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Hygiène

Je souffre de transpiration excessive — Témoignage

Sarah souffre de transpiration excessive des mains et des pieds ; l’hyperhidrose. Cela la complexe énormément, et elle cherche des solutions depuis plusieurs années…

NB : Le prénom a été modifié.

Je sue des mains et des pieds. Comme tout le monde, me direz vous ; ça arrive à n’importe qui d’avoir les mains moites et les pieds qui glissent. Mais moi, je sue beaucoup plus que vous. Parce que je « souffre » d’hyperhidrose, autrement dit de transpiration excessive.

Je tiens à préciser que je souffre d’une hyperhydrose modérée, c’est-à-dire qu’il y a bien pire que moi : certaines personnes suent également des aisselles et de la tête. L’article 4 manifestations de stress gênantes m’a d’ailleurs fait relativiser sur mon problème (et rire, beaucoup). Mais au quotidien, ce n’est quand même pas facile à supporter.

La majorité du temps, à cause d’une mauvaise circulation du sang, j’ai les mains et les pieds froids. Combinez cela avec de la sueur et je vous laisse imaginer la sensation agréable que je ressens tous les jours.

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C’est pas la joie.

Au commencement

J’ai 17 ans mais je ne me souviens pas quand cela a commencé, ça devait être lorsque j’étais enfant. Au début ça ne me gênait pas plus que ça : je n’avais pas de problème particulier pour tenir la main de mes camarades ou pour jouer avec les autres.

C’est à l’adolescence que j’ai commencé à m’en apercevoir… et les autres également. Je me souviens de la sensation déplaisante des doigts qui glissent à cause du stress lors des examens de piano, ou encore d’une remarque d’une de mes amies qui avait dit sans méchanceté particulière : « Sarah, elle a toujours les mains moites ».

Je n’en ai pas fait tout un plat ; j’étais encore toute insouciante. Mais c’est resté dans un coin de ma tête.

C’est au lycée que les choses se sont compliquées. J’ai vraiment pris conscience de mon problème. En seconde, je me suis mise à chercher des solutions sur Internet, et je me suis aperçue que beaucoup de monde souffrait de ce problème.

Si cela m’a un petit peu réconfortée de me rendre compte que je n’étais pas la seule, je me suis rendue compte que ces personnes n’étaient pas heureuses, et je suis même tombée sur une « pseudo-étude » qui rapportait que les personnes touchées par l’hyperhidrose avaient plus de risques que les autres de faire une dépression.

Quelles solutions contre la transpiration excessive ?

Je suis allée voir un dermatologue, qui m’a dit que mon hyperhidrose n’était que modérée : il me proposait donc des séances d’ionophorèse, un processus qui consiste à placer les mains ou les pieds dans des bacs remplis d’eau reliés par un courant électrique. On peut le faire chez un dermatologue pendant un petit moment, puis il faut le faire chez soi, au début plusieurs fois par semaine puis tous les mois.

Mais l’appareil coûte assez cher (minimum 200€), et d’après ce que j’ai lu sur différents sites, cette méthode n’est pas efficace à 100% : si pour certaines personnes cela suspend les symptômes pendant quelques temps, souvent le corps finit par s’habituer et la sueur revient de plus belle ; pour d’autres cela ne fonctionne pas du tout. Les seules solutions que l’on nous propose me semblent ainsi très contraignantes et peu efficaces.

Les crèmes, médicaments et produits anti-transpirants sont hors de question : pour moi ils sont juste inefficaces et irritants, et je ne pense pas que de l’alcool et du chlorure d’aluminium soient une bonne solution considérant leurs liens envisagés avec les cancers et autres joyeusetés…

Viens ensuite une méthode sur laquelle je me suis également renseignée, à priori pas très au point et très peu rentable vu son coût : les injections de toxine botulique. C’est très cher ; comptez 250 à 300€ par flacon de 100 unités, plus les honoraires du praticien, et, pour les hyperhidrosés palmoplantaires comme moi, l’anesthésie à payer car cela est douloureux.

La dernière solution pour ceux qui n’en peuvent vraiment plus est l’opération chirurgicale appelée sympathectomie. Même là on se moque de nous, car elle n’a rien de sympathique ! Mon dermato me l’a même déconseillée, m’expliquant les risques.

Elle consiste à exciser les glandes qui produisent la transpiration. C’est dangereux et d’après lui un patient sur trois développe une transpiration compensatrice au ventre, à l’entrejambes ou dans le dos… Dans la plupart des cas les personnes qui l’ont subie regrettent et vivent un enfer. Malheureusement pour eux, aucune solution n’est désormais envisageable.

J’ai beaucoup déprimé en voyant qu’aucune des solutions ne me convenait.

Le ras-le-bol

En première, c’est devenu un calvaire et une obsession. Je me préparais mentalement à transpirer quand je touchais quelque chose, quand je serrais la main de quelqu’un. Mon cerveau programmait ces réflexes tout seul et ça me faisait suer davantage.

J’ai commencé à en parler à mon entourage car je ne supportais plus cette situation, ça me rendait malade et j’en pleurais chaque jour. Je me posais plein de questions concernant l’avenir ; hors de question d’avoir un copain, de me marier ou d’avoir des enfants, par peur de leur transmettre car c’est héréditaire.

J’avais honte, je gardais tout pour moi ; à part ma mère et ma sœur personne n’était au courant. J’essuyais de plus en plus de remarques, je contrôlais chaque geste, j’évitais certaines situations. Je me braquais quand on me touchait les mains ; impossible de danser avec quelqu’un en soirée. Ça me rendait folle.

sweaty désapro

Difficile d’ignorer le problème.

Après une grosse crise de larmes que je n’arrivais pas à contrôler, je me suis remise à chercher des solutions sur Internet. Après être tombée sur un site qui parlait de méditation et de ses bienfaits, j’ai tenté de la pratiquer. Ce n’est pas chose facile, et je mettais du temps à passer à l’action : je crois aussi qu’on est beaucoup trop attachés à la souffrance, on s’y complaît. J’avais trop peur d’échouer. Je ne l’aurais pas supporté.

Transpirer : le symptôme d’un problème caché ?

Entre-temps, je suis tombée sur des témoignages de guérison « naturelle ». Une des femmes expliquait qu’elle avait un blocage en elle qui l’empêchait d’aller vers les autres et se traduisait par des symptômes physiques, comme des mycoses à répétition et une transpiration excessive.

Malgré de nombreux petits copains elle ne s’était aperçue de rien, mais son corps lui rappelait sans cesse que quelque chose n’allait pas. Et c’est lors de sa thérapie qu’elle s’est rendue compte qu’elle avait été abusée étant enfant. Elle avait oublié mais pas son corps. Depuis elle est guérie.

J’ai alors compris que cette maladie était d’ordre émotionnel ; je peux y remédier si je cherche la cause de mon mal-être. Cependant, c’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire, car depuis un an je cherche toujours…

Entre-temps j’ai dû passer mon BAFA et mes angoisses sont revenues. Je ne vous dis pas la honte que j’ai eue lorsqu’on se tenait les mains et que j’ai entendu ma voisine dire à un garçon « Beurk tes mains sont moites ! ». Après ça j’ai transpiré encore plus que lui ; le pauvre ne semblait pas particulièrement affecté, mais dans le bus pour rentrer, j’ai pleuré pour nous deux…

Aujourd’hui j’essaie de relativiser : je me dis qu’il y a pire et, même si c’est contraignant, j’essaie de ne pas y faire attention. C’est d’ailleurs dans ces moments d’insouciance que j’ai les mains sèches. Je suis en terminale, et j’ai toujours peur d’avoir un copain ou des enfants ; j’évite toujours autant de toucher les gens alors que je meure d’envie de caresser, de tenir la main…

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Mais je peux dire que je vais mieux qu’en première.

En début d’année, j’ai été voir une kinésiologue. Je me suis rendue compte à quel point il était difficile d’en parler ; ça m’a d’ailleurs étonnée de fondre en larmes devant elle, moi qui arrive si bien à contenir mes émotions devant les gens, moi qui d’ordinaire fait rire tout le monde, moi le clown triste.

Elle m’a beaucoup aidée : j’appréhende mieux certaines situations depuis que je l’ai vue. Contrairement au dermatologue qui m’avait écoutée lui décrire les symptômes avec froideur, elle m’a mise en confiance et réellement conseillées.

Note de la rédac — attention, la kinésiologie est une méthode très particulière. Citons le site de la Mission Interministérielle de Vigilance et de Lutte contre les Dérives Sectaires, à la section kinésiologie :

Fondée dans les années 1960 par un chiropracteur américain, la kinésiologie est une méthode de thérapie holistique inspirée par la médecine Chinoise.

Cette technique psycho corporelle recourt à un test musculaire de communication au plan physique et émotionnel. Proposée à tous les âges de la vie et à tous publics, elle permettrait aux usagers de la méthode d’optimiser le capital « ressources personnelles » avec l’accompagnement d’un thérapeute, et de parvenir à l’auto-guérison des difficultés existentielles et des maladies.

Mouvance née dans le sillage du New Age, ses adeptes et sympathisants prônent de manière plus ou moins radicale la rupture avec des habitudes de vie jugées néfastes, au profit de choix naturels et authentiques comme l’alimentation biologique, les médecines douces, les thérapies non médicamenteuses ou encore l’écologie.

La radicalisation de certains adeptes de cette mouvance a conduit à des dérives à caractère sectaire dans laquelle la dimension hygiéniste portée au rang de dogme a constitué un facteur déterminant.

Une affaire jugée en juin 2005 par la Cour d’assises de Quimper, illustre ce constat. Des parents, au nom de conceptions idéologiques inhérentes à la pratique de la kinésiologie et des « lois biologique »s de Ryke Geerd Hamer, avaient adopté pour eux-mêmes et leurs enfants le régime végétalien dans leur quête d’une alimentation purifiée. Cette alimentation carencée en protéines animales et en vitamines et leur extrême défiance à l’égard d’un monde médical jugé a priori dangereux causaient la mort de leur bébé, qui allaité par la mère depuis sa naissance, s’était retrouvé en état de malnutrition majeure.

Les résultats de ces praticiens ne sont pas certifiés, mais cette madmoiZelle a eu envie d’essayer, et elle dit « ne pas le regretter ». Vous voilà informé-e-s.

J’ai eu deux séances, pendant lesquelles elle a « dialogué » avec mon corps, grâce à des sortes de tests musculaires – des techniques spécifiques inspirées de la médecine chinoise. J’étais debout devant elle, puis allongée, ses mains sur mes bras essayant de savoir si mon corps voulait être guéri.

Lors de ma première séance elle m’a annoncé que je ne souhaitais pas vraiment guérir, qu’au fond de moi-même j’avais peur d’aller bien, de vivre sans ce problème. Elle avait raison. Elle m’a aussi dit que le problème venait de mes émotions ; j’avais surtout du mal à exprimer ma joie. Un mois après cette séance j’étais déterminée à guérir, et j’y suis retournée.

Pendant ce deuxième rendez-vous, elle a remarqué que mon énergie circulait très mal et que j’avais peu de tonus. On a alors fait en sorte que je le retrouve, grâce à des mouvements spécifiques.

Le simple fait d’en parler et d’être écoutée m’a aidée : les séances n’ont peut-être eu qu’un effet placebo, mais je me sens mieux.

Cependant je crois que le problème est beaucoup plus complexe que je ne le pense. Car même si les symptômes se sont un peu atténués, je sens bien que je ne suis pas complètement « guérie », qu’il reste encore quelque chose à soigner. J’envisage d’aller consulter un thérapeute : il m’aidera peut être à trouver la source du problème. Je me suis rendue compte qu’en parler me libérait d’un énorme poids.

En conclusion

Psychologiquement, c’est très difficile à gérer — et je pèse mes mots. Je ne suis pas la plus mal lotie, mais on a tous déjà eu des pensées noires à cause de ce problème. Si vous ne me croyez pas, lisez les milliers de posts sur les forums.

Je persiste toujours dans ma quête de la guérison et je consulte beaucoup de sites concernant les techniques de guérisons naturelles ; j’ai d’ailleurs juré que si j’y parvenais, je créerais un site pour raconter mon histoire et aider les autres, à défaut d’en faire ma profession !

J’ai voulu témoigner pour enfin m’exprimer et mettre des mots sur tout ce que je ressens depuis quelques années, mais aussi pour essayer de briser le tabou qui entoure cette maladie. Car ce qui nous empêche avant tout d’en parler, ce n’est pas notre propension à vouloir tout cacher et tout garder pour nous, mais le rejet, le dégoût que l’on peut lire dans les yeux de l’autre même quand c’est une personne chère à nos yeux.

J’espère aussi que la médecine traditionnelle parviendra à trouver des solutions plus efficaces : ce n’est pas une maladie dont on entend beaucoup parler et les patients ne sont pas pris au sérieux. Bien des professionnels ne savent pas s’y prendre, et beaucoup ne comprennent pas qu’en plus d’être une maladie gênante au quotidien, l’hyperhidrose devient une épreuve à surmonter (difficile d’utiliser le tactile, d’accomplir une tâche minutieuse).

Je ne vous dis pas de vous tourner vers les médecines alternatives comme la kinésiologie, qui n’est d’ailleurs à envisager qu’avec beaucoup de prudence, mais d’en parler afin de ne plus vous concentrer sur la culpabilisation, mais plutôt sur la source du problème. Cela permet aussi d’échapper à la spirale infernale de la transpiration qui gêne, de la gêne qui vous fait transpirer, et ainsi de suite. Vous pouvez d’ailleurs commencer par en discuter avec moi, cela me ferait plaisir !

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Les Commentaires

46
Avatar de emma1883
10 janvier 2019 à 16h01
emma1883
Salut, c'est clair que c'est quelque chose qui peut vraiment vous gâcher la vie au quotidien, surtout s'il s'agit d'une hyperhidrose. Trop de personne ignorent toutefois qu'il existe plein de solutions contre la transpiration excessive. En effet, il y a des solutions dites naturelles qui peuvent vous aider à limiter la transpiration mais aussi des traitements plus profonds qui sont efficaces. Il ne faut donc pas hésiter à aller voir un dermato car il est tout à fait possible d'améliorer nettement les choses.
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