C’est la nouvelle de cette semaine qui a secoué la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), la toute récente formation politique visant à rassembler la gauche pour peser dans les législatives. Alors que le journaliste et militant Taha Bouhafs (que Madmoizelle avait reçu et interviewé début 2022 pour son livre Ceux qui ne sont rien) venait d’annoncer son retrait de la campagne législative, Mediapart a révélé les raisons de ce revirement.
Annoncé via un tweet ce mardi 10 mai, ce retrait semblait une conséquence directe du harcèlement raciste et violent et des menaces de mort que reçoit le jeune homme de 25 ans depuis l’annonce de sa candidature à Vénissieux dans le Rhône.
Suite à ce communiqué, il avait alors reçu plusieurs marques de soutien émanant de LFI, mais aussi de certains représentants des Verts et du NPA. Sa candidature était perçue comme un véritable symbole d’une révolution attendue et nécessaire dans la représentation des citoyens et des citoyennes au cœur de l’Assemblée nationale.
Mais ce mercredi, une autre information a révélé la véritable origine de ce retrait. Taha Bouhafs fait l’objet d’un signalement auprès de la cellule de suivi contre les violences sexistes et sexuelles de La France Insoumise :
« Le comité de suivi contre les violences sexistes et sexuelles, mis en place au sein de la France insoumise, a bien été saisi le samedi 7 mai d’un témoignage relatant des faits supposés de violences sexuelles reprochées à Taha Bouhafs.
Sur cette base, vu l’urgence de la situation, une procédure a été enclenchée immédiatement au sein de la France Insoumise. Dans ce cadre, Taha Bouhafs a été confronté aux accusations dont il faisait l’objet ce lundi 9 mai. »
Le comité a pris la décision d’exclure la candidature de Taha Bouhafs. À l’issue d’un échange avec les deux députées LFI Clémentine Autain et Mathilde Panot, « il a été convenu que le militant pourrait retirer de lui-même sa candidature », selon Mediapart.
Toujours auprès de Mediapart, la militante Caroline de Haas a expliqué avoir reçu début mai deux autres alertes sur des comportements du journaliste, « suffisamment sérieux et inquiétants pour prévenir LFI ». Auprès de France Info, elle affirme concernant le premier témoignage avoir pris connaissance d’ « un récit glaçant, précis et qui fait aussi état de conséquences graves sur la santé de la victime ».
Notons la réactivité de LFI face à des accusations graves. Lorsque d’autres partis, institutions ou entreprises se réfugient derrière la présomption d’innocence pour ne pas agir suite à des accusations de violences sexuelles en leur sein, le parti dirigé par Jean-Luc Mélenchon a choisi la réserve et le principe de précaution en suspendant la personne visée par des accusations en attendant que la justice soit saisie.
« On n’est pas la justice, c’est ça qui est compliqué sans doute à comprendre, on n’est pas une instance juridique. On est une instance politique et nous prenons des responsabilités qui relèvent de ça et qui nous engagent dans le combat contre les violences faites aux femmes » a insisté Clémentine Autain.
Quelle exemplarité pour les candidats aux législatives ?
Faire en sorte que la parole des victimes soit prise au sérieux et entendue, qu’une procédure judiciaire soit mise en place et que la personne visée par les accusations soit mise en retrait le temps nécessaire, cela n’excuse pas les attaques d’une extrême violence dont Taha Bouhafs a été la cible.
Il est cependant terrible de constater qu’à peine les accusations de violences sexuelles visant le journaliste ont été connues, certaines personnes semblaient presque s’en frotter les mains, comme attendant une nouvelle occasion de renouveler leurs attaques à l’égard de Taha Bouhafs. Instrumentaliser les violences sexuelles pour attaquer un (désormais ex) candidat aux législatives issu des quartiers populaires, alors que d’autres partis se soucient bien peu d’être exemplaires et investissent sans sourciller des hommes condamnés, cela a de quoi laisser amer.
Parlons alors un peu Renaissance, nouveau nom du parti La République en Marche.
Parlons par exemple de Jérôme Peyrat, maire de La Roque-Gageac en Dordogne, condamné en 2020 pour des faits de violences conjugales… et qui sera malgré tout candidat aux législatives. « J’ai considéré que cette peine ne m’interdisait pas d’être un homme public, de continuer à faire de la politique » a-t-il affirmé à Libération. Et visiblement, son parti n’y voit pas non plus d’objection et ne milite pas pour l’exemplarité dans ses rangs.
Même si cette candidature fait réagir, on est bien loin d’atteindre le niveau d’indignation envers Taha Bouhafs avant même les révélations de Mediapart de ce mercredi, la candidature du journaliste étant déjà contesté en raison de sa condamnation pour injure publique envers la syndicaliste policière Linda Kebbab.
Un double standard politique et médiatique persistant.
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Crédit photo : TPMP (Capture Youtube)
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Les Commentaires
J'aimerais tellement que la politique de non-mixit soit maintenue. Sinon c'est porte ouverte à tout.