Live now
Live now
Masquer
temoignage-refugie-tchetchene
Société

« J’ai compris qu’il était inutile de me cacher » : le témoignage du premier réfugié tchétchène homosexuel

Hugo Clément a interviewé pour Quotidien le premier réfugié tchétchène homosexuel en France. Un témoignage qui glace le sang.

Début avril, une nouvelle alarmante a fait le tour des médias : en Tchétchénie, une répression terrible frappe les personnes LGBT.

Des témoignages relatant ces exactions dans les médias internationaux ont alarmé l’opinion publique, et plusieurs pays ont finalement annoncé ouvrir leurs frontières aux réfugiés tchétchènes LGBT.

Cette situation plus que préoccupante, Hugo Travers l’expliquait dans sa vidéo Il faut parler de l’horreur homophobe en Tchéchénie.

À lire aussi : Il faut parler de l’horreur homophobe en Tchétchénie, alerte Hugo Travers

En France, le premier homosexuel tchétchène a été accueilli lundi 29 mai, comme l’annonçait cet article du Monde.

Le nom de l’association LGBT qui le prend en charge ne sera pas dévoilé par sécurité pour lui et sa famille. La porte-parole de SOS Homophobie a effectivement expliqué :

« Il y a une diaspora de 68 000 Tchétchènes en France qui manifestent la même hostilité vis-à-vis des LGBT que dans leur pays. »

Le premier réfugié tchétchène en France a été interviewé par Hugo Clément, pour Quotidien. Il y explique son parcours.

Le premier réfugié homosexuel tchétchène interviewé par Quotidien

Il explique tout d’abord qu’il a été interpellé car son numéro de téléphone a été trouvé dans le répertoire d’un homme qui faisait partie de la même communauté homosexuelle.

« J’ai compris qu’il était inutile de me cacher. La police a demandé à me voir, c’était à côté d’une mosquée, et c’est là qu’ils m’ont arrêté. »

On l’emmène alors, menotté, dans ce qu’il appelle une forteresse. Selon lui, ce n’était pas un poste de police habituel. Le réfugié prend alors le pari de faire semblant de croire qu’il est là pour une affaire touchant au terrorisme, pas pour son homosexualité.

Cela peut étonner, mais c’était pour lui une stratégie de survie.

« En disant ça, ma famille m’aurait soutenu. (…)

Si je pèse le pour et le contre, je préfère être inculpé pour du terrorisme que pour mon homosexualité. Si tu es accusé d’être gay, ce n’est pas seulement toi qui es responsable, c’est toute ta famille. »

Il a eu la chance de ne pas se faire battre. Il raconte que les autorités ne frappent et torturent que les homosexuels pris en flagrant délit, ou qui possèdent des photos intimes sur leurs téléphones.

« Dans certains appartements de Grozny, les gens, les propriétaires, installent préalablement des caméras et des micros. Pas seulement pour attraper les homosexuels, mais aussi les hétéros qui ont des relations sexuelles hors mariage.

C’est comme ça qu’ils attrapaient des gars, quand ils étaient tout nu, en plein rapport. »

Aujourd’hui, il n’a pas réussi à retrouver la trace de son ami qui avait son numéro. Et s’il témoigne à visage caché, c’est parce qu’il a peur pour ses proches. Il craint que sa mère soit humiliée et que ses frères soient tués.

« Ils le seront à coup sûr si on apprend que je suis en France, que je parle aux journalistes, que j’ai osé couvrir mon peuple de honte.

Cette honte s’abattra non seulement sur moi, mais aussi sur mes proches, où qu’ils soient. »

Enfin, quand on lui demande s’il parle déjà un peu français, il prononce le mot suivant : liberté.

Le témoignage de cet homme est une piqûre de rappel : la situation en Tchétchénie est véritablement grave pour les personnes LGBT. Pour un réfugié qui réussit à obtenir effectivement l’asile et à faire le voyage, combien d’autres sont pris, battus, torturés, peut-être exécutés ?

À lire aussi : La violence homophobe continue en Russie, à la veille des JO


Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.

Les Commentaires

8
Avatar de Irene Adler
3 juin 2017 à 00h06
Irene Adler
Il y a une pétition à ce sujet, pour faire pression sur les politiciens russe, pour qu'une enquête et des jugements soit fait. C'est pas grand chose, mais si on peut faire avancer un peu les choses à notre échelle, ça vaut le coup d'essayer. @AnoukPerry Ce serait bien si tu mettais le liens dans l'article, https://www.change.org/p/pour-une-enquête-sur-les-massacres-et-tortures-d-homosexuels-en-tchétchénie-tchetchenieurgence?source_location=minibar J'encourage toutes les madz à la signer, il manque encore environ 500 000 signature pour atteindre l'objectif des 1 000 000.
3
Voir les 8 commentaires

Plus de contenus Société

Source : Getty Image / MARIA DUBOVA
Féminisme

Ève, 42 ans : « Quand il m’a demandé où était le nettoyant après six mois de vie commune, j’ai pleuré »

5
Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-11-15T163147.788
Livres

Samah Karaki : « C’est la culture sexiste qu’il faut questionner, pas la présence ou l’absence de l’empathie »

Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-11-13T154058.525
Santé

« Ah, on dirait que t’as le cancer » : Laure raconte comment l’alopécie affecte son quotidien

6
[Image de une] Horizontale (24)
Culture

3 raisons de découvrir Agatha, le nouveau thriller psychologique à lire de toute urgence

Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-10-30T170053.120
Santé

« On n’en parle pas assez, mais être malade prend du temps ! » : Solène raconte son quotidien avec une maladie chronique invisible

1
Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-10-30T164414.844
Société

« Je n’ai pas porté plainte parce qu’il y a des enfants en jeu » : Jade, victime d’exploitation domestique à 17 ans

1
Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-10-30T115104.723
Santé

« Le sommeil occupe une place bien plus importante dans ma journée » : Quitterie, 25 ans, raconte son quotidien avec la sclérose en plaques

Capture d’écran 2024-09-06 à 16.28.20
Bien-être

« On souffre en silence » : 3 femmes nous parlent sans tabou de leurs douleurs menstruelles

Capture d'ecran Youtube du compte Mûre et Noisettes
Argent

Je suis frugaliste : je vis en dépensant moins de 1000 euros par mois (et je vais très bien)

73
Capture d’écran 2024-09-06 à 16.30.20
Bien-être

Douleurs de règles : et si on arrêtait de souffrir en silence ? Une experte nous explique pourquoi il est crucial de consulter

La société s'écrit au féminin