Publié initialement le 8 décembre 2011
Tout d’abord je suis atteinte d’une alopécie aerata voire totalitis à tendance universalis (encore un truc un peu compliqué auquel personne peut répondre). Je suis « malade » depuis que j’ai deux ans. Ma maman a remarqué à cette époque que j’avais des petits ronds sans cheveux au milieu de ma fabuleuse crinière de princesse.
À partir de cet instant j’ai commencé un chemin de croix parsemé de « spécialistes », de médicaments plus ou moins miraculeux, et de situations gênantes.
Et je vais tout vous raconter…
Les « spécialistes »
Avant de m’étiqueter « peladique », les spécialistes (c’est-à-dire les : Pédopsychiatres, Psychologues, Dermatologues, Magnétiseurs, Médecins, et Professeurs spécialisés en tout genre) ont d’abord pensé qu’à deux ans je pouvais m’arracher les cheveux toute seule.
Hypothèse pour le moins saugrenue quand on sait que je passais ma vie à vomir à cette époque (une autre histoire loufoque, mais il paraît que c’est de famille). M’enfin tout le monde y a cru jusqu’à mes cinq ans. Je soupçonne d’ailleurs ma famille de m’avoir épiée en train de jouer aux Barbies et aux Playmobil.
Après avoir écarté la Trichotillomanie, mes parents (enfin plus ma mère qui est coiffeuse, comme dans une mauvaise blague Carambar : Quel est le comble pour une coiffeuse ? Avoir une fille qui perd ses cheveux sans raison) ont recherché d’autres pistes, d’autres hypothèses à tester.
C’est ainsi que j’ai fait moult prises de sang et autres examens. Toute mon enfance j’ai été trainée de docteurs en psychologues pour trouver l’origine de mon problème et de fait la solution.
Aujourd’hui rien que pour vous je fais le Palmarès des meilleurs spécialistes et de leur traitement :
- Le magnétiseur et son eau magique (un peu verdâtre) qui devait activer mes glandes sympathiques, mais qui en fait me faisait dormir…
- La psychologue qui me dit que m’arracher les cheveux c’est mal et que ce n’est pas parce que mon ami imaginaire me le demande que je dois le faire. (Avec le recul, je pense qu’elle avait plus de problèmes que moi).
- Le pédopsychiatre qui ressemble à un camé, et qui pense que connaître le fonctionnement d’un radiateur peut m’aider à faire pousser mes cheveux.
- La dermatologue complètement barjot qui veut tenter de nouveaux trucs : l’azote liquide, « un médicament qui sert pas forcément à faire pousser les cheveux mais qui peut fonctionner » (notons que ce médicament m’a permis de me raser la barbe, au moins une fois dans ma vie).
- Le professeur qui te considère comme une bête étrange parce que « c’est exceptionnel je n’ai jamais vu ça ». En effet, pour lui, une pelade est quelque chose de temporaire (disons 5 ans maximum et après t’as plus d’espoir) qui apparaît généralement à la puberté (j’aurais donc fait ma puberté à deux ans ?). Son traitement miracle ? Mettre une perruque, car j’étais sans espoir !
Et un prix spécial pour une charmante dame de l’Éducation Nationale qui pensait que sous-prétexte d’avoir des problèmes de pilosité évidents, je ne pouvais pas suivre une scolarité normale (et toc pour toi, je suis en Master maintenant !).
La pelade au quotidien
Dans mon enfance et mon adolescence j’ai été bercée par des phases de repousses (partielles et totales) et de pertes (partielles et totales) de cheveux. Ma mère a donc appris à camoufler les petits ronds chauves de mon crâne.
Mais il y avait bien des moments où camoufler était impossible, et dans ces situations on rencontre toujours le « petit con du coin », celui qui va te montrer du doigt en disant à son pote « T’as vuuuuuuuuuu, elle a pas tous ses cheveux, ça doit être contagieux. FAUT PAS S’APPROCHER D’ELLE ! ».
Je dois quand même avouer que je suis souvent tombée sur des gens compréhensifs et particulièrement géniaux, qui ont su me faire oublier que, quelque part, j’étais différente d’eux. Depuis cinq ans, j’ai décidé de me cacher en portant une prothèse capillaire (ou perruque) et de ne plus me soigner.
Je dois dire que ça a changé ma vie, même si au départ je l’ai fait pour ma famille car je sentais que je leur faisais porter un certain poids sur les épaules. Ainsi me « cacher » me permettait de ressentir ce qu’était « la normalité ».
Aujourd’hui je choisis donc mes cheveux sur catalogue. Pour les mariages et autres événements, ma mère me fait des chignons avec une de mes anciennes chevelures.
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Point sur les perruques
Ça coûte cher : en moyenne 470€ pour des cheveux synthétiques et 1500€ pour des cheveux naturels. (Soulignons que la sécu me rembourse 125€, soit de quoi ne me payer ni l’une ni l’autre).
Une perruque en cheveux synthétiques a une durée de vie de 1 an et demi (le soleil, les frottements sur les vêtements, etc… abîment très vite une crinière de princesse). On ne dort pas avec, ce qui donne lieu à des situations comiques avec le mâle de tes rêves (le mien s’imagine avoir deux « bibou » : celle du jour et celle du soir, de quoi me rendre schizophrène en somme).
Les situations comico-embarassantes d’être chauve :
- Demander une dispense de piscine pour cause de port de prothèse capillaire
- Devoir expliquer à quelqu’un pourquoi je ne peux pas me garer sur une place handicapé même si j’ai une maladie à durée indéterminée
- Prouver par A+B au crush de mon adolescence que je ne suis pas contagieuse et que donc on peut se papouiller en toute liberté.
- Expliquer à son nouveau médecin traitant que « je ne veux pas me soigner », car à l’heure actuelle je me considère juste comme une fille sans poils et pas comme une malade à guérir.
- Avoir une prof tellement émerveillée par « ma force de caractère » et mon côté « survivor » qu’elle me sur-notait à chaque DS.
- La proviseure du lycée qui m’avait complimentée sur ma nouvelle coiffure à la rentrée scolaire (à cette époque je ne portais pas encore de perruque et je venais de perdre tous mes cheveux, on peut donc dire qu’elle avait du tact).
Les trucs trop cool de ma vie de chauve :
- Je me lave les cheveux une fois par semaine (avec un shampoing qui coûte 10€ et qui dure deux ans)
- Je me coiffe la veille
- Je ne me suis jamais rasé les jambes (oui oui, j’ai une peau de bébé !)
- Je n’ai pas de poils (sauf un peu à l’aisselle gauche une fois tous les deux mois)
- Je fais des économies (coiffeur, shampoing, esthéticienne, cire, épilateur, etc…)
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