La ville de New York est une mégalopole dont les rues sont malheureusement peuplées de nombreuses personnes sans domicile fixe qui n’ont pas d’accès à un refuge. Alors que le monde a les yeux tournées vers la côte Est des États-Unis, qui va être ensevelie sous 60 à 90 cm de neige selon les prévisions météorologiques, il ne faut pas oublier ces gens qui n’ont pas de maison ou d’appartement dans lesquels se barricader avec plaids et soupe de légumes en attendant que la tempête passe.
Hier, j’ai laissé mon imagination divaguer en me demandant ce que je ferais si j’étais prise dans une tempête de neige : c’est une sorte de fantasme pour moi, je me vois à ma fenêtre, surplombant la rue, à regarder la ville déserte et à écouter le silence qui y règne. Tranquillement isolée mais pas dans le besoin, avec ce qu’il faut dans mes placards pour attendre le redoux.
Et puis cette image s’est effacée. J’ai tout d’abord pensé aux gens qui n’ont pas les moyens de remplir frigo et placards en prévision de grosses intempéries. Ces voisins qui ont parfois du mal à se chauffer. Et puis là, j’ai réalisé le problème : qu’en est-il de ceux qui n’ont pas de chauffage, pas de placards à remplir parce que pas de maison ?
Ils sont là, et on les oublie souvent. Eux vont passer des heures terribles. New York en hiver, c’est pas la rigolade. Mais New York sous 90 cm de neige, ça va juste être l’enfer pour ceux qui n’ont pas de place dans les refuges… Si 58 millions de personnes seront potentiellement affectées par la tempête, du New Jersey au Maine, avec déjà 60 000 réfugiés pour la seule ville de New York, beaucoup de sans-abri risquent de passer les prochains jours dans un froid et des conditions catastrophiques.
Le Department of Homeless Services (DHS) de New York fait des maraudes pour s’assurer que les personnes qu’ils rencontrent ont un abri, ou les rapatrier le cas échéant vers une structure d’accueil ; le problème est que malgré l’augmentation des places disponibles dans ces établissements, le nombre de sans-abri a atteint des sommets ces dernières années.
De plus, beaucoup refusent de s’y rendre en raison des dangers qu’ils y encourent. Des vols et violences se produisent dans ces refuges dans lesquels des sans-abri sont confinés. Beaucoup préfèrent passer la nuit ailleurs, et risquer leur vie dehors plutôt que de rester dans ces centres.
Des numéros d’appel sont mis en place pour que les New-Yorkais préviennent les autorités si ils voient un sans-abri en état de détresse, mais certains risquent de passer les prochaines nuits seuls et isolés dans des endroits mal abrités.
Le site Mashable
a interviewé un sans-abri, Leo Grand, qui est connu par les rédacteurs car ils l’avaient rencontré alors qu’il apprenait à coder. Depuis, il a développé une application qui ne lui rapporte pas encore suffisamment d’argent pour vivre ailleurs que dans la rue.
Il donne son point de vue sur le système d’abris mis en place par la ville de New York (correct, mais submergé par le nombre), et comment il va passer les prochains jours. Il va rester dans un club de gym, au chaud, mais confie avoir déjà passé des nuits glaciales dans un hall de gare. Son témoignage est édifiant : c’est quelqu’un qui n’a pas d’autre choix, qui n’a pas d’alternative autre que de survivre au jour le jour. Il préfère trouver une solution par lui-même que de se rendre dans des centres surpeuplés dans lesquels il se sent en danger.
C’est aussi une occasion de nous rappeler que nous sommes tous concernés par ce genre de situations, que nous avons des personnes sans-abri sous nos fenêtres qui souffrent elles aussi du froid hivernal. La situation des sans-domicile fixe passe de critique en temps habituel à désastreuse quand le temps devient très mauvais.
Un repas chaud, une boisson, une couverture font parfois une grande différence. La Croix-Rouge Française organise des maraudes et cherche régulièrement des volontaires ou des donateurs réguliers. Il ne faut pas grand-chose pour offrir à un sans-abri une couverture de survie, une boisson chaude et de quoi se restaurer, en espérant que l’opportunité leur sera donnée de sortir de la rue : au-delà du don, ne pas oublier ces gens est déjà très important.
À lire aussi : La maraude auprès des sans-abri, ça se passe comment ?
Je conclus cet article avec une petite vidéo qui date de 2010 mais qui vous raconte les maraudes de la Croix-Rouge :
Là où la panique de la « Super Snow Storm » fait la une des actualités, pensons à ceux et celles qui n’ont pas de chez-eux où se barricader. Ne culpabilisons pas, mais sentons-nous des citoyens responsables et conscients du monde qui nous entoure, dans lequel avoir chaud est un luxe.
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Les Commentaires
J'ai trouvé ça assez choquant le concept du "hey on vient t'interviewer dans la rue pour savoir comment tu vas te démerder pour survivre au blizzard, ohlala c'est fort intéressant, bon bah cool merci d'avoir répondu aux questions, allez nous on y va faut qu'on emballe l'article, bisous ciao bon courage !". Enfin j'ai beaucoup de mal à trouver mes mots pour exprimer ma pensée, mais ils viennent interroger un SDF sur ses techniques de survie pendant le blizzard et après ils rentrent chez eux au chaud, boire leur soupe la conscience tranquille ?
On est d'accord, on ne peut pas sauver tout le monde, mais comment c'est possible de discuter avec quelqu'un, d'apprendre un peu à le connaitre, d'échanger sur un sujet qui ne peut qu'appeler à l'empathie, réaliser à quel point le mec est en galère et rentrer chez soi comme si de rien n'était ? Comment ils peuvent ne pas avoir envie d'aider au moins cette personne-là ?
Bon ceci dit je ne connais pas le fin mot de l'histoire, si ça se trouve ils lui ont proposé un abri et ils ne l'ont juste pas mis dans l'article, ou bien ils lui ont proposé mais il a refusé, on en sait rien au final...
Mais pourtant ils lui avaient aussi consacré un article au moment du développement de son application, et là un an plus tard le gars est toujours à la rue ? Si déjà ils venaient l'interviewer, y'avait rien de plus à faire pour l'aider ?
Une fois de plus je sais que je suis juste trop naïve, que c'est plus facile à dire qu'à faire (surtout derrière son petit écran d'ordinateur)... Mais ça me dérange ces interviews, ça fait tellement effet "zoo" je trouve !