La journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes a eu lieu le 25 novembre dernier. Elle est suivie par une campagne qui se déroulel jusqu’au 10 décembre prochain, Orange is Your Neighbourhood. Seize jours d’activisme contre la violence sexiste qui auront pour but de mettre ce thème en lumière autour de la couleur orange, comme on peut le lire sur la page qui lui est consacrée :
Cette année, la campagne «Tous UNIS pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes » du Secrétaire général des Nations Unies vous invite à « Oranger VOTRE quartier », en arborant la couleur désignée par la campagne Tous UNIS pour symboliser un avenir meilleur, libre de toute violence. Organisez des événements pour mettre une note d’orange dans les rues, les écoles et les entreprises de votre quartier !
Une initiative qui vient rappeler des chiffres qui font froid dans le dos : une femme sur trois a été victime de violences physiques ou sexuelles. L’une d’entre elles a choisi de parler de son expérience : Teri Hatcher, une actrice que l’on connaît bien. Son discours commence par un constat alarmant sur l’état des droits des femmes dans le monde :
Le statut des violences à l’égard des femmes continue à être catastrophique. 120 millions de filles ont subi des actes sexuels forcés, et il est estimé que la moitié des femmes tuées chaque année sont tuées des mains d’un partenaire intime ou d’un membre de la famille.
Teri Hatcher, dans l’imaginaire collectif, c’est avant tout la maladroite Susan de Desperate Housewives et la compagne de Superman dans Loïs et Clark, les nouvelles aventures de Superman. On connaît moins son histoire personnelle.
En 2006, l’actrice racontait le drame dont elle a été victime lorsqu’elle était enfant : à 7 ans, elle a été abusée par son oncle. C’est sur ce violent évènement de sa vie qu’elle est revenue dans un discours à la tribune de l’ONU de New York le 25 novembre dernier, à l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. La vidéo, herbergée sur le site du DailyMail
, est disponible :
Dans ce discours, elle insiste sur la nécessité de témoigner contre son/ses agresseur-s. Ce discours, il pique, il fait mal, il est poignant, et nécessaire. Après avoir évoqué l’agression qu’elle a subie, elle raconte qu’elle a gardé le silence avant d’écrire ce qui lui était arrivé à sa mère quand elle avait 18 ans :
Elle m’a avoué qu’elle et mon père avaient suspecté quelque chose mais qu’ils ont ressenti un mélange de colère et d’impuissance qui les a contraint à rester silencieux. Pendant des années, ma famille a vécu avec cette pénétrante culpabilité, cette colère, cette tristesse. J’étais silencieuse, ils étaient silencieux et lui, mon oncle, était libre et n’avait pas à répondre de ses actes.
Et puis, alors qu’elle avait une trentaine d’années, elle a appris que le drame qu’elle avait connu enfant avait touché quelqu’un d’autre : une petite fille s’était suicidée après avoir vécu la même chose, du même agresseur (attention : le discours n’est plus non seulement poignant, il devient ici en plus de ça glaçant) :
J’aidais mes parents à emballer la maison de mon enfance quand je suis tombée sur un article de journal de l’époque à propos d’une fille de onze ans de ma ville natale, appelée Sarah. L’histoire expliquait qu’elle s’était enroulé le visage dans une serviette (pour ne pas faire de chantier) et s’était tiré une balle dans la tête. La raison ? Dans sa note de suicide, elle impliquait MON oncle qui avait abusé sexuellement d’elle. J’étais choquée, dévastée, submergée par l’idée qu’il ait continué ses actes et que maintenant, alors qu’il était sexagénaire, il était la cause de la douleur d’une jeune fille au point de provoquer sa mort. Comment est-ce que ça avait pu arriver ?
À partir de ce moment, Teri Hatcher a brisé le silence en racontant son histoire pour apporter de la crédibilité à la lettre de Sarah (seul témoignage qu’elle avait laissé avant son suicide) et valider ainsi son histoire afin que son oncle soit puni. Teri Hatcher ne pouvait pas elle-même le poursuivre en justice puisque les évènements s’étaient déroulés trop longtemps auparavant (et qu’il y avait donc prescription). Le dénouement, c’est que son oncle a été condamné, est allé en prison et y est décédé.
L’actrice a réussi à briser le silence, a survécu à une agression sexuelle et a aidé la famille d’une autre victime à gagner le procès, mais elle ne veut pas pour autant se faire passer pour une héroïne, elle le dit elle-même dans son discours :
J’ai survécu à cet abus […] mais ça ne fait pas de moi une héroïne ou une victime. Ça fait seulement de moi une sur trois.
Je suis une sur trois, et JE SERAI celle qui criera sur les toits jusqu’à ce que ces nombres changent. Jusqu’à ce que chaque femme qui a vécu des abus se sente moins seule et suffisamment en sécurité pour avoir le courage de trouver sa propre voix. Tant que les violences feront partie de l’histoire de ces femmes, le silence ne fera plus partie de la mienne.
Un discours qui retourne les tripes, venant d’une personnalité publique, mais avant tout d’une femme qui a décidé de ne plus se taire, et voudrait inviter les autres à faire de même.
Ajoutez Madmoizelle à vos favoris sur Google News pour ne rater aucun de nos articles !
Les Commentaires
Malheureusement on ne parle pas assez des violences faites aux femmes et de toutes ces actions de mobilisation ... mais peut-être qu'un jour (le plus tôt possible je l'espère) il y aura une prise de conscience de ce réel problème.