à me projeter dans des relations exclusives, encore plus si celle-ci est à distance.
Comment décririez-vous votre célibat ?
Je pense que c’est un peu le cadet de mes soucis. J’ai l’impression d’être plutôt ok avec mon célibat parce que j’ai d’autres choses plus importantes à gérer comme ma santé mentale. Comme je n’ai toujours pas l’envie, ni l’énergie de m’investir dans des relations romantico-sexuelles, j’entretiens des relations explicitement ambiguës qui se situent dans un inconnu relationnel très intéressant, car il y a tout à créer et pas de carcans préétablis !
Votre célibat a-t-il une incidence sur votre vie amicale ou familiale ?
Mis à part le fait que je ressens une certaine solitude qui ne peut être comblée par quelqu’un·e, je ne crois pas. J’ai parfois la sensation de ne pas avoir accès à un certain vécu et certaines expériences. Je les vis à travers les récits d’autrui, ce qui finalement est assez confortable émotionnellement.
Pensez-vous qu’être célibataire vous permet des choses que vous ne pourriez pas faire en couple ?
Clairement, oui ! J’ai l’impression d’avoir moins de charge mentale et plus de temps libre pour me centrer sur moi et prendre soin de ma santé. C’est plus simple aussi de me projeter seul sachant qu’il est déjà très difficile pour moi de me projeter ! J’ai l’impression que ça me permet d’entretenir mes relations amicales, qui sont primordiales pour moi.
À l’inverse, pensez-vous qu’être célibataire vous empêche de faire des choses que vous pourriez faire si vous étiez en couple ?
Spontanément, je ne crois pas. J’ai envie de dire à part me marier mais je n’en ai pas envie !
Blague à part et avec le recul, je sais qu’un des points qui a été dur à accepter pour moi dans la fin de ma dernière relation amoureuse, c’est la vie sexuelle. J’ai beaucoup de mal à avoir une vie sexuelle en général et il faut que j’ai une grande confiance, un sentiment de sécurité et un lien réel pour qu’il se passe quelque chose. Je me suis un peu renseigné sur la demisexualité et j’ai l’impression que ça correspond à ce que j’expérimente. Dans ma vie, la sexualité n’a absolument aucune importance, ça ne me vient pas en tête et je n’éprouve absolument aucun désir pour personne à part s’il y a déjà une connexion. En l’occurrence, ma vie sexuelle était plutôt chouette pendant ma dernière relation, mais j’ai l’impression que cette dernière s’est totalement arrêtée avec la relation. Je pense que c’est peut-être quelque chose que m’empêche le célibat, même si techniquement, je peux avoir une vie sexuelle sans être en couple.
Le lieu géographique où vous vivez a-t-il un impact sur votre rapport aux relations amoureuses ?
Je pense car je ne suis géographiquement pas isolé. Je peux voir mes ami·es et rencontrer de nouvelles personnes plutôt aisément. En tant que personne queer, dans une grande ville, c’est plus aisé de trouver des personnes avec qui relationner, mais je ne cherche pas particulièrement quelque chose en ce moment.
Cherchez-vous activement à trouver une relation amoureuse ?
Ça arrive plutôt rarement, mais c’est souvent quand je me sens seul et que j’ai envie de parler avec quelqu’un·e. En général, quand je rentre des personnes sur des applications, je leur propose rapidement de parler ailleurs, parce que c’est plus simple pour moi et je sais que quand je recherche activement et que je sens une certaine connexion, j’aime rencontrer vite la personne !
Ressentez-vous une forme d’injonction à être en couple ?
Je pense que c’est une injonction plutôt latente dans toutes les représentations qu’on a dans les films, les séries… On voit souvent le couple comme la relation à mettre au-dessus de toutes les autres. La personne avec qui tu es en couple doit être ton ami, ton amant, ton partenaire de vie, et mille autres choses… C’est rude. Après au quotidien, je ressens assez peu cette pression, peut être dans les conversations entre ami·es parce que le sujet des relations amoureuses revient vite dans une conversation.
Quels sont vos projets pour le futur ?
J’ai assez peu de projets sur le long terme, hormis prendre soin de ma santé mentale et physique, prendre soin du chaton que j’ai adopté en septembre, gagner en indépendance et réussir à vivre équilibré entre mon épanouissement créatif et humain, et les impératifs et aléas de la vie. Je pense ne pas être capable de me projeter avec quelqu’un d’autre que mon chat dans ma vie ! Je suis aussi en train de créer une compagnie de théâtre avec mes ami·es pour faire des spectacles donc désormais je me projette avec elleux.
Avez-vous une anecdote sur le célibat à partager ?
Une fois à un date, on m’a dit que j’avais une belle pistache, Big up LMK !
Merci à Terreur nocturne* d’avoir répondu à nos questions !
* Le prénom a été modifié.
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On a hâte de vous lire !
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