Trois jours après les attentats meurtriers qui ont frappé Paris, la solidarité vient de partout. Dans plusieurs pays, des monuments se sont illuminés aux couleurs de la France pour exprimer leur soutien… mais dans certaines régions, il n’y a pas de monuments à illuminer. Il n’y a même pas d’ambassade de France à aller couvrir de fleurs.
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C’est par exemple le cas de la ville de Douma, en Syrie, cité désormais rebelle qui a énormément souffert des attaques par le président syrien Bachar al-Assad, mais aussi par Daech. Au milieu des décombres, les Syrien•ne•s parviennent à se mobiliser pour exprimer leur empathie et leur compassion envers les Français•es.
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L’amour se transmet via une lettre de condoléances publiée en ligne sur le site All4Syria, mais aussi des bougies et des pancartes, comme vous pouvez le voir sur la photo ci-dessous.
Laissez-moi vous traduire cette belle lettre.
« Lettre de condoléances du peuple de Douma au peuple de France et au gouvernement français — 13/11/2015
La ville de Douma, à la campagne près de Damas
Tout d’abord, nous aimerions exprimer nos sincères condoléances à toutes les familles qui ont perdu des membres. Nous, les citoyen•ne•s de la ville de Douma vivant sous le siège imposé par le régime Assad, condamnons l’attaque terroriste qui a touché la France hier. Nous condamnons fermement le fait de cibler des civil•e•s en France ou dans d’autres pays, que ce soit par Daech ou par d’autres groupes terroristes, ou encore le terrorisme d’État pratiqué par certains gouvernements.
Nous aimerions vous rappeler que nous, à Douma, vivons et souffrons du terrorisme organisé du régime Assad depuis cinq ans maintenant. Nos enfants ont parfois été réduits en morceaux par les bombes du régime, ainsi que des femmes et des personnes âgées. En tant que civil•e•s vivant dans une zone assiégée et se retrouvant face à un génocide simplement pour avoir demandé la liberté, la démocratie et pour avoir voulu mettre fin à un régime autoritaire, nous nous adressons en priorité au peuple de France, et à tous les peuples qui demandent la paix et la liberté, afin que nous puissions nous entraider pour mettre fin au régime Assad, la cause du terrorisme grandissant dans notre pays et dans ce monde.
Nous espérons que nous pourrons nous entraider pour rendre notre monde plus sécurisé et plus civilisé. »
Les Syrien•ne•s à Paris se mobilisent également, comme on le voit dans cet article du HuffingtonPost, pour montrer leur empathie avec la France. « Nous ne sommes pas Français », déclare l’un d’entre eux, « mais nous vivons en France. Donc nous devrions faire quelque chose pour cette ville qui nous accueille, la ville qui nous a laissés entrer. Nous devrions faire quelque chose pour aider et pour dire aux Français : nous sommes avec vous et nous resterons ensemble ».
Et vous savez quoi ? Moi, ça me fait beaucoup de bien. Ces gens-là ont vécu, vivent encore l’horreur tous les jours, ils sont en première ligne. Mais ils arrivent encore à mettre en avant leur humanité, à compatir, à se mobiliser pour d’autres qu’eux-mêmes. Cela fait du bien, de se sentir reconnus et soutenus par ceux-là même qui ont fait l’expérience de l’horreur absolue.
Cette lettre aidera à combattre la stigmatisation des musulmans et des Arabes, Syrien•ne•s notamment — une stigmatisation qui s’est accrue de manière notable depuis les attentats de vendredi. Gardez espoir. Gardez foi en l’humanité. Tout n’est pas perdu.
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