Peut-être l’avez vous vu circuler sur vos timelines Facebook : une BD signée Emma, intitulée Fallait demander, tourne beaucoup depuis sa parution.
Elle traite d’un sujet malheureusement toujours d’actualité : la répartition inégale des tâches ménagères entre hommes et femmes.
Fallait demander, une BD sur la répartition des tâches ménagères
Les tâches ménagères… en tâche de fond
Ce qu’Emma explique dans cette BD, c’est le concept de charge mentale. Comme les femmes sont plus responsables des tâches ménagères que les hommes, elles y pensent en permanence.
C’est une tâche de fond qui occupe leur cerveau même pendant les moments de détente.
Est-ce qu’on aura de quoi faire à manger ce soir ? Est-ce que la lessive est sèche ? Est-ce qu’il faut passer l’aspirateur ce dimanche ? Est-ce qu’on a bien payé la facture reçue hier ?
Ces questions, et mille autres, empêchent de se détendre totalement. La vie quotidienne grignote les loisirs.
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Les tâches ménagères, un automatisme ?
Le titre de la BD est parlant : Fallait demander. Mais comme l’explique Emma, penser à demander, indiquer précisément ce qu’il faut faire, c’est déjà un effort !
Une fois qu’on a un peu vécu dans un logement, on sait ce qu’il y a à faire. On a des yeux pour voir le linge qui traîne, un nez pour sentir qu’il est temps de laver le frigo, une peau qui nous indique que la table est couverte de miettes.
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Se reposer sur l’autre pour recevoir un planning prêt à l’emploi, ce n’est pas exactement faire sa part de boulot.
Les tâches ménagères, encore et toujours une affaire de femmes
En 2010, les femmes consacraient en moyenne un peu plus de trois heures par jour aux tâches domestiques (le ménage, la lessive, faire les courses, payer les factures et autres trucs administratifs…).
Soit 78 minutes de plus que les hommes, qui y accordent 1h45.
Les choses ont évolué et le temps dédié aux tâches ménagères dans la journée des hommes a augmenté, mais on est toujours loin de l’égalité.
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Pourquoi les hommes ne font-ils pas leur part de tâches ménagères ?
Parce que le patriarcat, bisou.
Nan, je déconne, je vais pas m’arrêter là ! Enfin, je déconne pas sur le patriarcat, comprenons-nous bien. Les hommes et les femmes sont éduqué·es dans une société sexiste.
On va apprendre aux petites filles à aider en cuisine, dans la maison, leur montrer comment coudre, repasser, ranger. Chez les garçons, on valorisera plutôt le bricolage, le sport…
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Et ça se répercute à l’âge adulte. Dans bien des dîners de famille, les femmes sont aux fourneaux, mettent la table, apportent les plats, rangent le tout ensuite pendant que messieurs digèrent tranquillement après une goutte de cognac.
On ne va pas se mentir, pour les mecs c’est une position confortable.
Je pense que beaucoup d’hommes se sentent un peu mal de laisser leur compagne faire le gros du boulot, mais à la fin, ils profitent tout de même de leurs heures de loisirs supplémentaires et du confort d’un foyer propre, d’un frigo plein, etc.
Du coup, ils n’insistent pas forcément pour que la situation change.
Mais pourquoi continue-t-on à accepter cette inégalité qui nous pourrit la vie ? On n’accepterait pas aussi facilement que l’autre, s’il a les mêmes revenus, paie moins de la moitié du loyer, des courses…
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Pourquoi laisse-t-on les hommes faire moins de tâches ménagères ?
En partie à cause de ce qu’Emma décrit dans sa BD, ce côté « dis-moi quoi faire », comme s’ils n’avaient pas la présence d’esprit d’analyser une situation et d’agir en conséquence.
Au final, on se retrouve à faire une partie du boulot en pensant à leur place. Autant tout faire d’un coup, hein.
Mais il y a aussi un élément récurrent et assez insidieux, le fameux « Il ne sait pas bien faire ».
J’en parlais dans mon article sur le cliché de l’homme idiot (à la Homer Simpson) : parfois, les hommes font mal les trucs en se disant (plus ou moins consciemment) que comme ça, on leur foutra la paix et on les fera nous-mêmes la prochaine fois.
Parfois, cependant, ils sont de bonne volonté mais l’exigence en face est telle qu’on ne leur donne pas le temps d’apprendre. On leur prend le truc des mains, on les remplace, on dit « C’est bon, je vais le faire ».
Et là, on rate une occasion d’enseigner une tâche pour ne plus avoir à se la taper en permanence !
Les tâches ménagères, ce n’est pas qu’une affaire de couple
Ici, je digresse un peu de la BD d’Emma qui parle des couples hétérosexuels, notamment des parents et de la période suivant la naissance du premier enfant.
Il se trouve que les tâches ménagères, ce n’est pas juste une histoire de couple.
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En famille ou en coloc, le problème de la répartition inégale peut se poser. Et ce ne sont pas toujours les mecs qui se tournent les pouces : il existe beaucoup de femmes qui sont TRÈS, disons, laxistes sur les tâches ménagères.
Quand on vit seul•e et qu’on met le bordel, soit, c’est notre bordel et on ne peut s’en prendre qu’à nous-mêmes. Quand on est plusieurs et que certain•es ne font pas leur part, ça devient vite rageant.
J’ai donc réfléchi à quelques pistes pour mettre le sujet sur le tapis.
Et si on arrêtait de faire le gros des tâches ménagères ?
La première méthode à laquelle je pense, c’est celle que j’appellerais « méthode de la Guerre Froide » : arrêter. De. Faire. Les. Trucs.
Ou ne faire que les siens. Laver sa vaisselle, passer ses fringues à la machine puis les étendre, racheter ses produits préférés et pas ceux de l’autre…
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Le souci, c’est que ça ne fonctionne pas longtemps si la personne qui en fait moins a une haute tolérance au bordel, à la saleté. On finit par vivre dans un logement qui nous paraît incroyablement crade et mal rangé alors que l’autre n’a rien remarqué.
Parler de la répartition des tâches ménagères
Du coup, il faut en parler, plutôt. Posément, pas sous le coup de l’exaspération ou de la colère.
Expliquer son point de vue, détailler toutes les petites choses qu’on fait et qui paraissent tellement normales à l’autre qu’il ne les remarque même plus.
Lui montrer la BD d’Emma pour lui dire qu’on s’y reconnaît, et qu’il devient urgent de changer les choses.
Passer par une période « bête et méchante » pendant laquelle on pointe verbalement toutes les occurrences de « Fallait me demander » ou de tâche à moitié faite.
Prendre le temps de montrer à l’autre comment faire les choses qu’il ne maîtrise pas, pour se débarrasser de l’excuse « Je sais pas faire ».
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Réfléchir à une répartition plus logique : au lieu de faire un système de tours rigide, on peut par exemple fonctionner par affinités. Tu détestes l’aspirateur, je le passe, je n’aime pas aller à la laverie alors tu y vas, tu fais à manger donc je gère la vaisselle…
La clé, c’est la communication et la bonne volonté.
Toi qui lis ça et qui sait, au fond de ton coeur, que t’en branles UN PEU MOINS que la/les personne(s) qui partage(nt) ton logement, sors-toi les doigts, ça sera bon pour ton karma et vos relations.
Toi qui lis ça et qui sait que t’en fais UN PEU PLUS, demande-toi comment la situation en est arrivée là et laquelle des solutions proposées ci-dessus te semble convenir.
Dans tous les cas, si le sujet t’inspire, viens en parler dans les commentaires !
Elle vient de sortir la BD Un autre regard, disponible chez ton libraire préféré et dans les points de vente habituels.
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Les Commentaires
Sur le coup, il a dit qu'il comprenait et qu'il allait s'améliorer, mais je ne me suis pas faite d'illusions, parce que depuis qu'on vit ensemble, je l'ai dit sur tous les tons, gentille, en colère, en train de pleurer... chaque fois, c'était « ok, je m'améliorer » et au bout d'un moment suivi de « mais je me suis amélioré, je fais la vaisselle et je ramasse un peu ici et là... » Sauf que le « un peu ici et là » je voulais lui faire comprendre que ce n'est pas suffisant quand moi, je me tape tout le reste.
Ben là, ça fait environs un mois que je lui ai fais voir la BD et puis... ça y est. C'est la première fois depuis qu'on vit ensemble que j'ai enfin remarqué que ça changeait. Enfin. Depuis 2 ou 3 semaines, que quand je met au ménage le samedi matin, je remarque que « ben merde, c'est tellement plus rapide, bien moins crade que d'habitude... ». C'est parce que enfin, quand il a congé au milieu de la semaine et que moi je travaille, il fait du ménage owant: , sans que je lui demande ou dise quoi faire ! Du coup, la fin de semaine, j'en fais aussi, mais ça me prend pas 3 heures ! Et puis cette semaine, alors qu'on finissait de diner, il regarde la table et le comptoir et dit « merde ça ne se voit même plus que j'ai fait du ménage... » Alors là, j'ai voulu lui dire « bienvenue dans le club mon pote ! » ou « tu vois ce que ça fait maintenant ! ». Plutôt que de lui dire ça, je me suis attelée à ranger ce qu'on avait utilisé pour le diner et les autres traînerie, et je lui ai dit « Maintenant, ça se voit un peu plus non ? Ça m'a pris un gros 5 minutes et c'est déjà mieux que c'était, même si c'est pas le gros ménage. »
« Ranger ce que t'as sorti au fur et à mesure, tu feras » a dit le Yoda du ménage « Moins chiant faire le ménage ensuite, il sera » a-t-il ajouté.
Ah et oui, bien sûr, on pourrait être tenté de se dire que ça va peut-être s'essouffler, mais je fais du renforcement positif. À chaque semaine je lui dis merci pour ce qu'il fait et à quel point son implication dans le ménage se voit et que ça me facilite la vie et me fait plaisir. À ceux qui diraient que c'est infantilisant ou que je met l'emphase sur l'idée selon laquelle il m'aide dans ma tâche (alors que c'est notre tâche à tous les deux), ben dirai ceci : il me remercie aussi pour le ménage et les tâches que je fais, c'est du donnant donnant.
Bref, la BD a marché chez nous, efficace dites-vous ?!