Il y a encore quelques mois, je détestais Taylor Swift. Enfin bon, « détester », c’est un bien grand mot, tout de même, c’est un peu fort. On déconne pas avec la détestation, et je suis super sérieuse quand je dis ça : je trouve presque ça grave, de réellement détester des gens.
Mais bref, là n’est pas le sujet : l’idée, c’est qu’il y a encore pas très longtemps, j’étais vachement agacée par Taylor Swift. Je me souviens, on était plein dans ce cas dans mon entourage, et on se marrait à se moquer un peu d’elle dès qu’elle faisait quelque chose ou qu’il se passait un micro-évènement dans sa vie.
À lire aussi : Get the attitude : Taylor Swift
Et puis d’un coup, alors que je rajoutais Shake it off à ma playlist pour me remonter le moral les jours de pluie, j’ai tilté : maintenant, je l’aime bien, je l’aime beaucoup. Bien sûr, elle a changé musicalement : ses compositions sont moins sages, moins country, plus énergisantes selon mes goûts, ses paroles sont plus drôles ou profondes, plus matures en tout cas… Mais surtout, j’ai réalisé que j’aimais la personnalité publique !
Retour sur un amour inattendu entre Taylor Swift et moi.
Taylor Swift, une chanteuse avec une vie privée
Un des trucs qui m’agaçaient le plus, chez Taylor Swift, c’est que j’étais super choquée de voir qu’elle parlait de ses ex dans ses chansons… Ou tout au moins, d’imaginer qu’elle parlait de ses ex dans ses chansons. Certains médias, certains détracteurs s’amusaient à l’époque à analyser ses paroles (parfois effectivement assez évidentes) pour deviner de laquelle de ses aventures du passé elle se plaignait.
Effectivement, il y avait bien quelques indices dans les paroles ou dans le physique des acteurs de ses clips ; un, en tout cas, dans le clip de We Are Never Ever Getting Back Together où le comédien a de faux airs de Jake Gyllenhaal, avec qui elle a fait du touche-pipi. Enfin, je crois. Avec qui elle est sortie en tout cas.
Et il est vrai que Jake Gyllenhaal, Harry Styles, Taylor Lautner ou John Mayer, on les connaissait, puisque Taylor semblait enchaîner les célébrités. Ce que je ne réalisais pas, en contribuant à ces moqueries que j’imaginais sans conséquence, c’est que je faisais du mal à l’image et des femmes, et des artistes.
Parce que, oui, d’une certaine façon, je faisais pas du bien à l’image des femmes… Je crois même que d’une certaine façon, je faisais du slut-shaming. Comment ? Quoi ? Pourquoi ?
À lire aussi : Je veux comprendre… le slut-shaming
Bah en fait, c’est simple : je critiquais Taylor Swift parce qu’elle enchaînait les relations avec des mecs célèbres. Sauf que, qu’est-ce que ça peut bien me foutre qu’elle sorte avec des personnes connues ? En quoi ça me regarde, qu’elle passe d’une paire de bras à une autre ? Je ne voyais que ce que la presse people voulait bien me montrer des relations qu’elle entretenait, déjà, et puis surtout, vraiment, qu’est-ce qui me donne le droit de juger d’une façon ou d’une autre ses choix de vie, et ses façons de les vivre ? Rien, je te le dis tout de go sans tournicoter de la fesse.
Scoop : l’inspiration ne vient pas du lobe d’oreille
C’est fou le temps que j’ai mis à lui accorder le droit de faire ce qu’elle voulait alors que je me battais pour ce même droit. Oui, elle avait des relations avec des gens connus, mais rien ne nous disait qu’elle n’avait des relations QU’avec des gens connus, et puis surtout, est-ce qu’il y a plus naturel que de choper dans son environnement ? Son quotidien à elle est fait, entre autres, de rencontres avec des gens du show biz, comme moi je peux rencontrer un mec dans un café ou un évènement presse. C’est simplement une question de logique.
Et puis, quand bien même… Merde, Taylor, tu me dois aucune explication, je sais que tu le sais, mais je tiens à le rappeler à la face du monde.
Je lui en voulais, prétendument « pour l’image des femmes », de se rabaisser à régler ses comptes en public, dans des chansons. C’était stupide de ma part, parce que je jugeais sa façon de gérer les ruptures, et qu’en plus, j’avais pas saisi un truc : quand t’écris, des chansons ou des nouvelles ou des romans ou des sketchs, on va pas se mentir, ta vie personnelle est plutôt le meilleur des engrais. C’est très probablement une des raisons de son succès, cette espèce de fausse impudeur qui rend ses textes plus honnêtes et donc, plus universels.
Son autodérision
De mémoire d’être humain, je connais pas des masses d’artistes qui, en pleine gloire, ont été autant moqués que Taylor Swift à ses débuts. Heureusement, elle a toujours su plutôt bien gérer les critiques.
Taylor Swift est maniérée quand elle est émue, du coup Kristen Wiig la parodie dans le Saturday Night Live. La chanteuse, alors âgée de 23 ans, déclare que ça l’a tellement fait rire qu’elle en a oublié qu’elle faisait, en étant toute excitée par le rire, exactement les mêmes expressions que l’actrice. Ça, c’était en 2012, déjà, à l’époque où j’étais encore gnagnagna, vraiment cette chanteuse avec ses p’tites bouclettes et son p’tit air sage n’importe quoi.
Maintenant, c’est encore mieux : en octobre 2014, elle sortait 1989 (comme son année de naissance). Quelques mois plus tôt, en août, elle dévoilait Shake It Off, le premier extrait, ainsi que le clip qui va avec. Que ce soit en danse classique, en hip hop, en danse contemporaine ou autre, on la voit toujours à la masse, mais heureuse de bouger son booty. Une belle façon de rappeler que oui, merci, elle est au courant qu’elle n’a pas un sens du rythme tout à fait évident, comme on peut le voir quand elle se lâche pendant les prestations des autres artistes lors des remises de prix.
À lire aussi : « Shake it off », le nouveau clip dansant de Taylor Swift
C’est ça, toute la beauté de la personne qu’est Taylor Swift : elle ne se prend pas au sérieux plus que de raisons.
Autre « stratégie » de défense : dans le clip du deuxième extrait de 1989, Blank Space, elle tourne cette fois-ci en dérision les clichés qui lui collent au slip et la voudraient croqueuse de jolis garçons, complètement tarée dès qu’elle est en couple et faisant fuir malgré elle les mecs qui l’approchent. On la voit craquer, complètement, dès qu’elle se fait quitter et être pleine de haine et de rancoeur jusqu’à ce qu’un autre garçon lui montre un peu d’affection et qu’elle retombe dans la même « routine ».
Une jolie façon de rappeler qu’elle est consciente de ce qui se dit à son propos et, probablement de faire une petite pichenette sur le front de ces détracteurs qui pensent si bien la connaître alors qu’en fait, pas du tout.
Taylor Swift et ses fans, la mignonnitude
Et puis, surtout, j’aime Taylor Swift parce qu’elle a l’air d’être la star la plus sympa du monde avec ses fans. L’année dernière, elle a fait parvenir pour Noël des cadeaux à certains d’entre eux et a surveillé leurs comptes sur les réseaux sociaux pour observer leurs réactions (spoiler alert : elles étaient bonnes).
Elle a défendu Lucy, une de ses admiratrices moquée et insultée sur son physique, dans une vidéo où celle-ci ouvrait le colis envoyé par son idole.
Taylor a également fait jouer certains de ses fans dans le clip de Shake It Off. Elle leur parle avec beaucoup d’affection sur son compte Twitter, leur rend service quand elle peut, les rencontre dès qu’elle peut, interagit autant que possible avec eux. Un article du Telegraph recense dix actions monstrueusement cool qu’elle a fait pour son public.
C’est ça que j’aime tellement chez elle, elle fait pas la blasée : elle assume d’être contente de tout ce qui lui arrive, des récompenses qu’elle gagne, des gens qui adorent sa musique et sa personnalité, elle assume d’avoir envie de danser quand de la musique l’enthousiasme, même si elle danse « mal »… Elle essaie de rendre avec tout l’enthousiasme du monde ce qu’elle récolte et bordel, ça fait plaisir à voir.
Je crois qu’on a tellement à apprendre de Taylor Swift, en terme de confiance en soi et en les autres.
Sois ma Sistah, viens, on rira ensemble, on fera des grosses bouffes et des selfies nuls sur Instagram, on répondra aux gens relous sur les réseaux sociaux qui embêtent tes fans et ce sera bien.
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires