Le 14 décembre 2017
La joie de Noël, quand on est une enfant avec une famille plutôt conséquente, ça peut paraître basique. C’est comme avoir deux yeux ou deux oreilles, on a l’impression d’être née avec le full package de la réjouissance de l’Avent.
Des souvenirs d’enfance heureux
J’ai une grande sœur, deux cousins et deux cousines avec lesquels j’ai systématiquement fêté le 24 au soir chez mes grands-parents paternels, dès mon plus jeune âge.
Souvent avec ma sœur, on traînait la patte. Comme dans chaque famille, il y a des fois où tu as plus envie que d’autres de la retrouver. Je me souviens même d’un soir où je voulais absolument voir la fin d’un épisode de Calamity Jane sur Ça cartoone. On arrivait toujours les derniers, ça faisait rire les autres, c’est presque devenu notre signature.
À minuit, le « Père Noël » (tour à tour : mon papi, mon père ou mes oncles, ce qui donnait un Père Noël tantôt âgé, tantôt immense, tantôt avec une moustache noire) passait déposer les cadeaux.
On bâclait chantait Petit Papa Noël, Mon beau sapin et en avant les cadeaux. Mes cousins gardaient les leurs intacts jusqu’à 0h05 et après bye, ils étaient réduits en miettes. Sur le coup, c’était infernal, et maintenant ça me fait beaucoup rire. On a gardé cette tradition (ainsi que celle du couscous du 26 chez mes grands-parents maternels, un choix de repas que je n’ai jamais su expliquer) jusqu’à ce que mon grand-père paternel décède. J’avais 8 ans.
Des événements familiaux qui transforment les fêtes
En y repensant, je reste persuadée qu’il était un pilier énorme pour notre famille et que sa mort a engendré tout un tas d’évènements qui ont fait que cette dernière est cordialement partie en couille.
Une partie de mes souvenirs de fêtes de fin d’année qui suivirent est extrêmement floue.
Ce qui est sûr en tout cas, c’est que l’envie n’y était plus vraiment… On a dû se retrouver ensemble deux, voire trois fois à Noël puis on a lâché l’affaire.
Plus tard, mes parents se sont séparés. Je pense que ce qui a réduit en miettes mes derniers restes de foi en Noël c’est le premier où je me suis retrouvée seule avec ma mère.
Mon père était officiellement parti. Ma sœur était restée dans la ville où elle faisait ses études supérieures, et je crois que c’était trop dur pour elle de rentrer. Sis’, il me semble qu’on en a jamais vraiment parlé mais si je me trompe, excuse-moi.
Quand la colère transforme Noël en moment de solitude
Ce soir-là, ma mère avait essayé de faire de son mieux, elle m’a emmenée voir un petit village décoré de manière adorable et féérique, et puis on a roulé en voiture à la recherche d’un resto, en vain. On s’est retrouvées devant la télé avec Arthur, des toasts et la gorge nouée.
Et on est finalement allées manger le dessert chez la sœur de mon père qui nous a gentiment accueillies et que j’embrasse tendrement.
C’est, à mon sens, le pire Noël que j’ai jamais passé, à cause de ce sentiment de solitude, d’injustice et de colère que j’ai ressenti.
Après ce jour, mes Noëls sont devenus amers et je me forçais à être dans un esprit festif, sans grande conviction. Vous savez, cette joie entendue tout à coup partagée par tout l’univers, juste parce que la période l’exige, qu’on finit par exécrer.
Ce moment où on se met à n’y voir que du commercial, de l’hypocrisie. Et que ça file littéralement la gerbe.
Des belles rencontres, et le retour de la joie de Noël
Ça n’a pas l’air comme ça, mais l’histoire se termine bien, rassurez-vous.
Il y a six ans, j’ai rencontré mon copain. Il a une famille incroyablement soudée. C’est d’ailleurs ce qui la caractérise le plus, à mon sens. Au premier repas face à cette grande tablée où ça parle fort, ça rit encore plus fort, ça crie, j’étais bouche-bée devant le spectacle.
Je me souviens d’ailleurs que mon beau-père me répétait souvent « Tu parles jamais, t’es timide ? ». La vérité c’est que face à un tel tourbillon, oui, j’étais une spectatrice abasourdie, amusée, mais muette.
J’ai vite appris que mon copain avait une grande sœur qu’il a perdue jeune. J’ai vu combien c’était difficile chaque année pour mes beaux-parents de garder le cœur à la fête alors que leur fille avait disparu, qu’elle leur manquait beaucoup ainsi qu’aux frères et sœurs.
Et pourtant ils n’ont pas eu peur de déverser encore plus d’amour, d’être encore plus soudés, d’être toujours plus généreux les uns envers les autres. Si c’est une famille parfaite ? Bien sûr que non. Mais c’en est une qui s’aime BEAUCOUP.
Au fil des ans, je me réjouissais de rentrer dans sa famille, je me demandais ce que j’allais bien trouver comme cadeau pour les surprendre et les gâter.
Ça m’a aussi donné davantage envie de passer du temps avec la mienne, et ça m’a ramené au plaisir fondamental : celui d’être ensemble.
Les bonheurs simples qui m’ont rendu le goût des fêtes
Voici un extrait de tout de ce que j’apprécie maintenant à Noël :
- L’émotion quand on se retrouve avec ma mère ou la famille de mon copain à la gare.
- La montagne de gâteaux différents que ma mère fait à cette période.
- Quand ma sœur râle gentiment parce qu’il en manque une sorte sur les douze.
- Quand on fait le sapin le 24 chez les parents de mon copain et que je me pique les doigts (chez ma mère, on a le même sapin synthétique depuis que je suis née).
- Quand ma sœur me tend son cadeau emballé à l’arrache et qu’elle dit « Il faut… m’excuser », comme Chandler quand il offre son cadeau pourri à Cathy dans Friends.
- Quand mes grands-parents m’offrent la même boîte de chocolats tous les ans.
- Quand mon beau-père me demande à chaque réveillon si je veux goûter une huître (NON).
- Quand on pleure comme des madeleines avec ma belle famille sur le quai de la gare au moment où on part et qu’on fait un maxi câlin collectif.
C’est vrai, j’ai encore un peu les larmes aux yeux quand je chante Mon beau sapin. Mais je suis entourée par un tel océan de love, de tendresse et de joie que je me sens désormais à ma place pendant ces fêtes de fin d’année.
Alors vous qui lisez ces lignes, vous avez peut-être aussi perdu la hype de Noël. Au-delà de Noël — parce que ce n’est « qu’une fête » —, peut-être que vous avez surtout perdu la foi en l’esprit de famille.
Quelles que soient les raisons, si vous en avez envie, sachez que je vous envoie tout l’amour du monde, je pense à vous, et je croise fort les doigts pour que, comme moi, vous la retrouviez bientôt.
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Crédit photo : Toni Cuenca / Unsplash
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