« Les scientifiques créent le carton, les ES le vendent, les littéraires dorment dedans » : une vieille vanne que j’ai entendue pendant tout mon lycée, bien que je sois ravie de mon choix d’orientation et convaincue (à raison) que j’ai bien fait de partir en première puis terminale L. Pourtant, presque tous mes profs s’étaient accordés à dire, en fin de seconde, que j’avais largement les capacités pour aller en voie scientifique, que c’était dommage de me boucher des options en partant en littéraire…
En gros, que je me mettais des bâtons dans les roues en choisissant la voie qui convenait à mes compétences, mes envies et mes aspirations. Bravo le veau. Et pourtant, messieurs-dames qui m’ont dit ces imbécillités, j’ai fait une prépa littéraire, une école de commerce et aujourd’hui je sais faire du marketing digital et de la rédaction culturelle. Alors, c’est qui le patron ?
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La terminale littéraire, une voie plus variée qu’il n’y paraît
Dans l’imaginaire commun, l’élève en terminale L sait lire et écrire, en gros. Ah bah super, c’est un pré-requis pour tous les élèves en terminale à ce que je sache hein. À la sortie d’un bac L, on nous a appris l’histoire, la géographie, la philosophie, les lettres (et c’est plutôt vaste comme dénomination), les langues et puis, selon les options, l’histoire de l’art, des domaines artistiques plus précis, les maths (oui oui, c’est possible) ou même l’EPS ou la langue des signes.
Ça me parait varié hein, enfin je sais pas, enfin p’têtre.
Alors logiquement, à la sortie d’un bac L, y a plein d’études supérieures possibles : en formation courte, longue, en alternance, à l’université, à distance, en classe préparatoire, en école spécialisée… BREF, pleins de choix pour toi mon enfant.
Voici donc une liste exhaustive et explicative des différentes grandes voies qui se proposent à toi, jeune bachelier•e littéraire, et t’ouvrent grand les bras. J’en oublierai peut-être, involontairement (du fait de mon âge avancé) ou volontairement (parce qu’en soit, rien ne t’empêche de faire une fac de maths appliquées aux sciences sociales, mais les dossiers littéraires ne sont pas toujours retenus et objectivement, même une spé maths ne suffit pas à remplir les compétences requises).
Typologie des différentes voies post-bac Commençons par l’université, fac pour les intimes. Après le bac 2011, 65% des bacheliers L ont choisi de poursuivre leurs études à l’université, une voie largement recommandée par les professeurs et conseiller-e-s d’orientation.
Pourquoi ? D’abord parce qu’elle permet de se spécialiser rapidement, un avantage qui plaît à de nombreu-x-ses littéraires dans la mesure où la terminale a un format d’enseignement qui pousse à se rendre compte assez tôt de ce qu’on aime (ou pas) : avec huit heures de philo par semaine, j’ai très vite réalisé que je n’en ferai pas toute ma vie. Ensuite parce qu’il est souvent dit aux littéraires qu’après un cursus à l’université dans une matière, il s’agirait de faire prof. Donc autant choisir sa spécialité vite mon petit.
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Ensuite, la voie royale (c’est en tout cas ainsi qu’on la présente), c’est la prépa.
Permettant d’approfondir les matières étudiées en terminale littéraire, la CPGE (Classe Préparatoire aux Grandes Écoles) donne accès à des concours en écoles spécialisées et supérieures, mais aussi à des voies parallèles en écoles de commerce, écoles de traduction ou en université. D’expérience, c’est une voie que je conseille fortement à quiconque n’aurait pas d’idée précise du domaine dans lequel poursuivre ses études, avec une motivation à beaucoup travailler mais surtout à apprendre énormément.
Pour les littéraires, il existe plusieurs prépas :
- Les prépas ENS lettres, aussi appelées A/L, qui mènent aux Écoles Normales Supérieures d’Ulm (lettres classiques), Lyon (moderne) ou Cachan, ainsi qu’à l’Ecole des Chartes. Il est possible, à l’issue de la première, deuxième ou troisième année de prépa, d’accéder à des voies parallèles et concours à diverses écoles.
- Les prépas ENS lettres et sciences sociales (B/L) s’adressent aux littéraires intéressé-e-s par l’histoire contemporaine, la sociologie et l’économie, ainsi que par les maths qui composent une part importante du programme. Les débouchés sont les mêmes qu’en A/L, avec en plus les écoles de statistique (Ensae et Ensai).
- Les prépas Saint-Cyr lettres pour les littéraires qui visent une carrière d’officier dans l’armée.
La Bibliothèque Sainte-Geneviève (Paris), forever dans mon coeur.
Contrairement aux idées reçues, les littéraires ont aussi la possibilité d’intégrer des DUT, BTS et écoles spécialisées. Cette voie est conseillée aux élèves assez sûrs de ce qu’ils souhaitent faire, dans un domaine ou une matière qui leur plaît particulièrement.
Les études de lettres et langues
De nombreuses licences en lettres et langues sont possibles après une terminale littéraire !
- Licence de lettres
Elle est pour ceux qui ne séchaient pas les cours de littérature en terminale et qui ont réussi à terminer leurs deux dissertations en moins de 2h. Elle permette d’approfondir ses connaissances en lettres modernes ou classiques, selon les spécialités, puis de poursuivre avec un master MEEF (métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation), ou un master puis un doctorat en lettres ou encore de se spécialiser (selon ses choix en L3) en métiers du livre, métiers de la culture, communication, journalisme… ou encore de passer un concours d’entrée dans une école spécialisée.
- Licence de langues
Les licences de langues se divisent en deux voies : LEA (Langues Étrangeres Appliquées) et LLCE (Langues, Littératures et Civilisations Étrangères ou Régionales).
La première s’adresse aux élèves qui maîtrisent deux langues (si les deux sont proposées dans ta future fac) et qui souhaiteraient s’orienter vers l’enseignement, la traduction, l’interprétariat dans ces deux langues. La deuxième est plutôt pour les bacheliers maîtrisant une langue étrangère ou régionale en plus du français, et souhaitant approfondir leurs connaissances culturelles en plus de leur maîtrise de la langue.
Dans les deux cas, il est possible de poursuivre en master avec les mêmes possibilités que pour la licence de lettres, ou alors de s’orienter vers des écoles de traduction-interprétariat, des IEP ou encore des écoles de commerce.
- Licence en sciences du langage
Il s’agit d’études de linguistique, phonétique, sémantique et plein d’autres domaines compliqués en -ique. Elles mènent principalement à des métiers dans l’éducation, en spécialisation FLE (Français Langue Étrangère) ou LSF (Langue des Signes Française) pour devenir par exemple assistant-e de français à l’étranger.
Pour les amateurs de langues et de lettres, la classe préparatoire littéraire A/L est un must. Selon les options et la spécialité (choisies en deuxième année), il est possible d’approfondir ses connaissances en langues (vivantes ou mortes) et d’accéder ensuite à des écoles spécialisées comme les écoles de traduction et d’interprétariat.
Pour devenir traduct-eur-rice ou interprète, la voie la plus conseillée est de commencer par une licence en langues (LEA ou LLCE) et aller jusqu’au master pour avoir des compétences solides dans ces domaines. L’autre possibilité, c’est d’intégrer une école spécialisée, comme l’ESIT (École Supérieure d’Interprètes et de Traducteurs) ou l’ISIT (Institut de Management et de Communication Interculturels). Ce dernier est accessible en post-bac pour une formation en 5 ans, les deux peuvent être intégrés sur concours à niveau bac +3 (après une prépa ou deux ans de licence).
Cet homme ne crierait pas COUILLÈRE s’il avait tenté des études de traduction en burgonde option vieux français.
Les études de sciences humaines et sociales
Les sciences humaines et sociales rassemblent l’histoire, la géographie, la philosophie, la psychologie, la sociologie, les humanités (langues et cultures de l’Antiquité), l’ethnologie, l’anthropologie, l’information, communication, la théologie… Il est possible d’étudier ces domaines en licence puis en masters spécialisés : ces formations longues donnent accès par exemple aux concours de l’enseignement mais aussi à des écoles spécialisées.
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Par exemple, pour les études d’histoire de l’art et d’archéologie, il est possible d’accéder, après la licence, à des écoles d’art comme l’École du Louvre. Une autre possibilité à la fin (ou au cours) d’une licence dans les matières nommées ci-dessus, c’est d’intégrer un IEP (Institut de Science Politique).
J’ai entendu politique ?
Contrairement aux idées reçues, les IEP ne sont pas destinés qu’à celles et ceux qui visent une carrière politique. Les débouchés sont extrêmement nombreux et dépendent du choix de master spécialisé ainsi que des spécialités de l’institut lui-même. Pour intégrer ces instituts, il existe les concours au niveau Bac et au niveau Bac +3 pour Science Po Paris et pour tous les IEP de province. Pour intégrer à d’autres niveaux post-bac, il faut vérifier les règles de chaque institut : ces voies parallèles sont accessibles aux élèves de prépa et aux universitaires.
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Pour les fans d’histoire qui ne souhaitent pas passer par la case université, il existe des classes préparatoires dédiées au passage du concours de l’École des Chartes, une école spécialisée dans la formation aux sciences fondamentales de l’histoire pour ensuite travailler dans la conservation du patrimoine par exemple. Pour celles et ceux qui souhaiteraient avoir une formation généraliste avant de se spécialiser dans une de ces sciences, une option est la classe préparatoire littéraire pendant un an ou deux, puis d’accéder à ces licences grâce au système des équivalences avec l’université.
Un exemple d’historien équilibré et bien dans ses baskets.
Les élèves littéraires sont très prisé-e-s par les
écoles de journalisme, accessibles en post-bac ou après une licence pour les écoles privées et publiques, directement après le bac pour les licences et IUT.
Pour les études de communication et d’information, il existe des licences, mais aussi des DUT en communication des organisations, gestion de l’information et du document dans les organisations, métiers du livre et du patrimoine ou encore publicité.
Pour les carrières sociales, je conseillé les DUT en animation sociale et culturelle, gestion urbaine, éducation spécialisée, assistance sociale ou services à la personne, ainsi que certaines écoles spécialisées.
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Les études artistiques
En venant d’une voie générale et non spécialisée, il est quand même possible d’orienter ses études supérieures vers les domaines artistiques. La voie la plus accessible, malgré certains pré-requis, reste l’université et les licences artistiques. On compte parmi ces filières :
- la licence en musique et musicologie pour laquelle il faut être musicien-ne, effectuée en partenariat avec un conservatoire de région et permettant de passer une agrégation musique ou des licences pro en gestion de projets culturels (certains facs proposent aussi des doubles-diplômes scientifiques en ingénierie du son)
- la licence arts du spectacle pour le théâtre, la danse, le cinéma… dont les débouchés sont semblables à une licence en musique, ainsi que la possibilité de rejoindre des écoles de théâtre par exemple
- la licence arts plastiques, qui permet d’envisager un master MEEF, une agrégation ou la préparation aux écoles supérieures d’arts
- la licence d’arts, plus ciblée design, aux mêmes débouchés que la licence d’arts plastiques.
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Taylor Swift, licence arts du spectacle spécialité danse, promo 2008
Côté CPGE, les prépas ENS arts & design s’adressent aux élèves ayant suivi une spécialité arts en terminale ou une mise à niveau en arts appliqués, aussi appelée MANAA. A l’issue de cette prépa, il est possible de passer le concours pour l’École Normale Supérieure (ENS) Cachan (qui offre 8 places par an au concours design), pour des écoles nationales supérieures d’art (Ensad Les Arts-Déco, Ensci Les Ateliers, Ensatt Lyon…), pour des écoles supérieures d’arts appliqués (Boulle, ESAA Duperré, ESAIG Estienne, ENSAAMA Olivier de Serres à Paris, lycée La Martinière-Diderot à Lyon…), ou de rejoindre un cursus universitaire.
La MANAA quant à elle s’effectue dans un lycée ou dans un établissement spécialisé. Elle permet d’accéder à des BTS relevant du design ou des arts appliqués et aux concours pour des écoles supérieures d’art.
Il faut cependant savoir que certaines écoles d’art prennent des élèves directement après le bac, sur dossier, concours ou entretien. Elles comportent parfois une année de MANAA intégrée à la scolarité et proposent des formations plus ou moins longues. Le mieux est de se renseigner sur le domaine qui t’intéresse ! Les écoles font régulièrement des portes ouvertes, qui permettent d’obtenir plus d’informations sur le cursus et de communiquer avec des élèves et des profs.
Les études en droit, économie et gestion Parmi les études supérieures (et particulièrement les voies universitaires) accessibles aux littéraires, certaines sont très loin des matières étudiées en terminale mais pas de panique : tout le monde est logé à la même enseigne en première année.
Robert, élève en Licence 1 de droit
La licence de droit est très prisée par les littéraires car les compétences requises sont souvent retrouvées chez les élèves de cette voie : esprit méthodique, sensibilité aux mots, curiosité, capacité à travailler beaucoup, qualités d’analyse… La formation aux différentes carrières juridiques se fait au cours de la licence puis du master, dans les différentes spécialités possibles (droit public, privé, pénal…) et les concours à passer au cours de la scolarité (magistrature, le barreau, fonction publique, greffier, commissaire).
Un DUT forme aussi aux carrières juridiques dans leur ensemble, permettant par la suite de se spécialiser. Pour certaines carrières précises comme notaire, il est aussi possible d’intégrer un BTS à la sortie du bac.
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Pour l’économie, l’université est une option, mais les prépas économiques sont elles aussi accessibles aux littéraires. Si la prépa ECS (option scientifique) est plus difficile d’accès, les L aimant les maths peuvent tenter l’option économique avec une prépa ECE pour intégrer par la suite une école supérieure de commerce ou l’Ensae. Une autre option est la prépa ENS dite Cachan, une prépa en économie-gestion avec option juridique (D1) ou économique (D2), qui a les mêmes débouchés mais qui nécessite beaucoup de travail.
Les IAE et écoles de commerce sont elles aussi accessibles aux littéraires, par diverses voies car l’information ne doit pas rester secrète : les écoles de commerce cherchent des littéraires ! En plus des écoles post-bac qui recrutent dans toutes les voies, les écoles supérieures de commerce sont accessibles après une classe préparatoire (via la Banque d’Épreuves Littéraires), une licence (admission parallèle en M1) ou un DUT-BTS. Attention, chaque école a des conditions d’accès différentes et les concours se font par groupes d’écoles.
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J’ai bien compris pourquoi tu voulais faire une école de commerce, me prends pas pour un jambon.
Enfin, il existe des études de gestion où les littéraires peuvent faire leur nid, comme les BTS spécialisés (assistant de manager, assurances, communication ou encore tourisme) ou les licences en gestion et administration, parmi lesquelles on trouve la filière AES (Administration Economique et Sociale), très adaptée aux littéraires.
Les études scientifiques et techniques
« Des études scientifiques et techniques ? Mais voyons l’amie, tu pètes un boulon ! » : tout doux bijou, je te dis pas que tu vas pouvoir commencer des études de médecine après avoir passé ton bac de SVT en première. Mais des études scientifiques et techniques sont accessibles aux littéraires, avec un poil de motivation et de travail !
En tant qu’ex-littéraire, il est possible d’accéder à des carrières dites scientifiques dans le domaine du paramédical, grâce à des écoles spécialisées dans les domaines de l’orthophonie, la puériculture, les fonctions paramédicales (infirmier-e-s, sage-femme, masso-kinésithérapie, psychomotricien-ne-s)…
Si ça c’est pas de l’accueil chaleureux …
Pour des études techniques, de nombreux BTS accueillent des bachelier-e-s L, même si la priorité est donnée aux scientifiques. Chaque voie admet des élèves différemment et chaque établissement a sa propre politique d’admission et d’intégration alors il n’y a qu’une solution : se renseigner !
Liens utiles
- Le site de l’Onisep, très bien construit et complet
- Onisep TV
- Mon orientation en ligne
- La librairie de l’ONISEP
- Le site de l’Etudiant
Tu peux aussi demander de l’aide à ton conseiller d’orientation, aux différents intervenants pédagogiques de ton lycée, consulter les rubriques d’orientation dans ton CDI, aller te renseigner au Centre d’Orientation et d’Information le plus près de chez toi et participer aux journées portes ouvertes des formations qui t’intéressent !
Et toi, tu sais quoi faire à la fin de l’année ? Vous les ancien-ne-s, vous en avez fait quoi de votre bac littéraire ? N’hésitez pas à échanger à ce sujet sur le forum !
Les Commentaires
Moi je fais surtout ça pour avoir un bac+3, qui passe mieux aujourd'hui qu'un bac +2 hélas... Mais merci de ton commentaire ! #teamMMI/SRC !