Article du 14 avril 2014
Depuis toute petite, je suis fibulanophobe. Vous ne savez pas ce que c’est ? Ça ne fait rien, moi non plus je ne l’ai pas su pendant des années…
C’était juste une bizarrerie avec laquelle je vivais depuis toujours, jusqu’à ce que je découvre qu’il y avait un nom pour ça et même des groupes Facebook (treize personnes dans le groupe français, yeah !).
J’ai lu quelque part qu’une phobie a droit à un nom dès que plus de trois personnes sont concernées ; je me sens moins seule maintenant.
La fibulanophobie, en quoi ça consiste exactement ?
Donc, la fibulanophobie (ou « koumpounphobia » en anglais dans le texte), c’est la peur des boutons. Pas les boutons d’acné qui pullulent sur ton visage, non, les boutons de vêtements.
Enfin, les boutons de chemise en ce qui me concerne, ceux qui ont quatre trous et sont attachés avec du fil. Mais si voyons, ces créatures dangereuses et sournoises qui menacent de t’attaquer si tu les regardes de trop près ?
L’objet de la peur peut varier selon les individus : cela peut inclure les pressions, les boutons de jeans…
Je ne sais pas d’où ça me vient mais d’aussi loin que remontent mes souvenirs, je n’ai jamais pu supporter ces boutons à trous, et j’ai toujours eu beaucoup de mal à les toucher. Ma plus grande peur (et ne me demandez pas pourquoi !), c’est de tomber dans une piscine pleine de boutons.
Et encore, j’ai fait des progrès depuis mon enfance : à l’époque, personne ne pouvait m’approcher, me prendre dans ses bras ou me câliner s’il portait un vêtement avec des boutons.
Ça reste la première chose que je vais repérer sur une personne qui doit être en interaction avec moi. J’ai fait une crise de panique une fois, quand mon frère m’a enfermée dans ma chambre, me menaçant avec un énorme « spécimen », m’obligeant à le toucher…
Il a eu peur de ma réaction, il n’a plus jamais recommencé !
Je me souviens d’ailleurs très nettement d’une scène d’Aviator, dans laquelle Leonardo/Howard Hughes réfléchit pendant cent mille ans pour décider s’il vaut mieux fermer les rideaux des premières classes en utilisant des boutons ou des fermetures éclair… et qu’il se rabat finalement sur les premiers. POURQUOI ? Cette scène à elle seule a presque gâché le film pour moi !
La plupart des gens ne sont pas au courant et ne le remarquent même pas. Ce n’est que lorsque j’en parle qu’ils se rendent compte qu’effectivement, ils ne m’ont jamais vue avec des vêtements à boutons…
C’est soit marrant, soit bizarre selon les gens, mais même moi je ne peux pas l’expliquer.
En soi, ce n’est pas une phobie très problématique, je peux vivre avec sans soucis, mais il y a des situations pour lesquelles c’est « excessivement énervant », comme dirait Claudy dans Dikkenek.
Les vêtements : le cauchemar pour un•e fibulanophobe
Évidemment, ça commence par là ! Il existe un tas de vêtement sans boutons (merci les créateurs de mode) et on peut s’habiller assez facilement (surtout quand on est une fille : je suppose que ça doit être un peu plus compliqué pour les garçons).
Il n’empêche que dans les magasins, si je touche malencontreusement un vêtement avec un bouton (même si je ne touche pas directement le bouton), je vais m’essuyer machinalement la main.
Je ne m’en étais jamais rendue compte mais une amie me l’a fait remarquer il n’y a pas si longtemps. Là où ça se complique vraiment, c’est pour les manteaux et les fringues de boulot…
Vous avez déjà essayé de trouver un manteau d’hiver classe, bien coupé, en matière sympa, de la bonne couleur, qui ne se démodera pas [ajoute ici ton propre critère] sans boutons ?
Eh bien je vais vous dire : à part les doudounes ou les manteaux de ski, c’est pas de la tarte. Surtout qu’il y en a où les boutons ne servent QUE de décoration, et là il faut vraiment m’expliquer le concept !
Bref, du coup, quand je trouve LE manteau parfait après avoir épluché tous les magasins, je le garde le plus longtemps possible.
C’est le même combat pour les fringues « sérieuses », qui suivent le dress-code parfois rigide du monde professionnel. Un blazer sans boutons ?
Hahaha, c’est limite une mission à la Ethan Hunt… donc j’ai banni les tailleurs et autres réjouissances de ma penderie. Je suis vraiment heureuse de ne pas avoir à porter d’uniforme, parce que là je ne sais pas comment j’aurais fait.
Je serais jamais sortie de chez moi, VOILÀ.
La fibulanophobie et l’école
Je n’ai jamais rencontré de gros problèmes à l’école, sauf dans deux disciplines : la peinture et la chimie. Mais si, la peinture, tu sais, quand tu es à la maternelle et que la maîtresse te met un tablier pour pas te salir ?
En général, celui-ci est un vieux vêtement, souvent une chemise… Merci maman : j’ai eu le droit de ramener de vieux t-shirts de mon père pour éviter le scandale.
Pour la chimie, c’est comme la peinture ; tu dois porter une blouse pour les travaux pratiques où tu fabriques du savon et autres joyeusetés.
En plus, pour ne rien arranger, c’est ce domaine que j’ai choisi pour mes études ! Bref, je peux vous dire qu’avant que j’achète une blouse à boutons-pression, les TP n’étaient pas une partie de plaisir.
Les enfants, ces créatures démoniaques
Je n’ai pas d’enfants (Dieu merci), mais j’ai fait du baby-sitting et c’était dur. J’ai déjà envoyé un gosse se faire habiller par son frère parce que c’était trop difficile pour moi. Presque TOUS les vêtements pour enfants ont des boutons…
Je dis donc respect à ma maman pour avoir réussi à composer avec mon problème pendant toutes ces années. Maintenant, je ne sais pas comment je vais faire si j’ai des enfants un jour, du coup j’ai décidé que c’était une raison valable pour ne pas en avoir. Voilà !
Boys, boys, boys
On en vient au point essentiel, sûrement le plus compliqué à gérer au quotidien !
Commençons par la chemise. Je ne pourrai jamais trouver attirant un mec en chemise ou en costard. Trop de boutons. Ce qui fait aussi que je me pose de sérieuses questions sur mon (éventuel) futur mariage !
Mais on en est pas encore là ; le plus important est que si je sors avec un garçon portant une chemise, je vais avoir beaucoup de mal à oublier ce détail. C’est assez horrible parce que souvent, pour un premier rendez-vous ou une soirée, pour le boulot ou pour avoir l’air élégant, il est connu que la chemise est LA solution.
« Tu reviendras à table quand tu te seras changé, Walt. »
Un jour, un de mes potes a voulu faire «
comme dans les films » et a arraché sa chemise d’un coup. L’un des boutons a valsé et est venu cogner contre mon front. Je n’étais pas préparée et ça m’a prise par surprise.
Quatre ans après, en écrivant cet article, je peux encore sentir la zone d’impact et l’horrible sensation de dégoût qui m’a envahie…
La chemise, c’est vraiment le pire pour moi, et si j’arrive à passer outre et que ça va plus loin (ça aide s’il y a Ryan Gosling ou Ian Somerhalder dans la chemise par exemple), le gars va quand même être obligé de l’enlever tout seul.
Et je vous jure que je fais des efforts, parce qu’avant d’en arriver à la partie « retirons cette chemise », il y aura quand même eu toute une série d’embrassades et de proximité physique (à moins qu’on ne soit vraiment pressés) pendant lesquelles j’ai pris mon mal en patience en ne disant RIEN !
Si en plus le jeune homme en question porte un caleçon, il peut être sûr de pas le garder longtemps.
Non mais SÉRIEUSEMENT, à quoi servent ces deux boutons qui se battent en duel sur les caleçons ? À RIEN ! Alors merci du fond du cœur à l’inventeur du boxer !
Du coup, je ne pourrai jamais faire la fille sexy des comédies romantiques qui se réveille le matin et « Oh mon Dieu je ne retrouve plus mes vêtements, pas grave, je vais juste mettre la chemise de mon amant et aller prendre mon petit déj ». JAMAIS.
Ça me demanderais beaucoup trop d’efforts et de concentration. C’est un peu frustrant parce que c’est le comble du cliché sexy, mais après tout, c’est quand même bien plus cool de se balader nue…
Brrrrr.
En conclusion, être fibulanophobe c’est pas si terrible, ça demande juste une bonne gymnastique d’esprit pour trouver des alternatives : on peut très bien vivre avec. C’est comme l’arachnophobie en fait, mais en plus insolite…
Je n’ai jamais essayé d’en comprendre les origines (peut-être qu’il faudrait que j’aille voir un psy ou que je tente l’hypnose, tiens !) et je ne compte pas vraiment le faire.
Je n’essaie pas non plus de m’obliger à faire des efforts, même si j’ai fait de gros progrès en grandissant. Tant que personne ne me force à porter des boutons, je me porte très bien, finalement !
Je sais que si je pouvais sauver l’humanité en enfilant une chemise, je le ferais sans problèmes, mais je n’ai pas envie de me forcer au quotidien. Après tout, je n’aime pas non plus le cassoulet, et rien ne m’oblige à en manger !
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Les Commentaires
Mais SURTOUT ! C'est une super anecdote à raconter... !