Je suis bien consciente que, dans certains cas de figure, la lutte des classes est faite pour durer pour toujours. Bon après je suis pas sociologue et je ne peux malheureusement pas faire plus que cette phrase monstrueusement bateau (genre Titanic).
Pour la faire oublier, je te propose de regarder ce gif de chaton précoce qui s’entraîne à mettre les jambes sur les épaules de ses futur-e-s partenaires sexuel-le-s. On se retrouve, si tu le veux bien, juste après :
Pas mal.
Ça, c’était donc pour la partie « je me dédouane au cas où ça vous donne envie d’aller dans la rue et de péter des pare-brises ». J’y suis pour rien.
Alors attention, que les choses soient bien claires : je ne suis pas en train d’appeler à la révolution. La lutte des classes, maintenant, j’en vois une nouvelle, basée sur nos habitudes générationnelles. Ce n’est plus aux gens qui ont plein d’argent que je me compare en tremblant de la lèvre inférieure et en levant le poing. Enfin si, mais ce n’est pas le sujet de cet article.
Parfois, donc, je me mets à observer des inégalités qui n’ont rien à voir avec le monde du travail. Retour sur les symptômes de ce que j’appelle la lutte des classes d’aujourd’hui, en toute simplicité, en toute modestie.
Plus t’es riche, plus on t’offre des trucs
Cette sous-catégorie fait un gros raccourci, j’en conviens, mais ça aurait fait un intertitre vraiment très long si je mettais mon idée dans sa totalité. L’idée, donc, c’est que plus t’es connu-e, plus t’es riche (la plupart du temps, en tout cas), plus t’es connu-e, plus on t’offre des trucs. Donc, si plus t’es connu-e plus t’es riche et plus t’es connu-e plus on t’offre des trucs, ça veut dire que plus t’es riche, plus on t’offre des cadeaux. D’où l’intertitre.
Il m’a fallu un bon quart d’heures pour venir à bout de cette réflexion et j’aimerais que tu attendes un peu pour passer à la suite, histoire de me rendre hommage, quoi.
Personnellement, quand je suis invitée à une soirée, on m’offre, allez, quelques verres à boire, voire des trucs à grignoter quand mes hôtes m’aiment vraiment bien. Et ça me suffit, parce que je vivrais assez mal que des amis me tendent un sac en papier avec des goodies dedans à l’entrée de leur appartement.
Alors quand viennent à mes esgourdes des histoires de soirée avec que des gens connus, qui, autant se l’avouer, n’ont pas vraiment de problème à boucler les fins de mois, à qui on a offert le dernier iPad ou le tout nouveau saucisson Justin Bridou… J’ai aucun problème avec les gens qui gagnent bien leur vie : je trouve ça mérité, je trouve ça beau, je trouve ça cool pour eux. Mais il s’agirait d’arrêter de nous narguer cinq minutes.
Que ça se fasse, ok, mais que ça reste une information confidentielle. Un truc que les gens du milieu en question sont les seuls à savoir.
Me cassez pas les gonades avec ça, quoi.
Plus les gens ont du succès plus ils ont de la pub
Non mais parfois quand même, je me dis, « quelle est la baise ? ». Car il se trouve que, que ce soit sur Internet ou à la télé, plus un concept a du succès, plus on lui fait de la publicité. C’est logique, je sais : comme ça marche, les gens le voient, donc les gens en parlent.
C’est d’autant plus vrai quand il y a de l’argent en jeu, puisqu’une société qui marche a plus de budget pour faire des réclames massives, mais là n’est pas la question : ne parlons pas d’argent, ça met mal à l’aise et puis c’est bientôt la fin du mois et je sais comme c’est tabou.
C’est absolument normal, donc : c’est le principe du bouche-à-oreille à l’échelle de l’Internet. Mais je trouve ça presque triste. Des fois, j’ai envie d’aller dans les tréfonds de YouTube, de prendre la vidéo qui a le moins de vues et de la faire tourner le plus possible. C’est mon côté pipou.
En même temps, fort heureusement, et assez cruellement, si elles restent méconnues, c’est souvent pour une bonne raison :
Ceux qui vont voir les films des mois avant leur sortie
Ne me regarde pas de travers : bien sûr que je suis concernée aussi, au vu de ma profession. Quand on me propose d’aller voir un film avant sa sortie, j’aimerais bien refuser en disant « Non merci, je sais d’où je viens, je n’oublie pas mes racines » puisque n’est-ce pas, on n’oublie jamais rien on vit avec.
Mais j’en suis incapable, parce que c’est quand même une chance dingue. Toutefois, jamais je ne m’amuserai à profiter de cette opportunité pour troller le reste du monde en spoilant.
C’est ce qui m’est arrivé il y a deux mois quand un journaliste que je ne nommerai pas pour un magazine que je ne nommerai pas avait insinué la fin de Gravity dans une critique, sans prévenir, sans mettre de bannière, sans écrire en noir sur noir ou même indiquer dans le titre quelque chose comme « pour l’instant, seuls James Cameron et moi-même avons vu l’oeuvre, mais je raconte la fin au cas où ça vous intéresserait ».
Ça m’a brisé le coeur, je te raconte pas. Gravity, quoi. Soit le film que j’attendais depuis des mois. Y en a qui auraient brûlé des pandas pour moins que ça.
J’avais pas envie de savoir qu’à la fin, Sandra rentrait sur la Terre en nageant le crawl en apesanteur. C’était pas ma guerre, putain.
Ce que je vois, quand j’observe des gens agir de la sorte, c’est une façon d’étaler sa chance et de ramener les autres à leur condition de simples paysans mortels. Peut-être pas, bien sûr : peut-être qu’il ne s’agit que d’une maladresse, d’un oubli. Mais je peux pas m’empêcher d’y voir une sorte de déconnexion à la réalité, façon « ah mais oui j’suis con, il sort que dans plusieurs semaines pour le bas-peuple ».
Et sinon, elle ressemble à quoi, « la nouvelle lutte des nouvelles classes » selon toi ?
Les Commentaires
Je suis légèrement plus vieille que la moyenne ici (oui bon ça va) et j'ai travaillé dans plusieurs domaines, ce que mon bac +4 me permettait (je viens d'une époque où il existait une maitrise après la licence). J'ai eu des boulots d'étudiantes, passé des concours, travaillé dans la fonction publique, démissionné, occupé des postes précaires dans un domaine semi-public, genre d'intérêt général. Tout ça à Paris et alentours. Pas trop mal payé, pour une débutante. Mais pas de CDI. Il y a un an j'accepte un poste dans le privé en province : nouveau départ ? Stabilité ? Allez !
Et là, grosse claque dans ma g... : une société clivée comme jamais, avec une évidence incontestable, les boss ont des porches, nous les secrétaires / assistantes / bonnes à tout faire on vient en bus, on galère pour rattraper nos heures sup jamais payées. Et c'est la compète entre pauvre. Il ne vient jamais à l'idée de personne d'aller dire au boss "je pense avoir contribué à l'augmentation de votre clientèle cette année - 30% ce n'est pas rien- j'ai travaillé plus je pense devoir gagner plus". Non c'est ferme ta bouche, on n'est pas du même monde. Ça c'est sûr, je me casse d'ailleurs !