Dans un nouvel article paru le 3 décembre 2023, Mediapart met en lumière les défaillances dans la (non) prise en charge par les pompiers d’Aïcha, jeune fille de 13 ans, décédée des suites d’une hémorragie cérébrale. Estimant que la jeune femme simulait son état, ils ne lui avaient pas porté assistance et l’avaient laissée semi-consciente.
Syndrome méditerranéen : quand les biais racistes entravent l’accès au soin
Le récit est glaçant. Alors qu’elle fêtait son anniversaire avec sa famille, la jeune fille fait un malaise. Sa mère appelle immédiatement les pompiers qui ne mettront pas longtemps à arriver sur place. Après avoir vérifié « les constantes d’Aïcha, qui sont bonnes », l’équipe décrète que la jeune fille fait semblant. S’ensuit un condensé de condescendance et de culpabilisation :
Pendant trente minutes, l’équipage minimise l’état de la jeune fille et remet en cause l’inquiétude de sa mère. À aucun moment les pompiers ne passent un appel à la régulation pour demander un avis ou contacter une équipe médicale. Ils passent trente minutes à tenter de prouver que la jeune fille simule.
Mariama panique et explique qu’elle « connaît » sa fille et que celle-ci n’aurait jamais simulé un malaise. Eux pensent qu’Aïcha ment, qu’elle se « force à fermer les yeux », qu’elle mime des tremblements et que si la mère refuse de les croire, c’est « par fierté ». Elle n’aurait pas compris qu’une enfant peut mentir à sa mère.
« Des pompiers accusent Aïcha, 13 ans, de simuler ses souffrances : elle meurt quelques jours plus tard », Mediapart (03/12/23)
Les pompiers expliquent à la mère inquiète qu’ils ont « autre chose à faire », « qu’il y a des personnes qui ont vraiment besoin » d’eux. Ils repartent finalement et laissent la jeune femme semi-consciente. Le père d’Aïcha, rentré peu de temps après, finira par emmener la jeune fille à l’hôpital. Aïcha y est immédiatement placée dans un coma artificiel. Les examens révèleront « une hémorragie cérébrale et une malformation artérioveineuse ». Elle décèdera 12 jours plus tard, dans son lit d’hôpital.
Pour les équipes médicales, la prise en charge des pompiers est incompréhensible. Certains évoquent « des préjugés », qui auraient parasité leur bon sens. Ce n’est pas la première fois que les médecins interrogés par nos confrères constatent ce genre de situation.
Comme le rappelle Mediapart, Aïcha n’est malheureusement pas la première patiente racisée à décéder parce qu’elle n’a pas été suffisamment prise au sérieux. « On parle du « syndrome méditerranéen » lorsque certains médecins pensent que dès qu’on est d’origine africaine, caribéenne ou maghrébine, on a tendance à exagérer la douleur ou à simuler », abonde le média d’investigation.
«Ils sont censés sauver tout le monde, qu’il soit français ou pas », déplore le père d’Aïcha. La famille prévoit de porter plainte.
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Les Commentaires
Par contre, pour le problème que tu évoques, une des solutions serait que les collègues en question (je pense que c'est ce que tu voulais dire) condamnent ouvertement les attitudes qui sont problématiques, et pas seulement auprès de leur hiérarchie