Depuis la fin de l’hiver, La Belle et ses Princes a repris chez les oiseaux. Traditionnellement, on appelle plutôt ça la saison de reproduction, et les parades nuptiales qui vont avec, mais c’est la même chose : une ribambelle de mâles s’affrontent et sortent le grand jeu pour séduire la femelle, afin de gagner le droit de se reproduire, d’accéder à la gloire, et probablement aussi un peu de kiffer.
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Chaque espèce a ses propres techniques de drague, qui s’apparentent souvent à des rituels très complexes — à effectuer sans bavure, sous peine de perdre les faveurs de la dame. Un exercice plutôt technique, lors duquel la moindre erreur peut se solder par une saison entière sans niquer… Or, devant un tel enjeu, les mâles à plumes ont tendance à se tourner vers trois options, déclinables à l’infini : l’exhibition, le déploiement de ses aptitudes personnelles, et… la danse.
Voici donc une sélection toute personnelle des meilleures techniques de dragues de nos amis à plumes. Sont-ils cocasses, ces chers petits !
Les oiseaux qui misent tout sur le style
Certains oiseaux, au plumage savamment coloré, savent mettre leurs atouts en avant. Dès lors qu’il a exercé son talent de chanteur pour attirer l’attention de la femelle (bien que d’autres préféreront se planter devant elle ou lui tomber dessus), le mâle va tout mettre en oeuvre pour la convaincre du bien-fondé de son choix, pour peu que celle-ci décide de copuler avec lui. Et pour ce faire, il va se pavaner.
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Riez, mais c’est très sérieux ! De la même manière qu’un bipède mâle va subtilement (ou non) mettre en avant ses attributs sexuels pour prouver son aptitude, l’oiseau va procéder à une sorte de préliminaire qui n’engage certes que lui, mais qui doit prouver à madame que oui, il a tout ce qu’il faut pour l’aider à pondre des oeufs bien solides.
« Hé, regarde-moi, hé, hé, regarde, t’as vu mes plumes, hé, ho, hé ! »
Même le pigeon joli, que vous ne daignez apercevoir que lorsqu’il s’agit de lui courir après, a son petit rituel. Il tourne sur lui-même en finesse, et gonfle ses plumes, peut-être pour donner l’illusion qu’il en a un gros (de cloaque). Mais à part sa belle queue aux allures de froufrous, il n’a pas grand-chose à mettre en avant… contrairement au paon, qui fait sa roue, au faisan, qui fait son gros tas de plumes, ou encore à la frégate superbe (fregata magnificens) qui porte bien son nom.
La frégate mâle est en effet doté de ce qu’on appelle un sac gulaire, une grosse poche rouge sur la gorge. Quand vient la belle saison, faute de pouvoir faire saillir autre chose, la frégate gonfle cette poche à l’extrême pour se pavaner devant madame. Ce qui lui donne, assurément, un air imposant (quoi qu’on se demande comment il avance avec tout ça) ; pour ne rien gâcher, il peut émettre des sons mélodieux qui ne manqueront pas de charmer la femelle !
Ou alors il roule.
Les oiseaux qui sont aux petits soins
Mais tous les plumages et les ramages du monde ne vaudront jamais les petites attentions. D’ailleurs, en terme de romantisme et de « awww », aucun oiseau ne peut faire mieux que le manchot empereur. Pensez : chaque année, mâles et femelles parcourent dans les 60 kilomètres sur la banquise afin de retrouver le bon emplacement pour faire des bébés. Les chandelles et les pétales de rose ? Bah, c’est ringard !
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(Bon, après, les manchots empereurs sont réputés pour se reproduire dans la région la plus inhospitalière du monde, j’ai nommé l’Antarctique en plein hiver. On pimente sa vie de couple comme on peut, hein.)
Regardez comme ils sont beaux, comme le caméraman en fait trop est ému :
Ceci dit, le pragmatisme est peut-être plus évident chez d’autres oiseaux qui, eux, font des cadeaux purement pratiques à madame. Se bécoter et se lisser mutuellement les plumettes comme des tourterelles, c’est bien mignon, mais c’est pas ça qui va bâtir le nid, hein.
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Chez de nombreuses espèces, le mâle offre un petit quelque chose à manger à la femelle pour la conquérir, le coeur étant après tout bien proche de l’estomac. Vous aimez recevoir des chocolats et des bonbons, parce que les fleurs, ça n’se mange pas ? Madame piaf, elle, apprécie une petite chenille bien dodue.
Mais le cadeau le plus populaire, c’est la brindille, l’herbe, la feuille, ou la moindre petite chose qui servira de matériau, et en l’occurrence de première pierre sur laquelle l’heureux couple bâtira son nid. Voyez le Mérion superbe, par exemple. Il a l’air tout mignon, tout fragile, tout joli… Eh bien, lui, au moins, il sait montrer qu’il fera un bon père en offrant sa plus belle brindille à l’élue de son coeur. Et vous ? Mmmh ? Vous avez un prêt immobilier ? La belle affaire.
Couple de mérions choupis.
Cependant, il a encore du chemin à faire avant d’arriver à la cheville de l’oiseau jardinier. Celui-ci, comme son nom l’indique plus ou moins, fait carrément une démonstration de ses talents à la femelle en bâtissant un chef-d’oeuvre d’architecture, afin de l’y attirer (en mode « j’ai vu de la lumière et je suis entrée »).
Notons pour casser un peu tout ce romantisme gluant qu’une fois la femelle installée, les oeufs pondus et la descendance en marche, monsieur se casse pour reproduire son manège avec d’autres femelles. C’est du joli, tiens.
Les oiseaux… qui dansent (bien)
Chez les grèbes huppés aussi, on s’offre (mutuellement) des paquets d’herbes mouillées de façon symbolique. Mais c’est loin d’être le plus impressionnant, dans la parade nuptiale de ces beaux oiseaux aquatiques ! Figurez-vous que les grèbes, mâle ou femelle, sont d’excellents danseurs — et pour se déclarer leur amour, ils exécutent à l’unisson un formidable ballet aquatique, qui me fait rire autant qu’il m’émerveille.
Bon, ils sont loin d’être les seuls oiseaux à tester leur compatibilité avec une petite chorégraphie étudiée. Les rapaces sont réputés pour leurs parades aériennes pas piquées des hannetons, lors desquelles les deux oiseaux volent, se laissent tomber, tourbillonnent et repartent vers les nuages ensemble. La grande classe.
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Personnellement, je préfère les situations où le mâle donne tout ce qu’il a pour épater la femelle. Ça a peut-être l’air peu égalitaire dit comme ça, mais il faut dire qu’ils se donnent tellement du mal que les parades des oiseaux danseurs sont souvent des spectacles fabuleux. C’est à celui qui sera le plus fort, et le plus talentueux.
Parmi ceux-là, on compte par exemple le colibri, qui doit être impressionnant à son échelle, ou encore et surtout le manakin, qui fait si bien le moonwalk…
La plume, pardon, la palme revient néanmoins sans conteste au paradisier, ou oiseau de paradis, inégalé à ce jour en terme de parade amoureuse dansante. L’oiseau de paradis se sert de tous ses atouts en gonflant et déployant son beau plumage, et globalement en sortant tout ce qu’il a, avant de se lâcher. Il crie, il émet des vibrations avec ses ailes et sa queue, il se suspend la tête en bas en faisant le kéké, mime l’épilepsie à merveille et, une fois que la donzelle a enfin daigné descendre…
Il danse.
Avouez qu’il y a du niveau.
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