Connaissez-vous Temu ? Au rayon des plateformes numériques chinoises de shopping à petit prix trônent déjà SHEIN, AliExpress ou encore Wish. Mais aussi Pinduoduo, fondée en Chine en 2015, et arrivé en Europe en 2023 sous le nom de Temu. Depuis, elle compte déjà plus de 75 millions d’utilisateurs mensuels dans l’Union Européenne. Dont certains qui se sont réunis via associations de consommateurs pour déposer plainte contre la plate-forme chinoise.
Pourquoi des associations de consommateurs portent plainte contre Temu ?
Dans un communiqué de presse du 16 mai 2024, le Bureau européen des unions de consommateurs (qui fédère donc plusieurs associations, dont l’UFC-Que choisir en France) a ainsi dénoncé les pratiques de Temu :
- Cette plate-forme chinoise ne parvient pas à assurer une traçabilité suffisante des commerçants qui vendent dessus
- Temu utilise des pratiques manipulatrices telles que des « dark patterns » et reste opaque sur la façon dont elle recommande des produits.
- Ces violations de la loi européenne sur le contenu en ligne s’ajoutent aux préoccupations déjà exprimées par des groupes de consommateurs sur la sécurité des produits en vente.
Un « dark pattern » ou dark UX, qu’on pourrait traduire en français par interface truquée, désigne une interface utilisateur qui a été volontairement conçue pour tromper ou manipuler un utilisateur. Et ce, afin qu’il passe plus de temps dessus, donne plus d’informations, et/ou consomme davantage.
Outre ces interfaces truquées, les associations de consommateurs reprochent également à Temu de vendre des produits suspects au niveau de la sécurité des matières utilisées, et de leur traçabilité. Notamment au niveau de l’usage de plomb.
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Des « pratiques illégales qui méprisent les intérêts des consommateurs et que les autorités doivent réprimer »
Monique Goyens, directrice générale du Bureau européen des consommateurs (BEUC), a déclaré dans le même communiqué :
« Temu est peut-être en train de prendre d’assaut l’Europe, mais nous voulons aujourd’hui mettre en lumière ses nombreuses pratiques illégales qui méprisent les intérêts des consommateurs et que les autorités doivent réprimer. Cette plate-forme en ligne regorge de techniques de manipulation destinées à pousser les consommateurs à dépenser plus sur la plateforme. Par exemple, les consommateurs se voient proposer différentes versions plus chères une fois qu’ils ont cliqué sur un produit particulier, ou doivent franchir une course d’obstacles pour fermer leur compte.
Temu laisse également souvent les consommateurs dans l’ignorance quant à la personne auprès de laquelle ils achètent leurs produits. Ce manque de traçabilité empêche les consommateurs de prendre une décision éclairée ou de savoir si un produit est conforme aux règles de sécurité de l’UE.
Temu fait preuve de complaisance ici parce qu’il enfreint la loi européenne sur les services numériques, qui est une nouvelle législation majeure conçue pour assurer la sécurité des consommateurs en ligne. Les produits vendus sur les places de marché, que ce soit en ligne ou hors ligne, qu’ils soient européens, américains ou chinois, doivent être sûrs et conformes au droit européen s’ils sont vendus aux consommateurs européens. »
Reste à voir si cette plainte collective, doublée de plaintes de plusieurs des associations membres pour avoir encore plus de poids, feront changer Temu.
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