En France, tout le monde a le droit à la santé, y compris les criminel•les, donc.
Un jeune infirmier a été interrogé par Arte Radio. Il raconte en dix minutes à peine ce qu’il ressent à réaliser ce métier auprès de personnes mises au ban de la société.
Il travaille dans un service qui accueille des détenu•es très surveillé•es, que ce soit des assassins, terroristes ou pédophiles.
Un témoignage emprunt de bienveillance et parsemé de doutes que je vous propose d’écouter. L’extrait audio ne dure que 10 minutes mais il réussit à faire passer par de nombreuses émotions différentes.
« Réparer les méchants », le témoignage d’un infirmier qui soigne des criminel•les
Dès le début du podcast, le ton est donné : on entend l’infirmier parler du cas d’un patient qui a torturé une personne âgée lors d’un cambriolage
. La victime est décédée d’une crise cardiaque causée par la douleur.
« C’est un patient calme, gentil et combatif face à son cancer. Il n’évoquera jamais le sujet. Et il est complètement apprécié de l’équipe du service. »
Il raconte alors ce fait étonnant : selon lui, ce sont souvent les gens qui ont commis les pires crimes qui sont les plus faciles à gérer, et les plus polis.
« Au fur et à mesure que l’on travaille dans ce genre d’endroit, on va naturellement oublier que ce sont des détenus avant d’être des patients et on va les prendre en charge de manière tout à fait objective. »
Un objectivité qu’il explique constamment remettre en question, quand il rentre chez lui le soir par exemple.
« Je pense que c’est normal de se demander si c’est logique et bon de soigner des gens qui ont fait le mal. »
S’il comprend parfaitement que cela peut être inconcevable pour des familles qui ont perdu des proches de voir le ou la coupable soigné•e, il explique trouver parfois un sens inattendu à ses actions.
« Quand j’ai été amené à m’occuper de patients qui pouvaient être en lien avec le terrorisme, j’avais un blocage total. Mais finalement quand je m’occupais de ces patients, j’avais une certaine satisfaction à le faire.
Pour moi, c’est la meilleure réponse au terrorisme d’être terriblement bienveillant envers quelqu’un qui nous veut terriblement du mal, c’est la meilleure arme qu’on peut avoir contre eux. »
Mais travailler avec des criminel•les, c’est aussi devoir se plier à des procédures. Tout est fait pour que l’environnement soit sûr : il faut passer des portiques d’aéroport, des portes et encore des portes, et porter parfois des gilets pare-balles.
Un témoignage qui questionne et fait du bien
En avril dernier, je parlais du témoignage glaçant d’une avocate pénaliste. Son métier est de défendre ces mêmes criminel•les devant la justice et sa manière de s’exprimer faisait froid dans le dos.
Ici, l’infirmier exerce une autre profession mais sa pratique peut, elle aussi, bousculer des principes.
Ses paroles sont bien différentes, elles aussi. Il y a beaucoup d’humanité dans sa manière de parler de son travail. Oui, il sauve parfois la vie de personnes qui ont agi terriblement, il ne s’en cache pas.
Mais il ne se cache pas non plus de douter, et c’est grâce à ces paradoxes que sa parole prend le plus de profondeur.
À lire aussi : Comment se mettre à écouter des podcasts ? et lesquels choisir ?
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Les Commentaires
Ceci dit,je suis persuadée que ça arrive tous les jours et pas seulement qu'avec des criminel-le-s. J'avais posté un lien sur une veille permanente d'un forum d'étudiant-e-s en médecine qui évoquait la façon dont le personnel de bloc se foutait de la gueule des gens sous anesthésie,des propos qui allaient parfois très loin,profitant du fait que les gens n'étaient pas censés entendre. Des "vannes" soi disant. Ca n'empêche qu'ilselles seraient bien embêté-e-s d'avoir à s'expliquer sur leurs "vannes",si les gens devaient se réveiller pendant l'opération comme ça m'est arrivé.