Le 14 juin 2018
À en croire les représentations mainstream, il y a deux choses incontournables dans le sexe hétéro :
- La pénétration vaginale
- L’insatisfaction féminine chronique
De là à dire que les deux seraient liés…
Vagin ou clitoris, pourquoi choisir ?
Depuis la chute du mythe des femmes « vaginales ou clitoridiennes », le clitoris est présenté comme le Saint Graal et sa représentation même est devenue un symbole féministe.
Au point qu’il est parfois vendu comme un bouton magique qu’il suffirait d’actionner pour procurer du plaisir — ce que cet article sur le toucher de vulve infirme clairement !
En plus de créer de l’appréhension chez bien des femmes vierges, auxquelles on promet une première fois dans la douleur, l’obsession pour la pénétration vaginale est souvent présentée comme un symptôme de notre (porn) culture bite-centrée. Pour autant, la pratique a plus d’une raison de faire kiffer celles et ceux qui en ont envie.
En premier lieu, parce que le vagin est entouré par les branches du tout-puissant clitoris, qui peuvent aussi être source de plaisir, mais aussi parce qu’il se referme en un col de l’utérus aussi sensible que sous-exploité.
Et parce qu’avoir un vagin, c’est plutôt cool, douze lectrices ont accepté de me décrire leurs sensations pour répondre à cette interrogation :
« C’est comment la pénétration quand on a un vagin ? »
Quelle personne à pénis ne s’est jamais posé la question ? Difficile, en effet, de se mettre dans la peau (ou plutôt dans les muqueuses) des autres !
Même les intéressées ont parfois galéré à évoquer leur ressenti. Comme cette lectrice, qui hésite :
« J’ai eu du mal à trouver mes mots… C’est pas facile de décrire ça. »
Une autre abonde :
« L’écriture de ce petit texte m’a forcée à réfléchir beaucoup sur les sensations provoquées et je me suis rendue compte avec surprise que ce n’était vraiment pas facile de décrire à quelqu’un dont le corps ne fonctionne pas comme le sien.
C’était un exercice très intime. »
Ce recueil de témoignage donnera un aperçu richement détaillé à tous ceux et toutes celles qui aimerait en savoir plus sur la pénétration vaginale — et rassurera, je l’espère, celles et ceux qui en auraient besoin.
L’excitation et le vagin
Organe majoritairement interne, avoir un vagin ne se ressent pas plus qu’avoir des narines dans la vie de tous les jours. Marion* explique :
« Sans excitation, c’est une cavité “normale”, mais quand le désir monte les parois se gonflent pour devenir un coussin confortable, mouillé, et très sensible. »
Au moment de l’excitation sexuelle le vagin prend en quelque sorte vie, et procure des sensations plus intenses. Impression de courant électrique, chaleur, chatouille… Le ressenti est différent selon chaque personne.
« Ce que je ressens quand je me caresse ou que je me fais caresser, c’est comme un courant électrique qui part de mon entrejambe jusqu’à mon cœur et qui reste à ce niveau….
Jusqu’à ce que de nouvelles caresses provoquent de nouveaux courants électriques qui viennent s’ajouter aux précédents. »
« Lorsqu’on me met un doigt, c’est une sorte de chatouille — mais pas une chatouille où tu te tapes une barre. C’est une chatouille qui fait des frissons dans ton bas-ventre. Parfois, ça me fait rétracter mes jambes de plaisir. »
« Il y a comme une vague de chaleur qui monte dans mon ventre, je sens mon sexe devenir chaud et humide, gonflé et beaucoup plus sensible. »
Rania*, quant à elle, livre un témoignage inspiré sur les prémices de l’excitation :
« Je sens que, de cette tension qui m’étreint, naît le liquide qui détrempe ma vulve. Enfin on me libère de ma torture !
Un doigt glisse le long de ma fente, de mon vagin jusqu’à mon clito. A ce moment-là, un chœur de mille anges entonne “L’ode à la joie” et mes yeux se révulsent. »
Avoir un vagin pendant la pénétration
Plusieurs témoignages décrivent les sensations vaginales avant pénétration comme une urgence à être « remplie » :
« Quand je suis très excitée, je sens comme une petite contraction qui peut devenir très légèrement douloureuse, si les jeux sexuels durent longtemps sans pénétration par exemple.
Comme s’il y avait besoin de combler le vide de mon vagin. »
« La pénétration est un moment vraiment particulier. Lorsque mes lèvres s’écartent pour laisser entrer une verge, je sens une vague de chaleur.
À ce moment-là, j’ai l’impression de n’être pas complète tant que mon partenaire n’est pas entré jusqu’au bout. »
« Pendant que la main me caresse, je ne suis plus qu’un sexe gonflé et palpitant qui se contracte, se relâche et se contracte encore.
J’ai besoin que quelque chose pénètre ma chair, force mes parois et atteigne le cœur de ma souffrance. »
« Sentir un gland pousser les parois et se faire un passage jusqu’au fond, être pleine, c’est comme un besoin vital. »
Au moment du coït, difficile de décrire précisément la sensation d’être pénétrée :
« J’adore la sensation du pénis qui rentre car il touche un tas de terminaisons nerveuses sympas sur son passage. L’axe compte pour beaucoup.
Concrètement, c’est sentir un truc chaud dans son bas-ventre qui épouse les formes de son vagin, comme si tout était à sa place. »
« La sensation de pénétration durant le coït est quelque chose de très fort. On ressent comme de l’électricité, des frissons dans l’entrejambe, et cet effet grandit et monte dans le corps. C’est envoûtant et vivifiant. »
« Je sens la verge au niveau de ma vulve et au fond du vagin. Entre les deux, la sensation est imprécise. »
Passée cette sensation de plénitude, de complétude, ce sont les mouvements de va-et-vient du pénis qui font monter le plaisir.
« C’est une impression de vie à l’intérieur de soi. Chaque mouvement donne un sentiment de plénitude, au sens propre comme au figuré d’ailleurs.
Les allers-retours provoquent la plupart du temps des contractions du périnée qui accentuent le plaisir, comme une sorte d’ouverture et de fermeture sur le pénis, ce qui accentue encore les frottements. »
« Je ressens des vagues successives de plaisir. Je pense que c’est le mouvement qui est le plus important.
Finalement, la taille du pénis importe peu, ce que je sens surtout, c’est le frottement contre ma paroi vaginale, et la force du mouvement.
Le meilleur moment pour moi : lorsque mon partenaire est sur le point de jouir et que les frottements sont encore plus intenses ! »
La question de la profondeur de la pénétration revient souvent. Stimuler le sensible col de l’utérus peut être à double tranchant…
« Pendant la pénétration, il y a la zone du col de l’utérus qui est très sensible, qui fait comme un chatouillis dans le creux du ventre. »
« Selon les cycles menstruels, les sensations sont différentes. Ça peut faire mal à une certaine période du cycle quand le pénis rentre trop profondément par exemple.
On sent que ça tape dans quelque chose (notre cher utérus en l’occurrence), et c’est très désagréable, comme une petite contraction de mal de ventre. »
« J’aime quand ça “tape dans le fond“ parce que ça peut être extrêmement bon.
Cependant, quand je suis sur mon partenaire, la longueur peut devenir un problème parce que je sens que mon vagin est trop petit pour le contenir. J’ai l’impression d’être écartelée, que mon col de l’utérus pourrait s’ouvrir !
Mais une fois dans le bon angle, la vitesse me fait oublier toute autre notion que la plénitude de ce pénis qui remplit mon corps. »
« Le plaisir se propage dans tout mon ventre, je ressens comme des chatouilles ou des papillons partout dans cette zone.
Plus le pénis va loin, plus je ressens ces papillons… mais s’il va TROP loin, j’ai comme l’impression que quelqu’un me donne des coups de poings à l’intérieur ! »
Avoir un orgasme quand on a un vagin
Beaucoup de témoignages précisent que si la stimulation clitoridienne est indispensable pour jouir, le vagin joue un rôle actif dans l’orgasme.
« Au moment de l’orgasme (qui est grandement facilité par une stimulation clitoridienne), mon vagin est secoué de spasmes, ce qui me fait encore plus ressentir le pénis de mon partenaire ou le sextoy. »
« Plus je sens l’orgasme approcher, plus la chaleur se propage comme une bulle qui englobe mon bassin entier.
Au moment de l’orgasme, je ressens des salves de plaisir, comme si je surfais sur des vagues chaudes, tremblantes et les contractions de mon vagin deviennent délicieuses. »
Et côté zizi ? C’est comment de pénétrer un vagin ? La réponse et ici !
*Les prénoms ont été modifiés.
Crédit photo : Malvestida Magazine / Unsplash
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Les Commentaires
Vous confondez pas avec le deep spot, une zone sensible au fond du vagin mais qui fait bien partie du vagin et pas du col ?
Je n’ai plus de col de l’utérus (retiré par chirurgie) et je confirme qu’à cet endroit mes sensations n’ont pas bougé d’un iota par rapport à avant l’opération
(Après je veux bien croire que certaines aient un col érogène, mais j’en avais jamais entendu parler contrairement au deep spot)
Sinon pour apporter mon témoignage : je ne suis pas très sensible du vagin ; faut vraiment viser le point g ou le deep spot pour que ça me procure du plaisir physique.
Serrer le vagin/périnée peut aider (pas de manière spectaculaire) mais c’est dangereux avec capote car ça peut la faire glisser et partir (ça m’est arrivé malheureusement).
En tout cas ça ne m’arrive quasi jamais d’avoir un orgasme par pénétration vaginale seule.
Je prends du plaisir (si je vise les bons angles et guide mon partenaire) mais pas d’orgasme quoi