Tandis que l’automne/hiver 2018-2019 débarque avec son florilège de tendances, la Fashion Week, elle, se penche déjà sur l’été 2019.
Dans un article du magazine Quartzy, j’apprends que les looks Petite maison dans la prairie ont fait sensation, avec notamment les créations de la marque Basheva.
Un style qui pour moi est une évolution du style « Nomade » très en vogue cette saison.
Les robes prairies, la tendance Mary Ingalls
J’aime bien ces fringues à l’ancienne, ces longues robes à cols hauts bordés de fronces, des manches longues ou trois quarts et un jupon qui descend jusqu’aux chevilles.
Vraiment, j’adore ce look quasi puritain.
Les robes prairies, la tendance qui me donne l’impression de régresser
Et pourtant il me donne un petit frisson à l’arrière de la nuque. Je comprends vite pourquoi.
En parallèle de ma lecture, nous discutons entre nous des débordements des dress codes dans certains lycées.
On en voit partout, aussi bien en France pour des jupes « trop courtes » qu’aux États-Unis où on prie les jeunes filles de ne plus porter des tops aux épaules dénudées, histoire de rester « décentes ».
La conjonction des deux m’a fait vriller la boîte crânienne.
Je me demande soudainement si le retour de ce style à l’ancienne grâce auquel les femmes n’en montraient « pas trop » n’est pas un indicateur de ce qui se passe pour les femmes dans le monde…
Je pense au slut shaming, puisque les femmes sont encore quotidiennement jugées pour leur tenue — ou pour ce qui manquerait à leur tenue, comme un soutien-gorge.
C’est clair que je pourrais me faire la même réflexion avec n’importe quelle fringue rétro rattachée à une période où les femmes avaient une place médiocre dans la société (pas dur à trouver), en me disant par exemple qu’au temps des années 20 c’était pas mieux !
Mais ce style puritain me renvoie à un passé plus lointain et habituellement peu tendance, un passé vers lequel j’ai l’impression que certains voudraient revenir, notamment quand je vois que l’accès à l’IVG est en danger, et ce partout dans le monde.
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Les robes « prairie » ne sont qu’une mode, après tout
Comme n’importe quelle tendance, elle peut rester un choix, celui d’être portée ou non. D’ailleurs je sais que ma réflexion est contradictoire, car j’adore ce style pionnier.
Mais l’espace d’un instant, il m’a paru menaçant. The Handmade’s Tale n’y est sûrement pas pour rien.
Pas un centimètre de peau qui dépasse.
Pourtant dans
l’article de Quartzy, on sent bien que les robes prairies ont largement été récupérées par les créateurs et remises au goût du jour.
Une journaliste du Washington Post explique même que ces robes de 2018 ne sont pas aussi sévères que leurs grandes sœurs d’antan :
« Ces robes ont un style modeste, dans le sens où elles sont décolletés et révèlent peu de peau.
Mais elles sortent tellement de l’ordinaire et sont visuellement choquantes qu’elles attirent immédiatement l’attention sur elles-mêmes et sur quiconque les porte … Ces vêtements ne cachent rien. »
Effectivement, le travail de Batsheva Hay est remarquable, et passée ma réflexion qui s’est pointée quasiment comme un instinct de survie, j’ai un véritable coup de cœur.
Elles sont moins austères, dans des couleurs et motifs plus joyeux, même dans des tissus métalliques ! Certains modèles sont plus courts, si bien que l’inspiration reste à peine soulignée.
Je serai ravie de savoir ce que tu penses de cette tendance des robes façon pionnière. Tu trouves ça chou ? Est-ce qu’elle t’amène toi-aussi à une réflexion sur son lien avec les évènements actuels ?
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Les Commentaires
Je confirme, j'aime aussi la mode strega. Sauf que les robes y sont plutôt noires qu'à fleurs.
Les robes étaient si transparentes à l'époque, qu'on voyait parfois la poitrine au travers. N'oubliez pas Agnès Sorel, favorite de Charles VII, qui introduisit la mode du sein nu. Parfaitement, elle en avait un à l'air...et les dames de la cour l'ont imitée. Ça n'a pas tenu après sa mort en 1450, mais c'était quand même au début du XVéme siècle. Je ne pense pas, au vu que cette mode n'est jamais revenue, qu'on a observé un retour du puritanisme dans les siècles qui ont suivi.