Avant de commencer à lire cette carte postale, vous pouvez monter le volume et écouter un peu de reggaeton pour vous mettre dans l’ambiance. Au hasard ça :
Je m’appelle Solène, j’ai 23 ans, je suis étudiantcartee en deuxième année de master en Commerce Internationale à l’Université de Lyon. Ça c’est pour les présentations officielles.
Sinon, je suis une passionnée de voyage depuis mon année de césure effectuée après ma licence.
J’ai vécu un an en Russie et ça a été le déclic. L’étranger, l’ailleurs, l’inconnu, c’était fait pour moi. Le sentiment de nouveau départ doublé à un anonymat certain me grisait de bonheur.
Au fur et à mesure de mon année dans ce pays, mon mode de voyage a évolué d’un mode « horaires vérifiés / billets achetés / AirBnB loué » à « traverser la frontière Russie-Géorgie en stop parce qu’ il y a du bon vin de l’autre côté ».
Il m’est donc paru évident de repartir en deuxième année de master. Mon choix de destination s’est basé sur 3 critères :
- Une langue suffisamment facile à apprendre pour que je puisse discuter avec les locaux.
- Une culture éloignée de la culture européenne.
- Un autre continent.
Le Costa Rica : une destination choisie sur un coup de tête (ou presque)
C’est sur l’Amérique Latine que mon attention s’est portée… Sauf qu’il y a 20 pays en Amérique Latine.
Alors j’ai continué à chercher, selon des critères plus ou moins fiables, comme par exemple la présence d’université partenaire, la stabilité politique ou tout simplement la gastronomie locale (j’aime manger).
Au final, j’hésitais entre l’Argentine et la Colombie.
Impossible de me décider entre les deux… Alors, le jour de l’entretien avec le service des relations internationales, j’ai décidé sur un coup de tête de plutôt partir au Costa Rica.
Ça sonnait plages, réserves naturelles et jus de fruits à la mangue.
Voilà voilà.
Etant la seule à avoir postulé pour cette destination et ayant un dossier scolaire assez bon, j’ai été acceptée pour partir. Enfin… Le tout sous réserve d’apprendre l’espagnol en 6 mois. Je ne parlais pas espagnol quand j’ai postulé, alors j’ai dû m’y mettre.
Vive les défis !
Mon arrivée au Costa Rica
Le 13 juillet 2017, j’ai donc pris l’avion. Deux sacs à dos, un dictionnaire franco-espagnol, la boule dans le ventre et le sourire aux lèvres. C’était parti pour un an en Amérique Centrale.
Mon échange universitaire se passant à la UCR (Universidad de Costa Rica) située dans la capitale du pays, San José.
J’avais réservé 10 jours dans une auberge de jeunesse, le temps de visiter des maisons étudiantes. Ici les logements étudiants type résidence n’existent pas pour les étudiants en échange.
Ils vivent tous dans des sortes de grandes maisons qu’ils partagent avec des locaux. C’est souvent la bonne ambiance, chaque maison a plus ou moins sa réputation et son style.
A l’arrivée, j’étais surexcitée. Je venais d’achever des mois éprouvants en France, je voulais partir du pays et j’étais à présent à 8 687,21 km de chez moi.
J’avais envie de tout voir, de tout visiter, de tout goûter. J’étais dans une urgence quotidienne directement ramenée de mes habitudes de vie lyonnaise. Il fallait que l’emploi du temps déborde, que les évènements se chevauchent et que les pas s’accélèrent sur le trottoir.
Sauf que le Costa Rica, c’est Pura Vida.
La Pura Vida, un concept propre au Costa Rica
Le concept du Pura Vida, c’est d’apprendre à profiter du moment présent.
Ça signifie se satisfaire de ce qu’on a, d’apprécier ce que la vie nous donne à cet instant.
C’est se dire qu’il y a toujours plus malheureux que nous, alors le mieux reste de profiter sans se plaindre. Ralentir et respirer… L’opposé de ce que je faisais en arrivant.
Ici on prend le temps, parfois un peu trop, mais au moins il n’y a pas de pression.
Alors évidemment, une fois les premières semaines d’euphorie à remuer mon sac à dos plus vite qu’un bon twerk des familles, il a bien fallu que je ralentisse le rythme. Et c’est là que le bât blesse.
Le contre-coup d’un déménagement au Costa Rica
En quelques semaines, j’avais voulu parcourir tout le pays, me reconstituer le même cercle d’amis que celui que j’avais quitté et parler parfaitement espagnol.
Evidemment, aucun de ces trois objectifs n’étaient atteints.
Alors ce fut le début d’une période que j’appellerai les eaux troubles de l’existence. Un peu comme si quelqu’un s’amusait à remuer tous les micro-organismes qui constituent normalement le doux aquarium qu’est ma vie.
J’alternais des phases euphoriques et des phases de gros doutes…
Un temps, je profitais des fins de semaine pour visiter les plages des Caraïbes, à boire du rhum en mangeant du « rice and beans » (plat de riz et haricots rouge cuits dans du lait de coco).
Le jour d’après, je me demandais ce que je faisais ici.
Comment ces doutes m’ont suivi des semaines au Costa Rica
Heureusement, mes cours étaient passionnants, avec un niveau universitaire et des exigences vraiment élevées (ce qui me plait).
Cependant, à mesure que les semaines avançaient, mon moral n’arrivait pas à rester au beau fixe.
C’était la saison des pluies et j’avais l’impression de me sentir noyée sous les trombes d’eau des tempêtes tropicales.
J’aimais l’université mais je détestais San José.
Chaque week-end, j’essayais de m’échapper et dès que je revenais, je retrouvais une ville polluée, chère, avec beaucoup de voitures et peu de choses à faire.
Et puis, une nuit dans les montagnes, j’ai eu un déclic.
Mon déclic au Costa Rica
Même si je n’étais pas toujours au top, j’avais commencé à m’investir dans pas mal de projets sociaux à San José, comme de la distribution de nourriture, des cours, ou la réalisation de portraits photos pour les femmes transgenres, etc..
Tous ces projets m’ont amenée à me retrouver dans une communauté indigène, appelés les Cabécare. Je donnais des cours d’anglais à l’école primaire du village.
C’est un soir, toute seule dans cette maison en bois, que j’ai finalement pris conscience de mes blocages et de ce qui m’empêchait de profiter pleinement de mon expérience au Costa Rica.
Ma vie était loin de ressembler à celle que j’avais imaginée en venant vivre dans ce pays. Je ne vivais pas dans une petite paillotte face à une mer turquoise, le tout en buvant de l’eau de coco. Il m’était difficile de lier des amitiés avec les locaux car les codes sociaux ici sont bien différents.
Par exemple, les locaux n’invitent jamais chez eux pour faire des apéros ou des dîners… Ce qui était quelque chose que je faisais facilement plusieurs fois par semaine en France.
Mais là, j’ai compris que c’était ça aussi la magie du voyage : se faire bousculer dans des idées, dans ses préjugés, qu’ils/elles soient positifs ou négatifs. On pense savoir s’adapter et finalement certaines choses auxquelles nous n’avions pas penser deviennent de vrais défis personnels.
Costa Rica : comment la Pura Vida m’a sauvée
Alors j’ai pris le parti de la Pura Vida.
J’ai commencé à regarder tout ce que j’avais autour de moi :
- Une auberge de jeunesse fabuleuse (car finalement j’y suis restée) où j’ai des bons potes et des nouvelles têtes tous les jours.
- Des fruits exotiques dans chaque marché.
- Des dizaines d’endroits à découvrir.
- Un niveau d’espagnol qui ne cesse de s’améliorer.
- Du temps pour lire, écrire et m’améliorer en photo.
- Je peux manger des bananes plantains à chaque petit-déjeuner.
- La nature du pays est luxuriante et je peux croiser des paresseux dans les arbres de mon université !
Après mon année à voyager en Russie, tout le monde me disait :
« Piouf, après la Russie, ça va être trop facile le Costa Rica »
En fait, ça ne l’a pas été du tout. On n’est jamais assez prêt•es, jamais assez expérimenté•es.
J’ai néanmoins compris qu’à défaut d’être préparé•es; on peut toujours garder le cœur ouvert et les yeux curieux.
Pura Vida.
À lire aussi : Carte postale d’Amérique latine — Une culture de l’hospitalité
Toutes les photos sont de l’auteure du témoignage, merci à elle !
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Les Commentaires
Est-il facile de sortir de San José en transports genre bus ou il faut absolument une voiture?