Se remettre d’une situation de violences conjugales peut être difficile… Et parfois les solutions proposées sont pour le peu surprenantes.
Zhenya Zakhar, 33 ans, vit à Oufa, une ville située dans l’est de la Russie. Elle tatoue depuis 2005.
Après être tombée sur un article présentant une tatoueuse brésilienne offrant depuis 2013 ses services aux victimes de violences domestiques, elle a décidé de faire de même, dans sa ville.
Tatouer pour aider les victimes de violences conjugales
Tous les lundis, l’artiste ouvre gratuitement les portes de son studio à ce public un peu particulier. Elle s’est expliquée auprès de France 24.
« Quand ces femmes arrivent, elles sont souvent complexées en raison de leurs cicatrices, qu’elles trouvent laides, même si elles sont parfois très petites. (…)
Une fois le tatouage réalisé, les femmes pleurent souvent en voyant le résultat.
Mais ce sont des larmes de bonheur, puisque leurs cicatrices ne sont plus visibles. Du coup, elles n’ont plus honte de leur corps et repartent transformées. Cela leur permet d’oublier le passé… »
Malheureusement, ce n’est pas le travail qui manque à cette tatoueuse.
Elle raconte avoir déjà réalisé 200 tatouages dans ce cadre et elle aimerait par la suite se déplacer dans d’autres villes, à la rencontre de femmes qui n’ont pas les moyens de se rendre à Oufa.
Les violences conjugales, un véritable fléau en Russie
Zhenya Zakhar le dit bien : toutes les femmes qu’elle reçoit sont différentes. Chacune a son histoire, à chaque fois terrible.
« L’une d’entre elles m’a raconté que son compagnon – avec lequel elle vivait depuis trois ans – lui avait tiré dessus avec un pistolet juste avant leur mariage civil, dans la pièce adjacente à celle où il devait être célébré.
Une autre femme m’a dit qu’elle avait été battue par son mari, au niveau du ventre et de la poitrine. Ses coups n’avaient pas laissé de traces visibles sur son corps, mais on a découvert plus tard qu’elle avait des caillots dans le sang, notamment à côté des ovaires.
Du coup, elle a dû être opérée – ce qui a laissé des cicatrices sur son corps – et elle ne pourra plus avoir d’enfant. »
Alors tout cela prend une résonance particulière quand le 7 février dernier, le président Vladimir Poutine promulgue la loi sur la dépénalisation des violences domestiques, commuant ainsi les deux ans de prison encourus en amende.
La tatoueuse s’insurge.
« Avec ce texte, on laisse le champ libre aux hommes violents.
Ça ne peut que faire empirer les choses pour les femmes, même si je n’ai pas encore remarqué de différence depuis sa promulgation. »
Aujourd’hui reste alors l’espoir d’une évolution. Après tout, la tatoueuse le dit bien :
« Rien qu’avec quelques projets comme le mien, on pourrait déjà progresser. »
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