Sweet/Vicious est une série diffusée sur MTV et dont il existe pour l’instant une seule saison, disponible en intégralité en VOD sur Amazon.
L’histoire suit Jules (la blonde) et Ophelia (les cheveux verts), deux étudiantes à l’université fictive de Darlington.
En constatant que les agressions sexuelles sont souvent impunies et que les victimes sont les seules à souffrir, Jules s’est donnée pour mission de corriger cette erreur, en menaçant et tabassant les agresseurs mais aussi en les prévenant :
« Si tu touches encore à une fille sans son consentement, je reviendrai et je m’occuperai de toi. »
Un soir, Jules croise par mégarde la route d’Ophelia, qui veut elle aussi s’impliquer et devenir son acolyte.
Sweet/Vicious traite parfaitement de l’importance du consentement
Dès le début de la bande-annonce ci-dessus, le sujet est bien annoncé :
– Non, s’il vous plaît, non, je ferai n’importe quoi… [pain dans la trogne] – Je suis désolée, je croyais que non voulait dire oui.
Ces quelques mots ironiques représentent assez bien le traitement du viol et des agressions sexuelles qui est fait dans cette série.
Je crois bien qu’il n’y a pas un épisode où la notion de consentement n’est pas mentionnée.
Pour autant, la série ne fait pas l’erreur de justifier ce consentement (non c’est non, point barre), le montrant plutôt comme une évidence de base, un peu comme dire merci quand on te passe le sel.
D’autre part, jamais l’agression n’est légitimée ou minimisée.
Le consentement n’est jamais à démontrer, il est une évidence, une base.
Dans un épisode, un des personnages est décrit comme endormi, voire inconscient, et lorsque l’agresseur essaie de prendre ce fait comme un prétexte pour dire de la victime qu’elle ne s’est pas défendue et n’a pas dit non, son interlocuteur lui répond :
« Évidemment qu’elle n’a pas dit non, elle dormait ! »
Le slutshaming n’y est pas non plus défendu, bien au contraire.
Les rares fois où les agresseurs se risquent à utiliser la tenue ou l’attitude de leur victime (par exemple « elle portait une mini-jupe, elle n’arrêtait pas de m’allumer » et consorts), les personnes en face s’en trouvent choquées voire révoltées.
Et ça fait du bien. En un sens, la série recentre l’attention sur la seule chose qui compte : le consentement. Deux adultes peuvent bien avoir les pratiques sexuelles qu’ils/elles veulent, tant que chacune des personnes impliquées est consentante.
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C’est très certainement pour suivre ce fil rouge qu’Ophelia est montrée d’emblée comme assez détendue du slip et plus prompte aux coups d’un soir qu’aux relations amoureuses. À aucun moment ce choix n’est critiqué ou montré comme mauvais.
La jeune femme a simplement des relations sexuelles saines, consentantes et qui lui conviennent telles qu’elles, et elle peut en profiter autant que ça lui chante.
D’un autre côté, certains personnages sont montrés comme plus monogames et investis dans leurs relations amoureuses, et eux non plus ne sont pas critiqués pour ça.
En clair, chacun fait ce qu’il veut de son slip, les protagonistes ont même le droit de changer d’avis sans que jamais ça ne leur soit reproché. À ce stade, autant te dire que j’étais déjà bluffée. Mais je n’étais pas au bout de mes surprises…
La fin du cliché du violeur psychopathe qui attend à un coin de rue
Autre aspect intéressant, la série est assez réaliste dans ses portraits d’agresseurs. Je m’explique : statistiquement, 80% des personnes victimes de viol connaissent leurs violeurs.
Il ne s’agit donc pas d’un inconnu, un psychopathe caché dans une ruelle qui leur a mis un couteau sous la gorge, mais plutôt de cette connaissance/ami/conjoint qui n’a pas respecté le non-consentement de la victime, en tout cas la plupart du temps.
Une proportion haute des agresseurs de la série est donc composée d’hommes (et encore… pas uniquement).
De la même manière, tous les hommes de la série ne sont pas des agresseurs. Comme dans la vie en somme.
Et franchement, c’est rafraîchissant d’avoir un propos aussi clair et bien mis en scène.
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La façon dont les victimes sont reçues, un aspect capital de la série
Tout le principe de la série repose sur l’idée suivante : les victimes de viol ne sont pas aidées, les coupables jamais punis par la justice, bref c’est le monde à l’envers. C’est la justification que donnent les deux héroïnes à leurs actions.
Et rien ne vaut la démonstration par l’exemple : le cas d’une jeune femme est traité un peu plus en profondeur au fil des épisodes. Ça débute avec le personnel médical qui a pris le temps d’écouter la victime et l’a examinée en lui disant qu’elle était courageuse et que ce qu’elle faisait était bien…
Mais il y a aussi la psychologue de la fac (interprétée par Keiko Agena, alias Lane dans Gilmore Girls !) qui a minimisé son traumatisme et la responsabilité du violeur avec la fameuse question :
« Vous aviez bu ? Vous savez on vous reposera ces questions et il faudra que vous y répondiez. »
C’est peut-être dans ces moments que s’exprime le mieux la culture du viol et le mal qu’elle peut faire autour d’elle.
Dans la même lignée, je te renvoie à l’affaire Brock Turner, étudiant et athlète de l’université de Stanford aux États-Unis, qui a donc été condamné pour avoir violé une jeune femme et a fait 3 mois de prison.
Plutôt que de faire l’apologie de la violence comme « solution », la série cherche plutôt à montrer le désarroi des victimes et le manque de solutions et de soutien juridique et psychologique.
Sweet/Vicious, sérieux, mais aussi hilarant !
Ça c’était un truc auquel je ne m’attendais pas vraiment en regardant un show qui traite de violences sexuelles : à éclater de rire comme une personne sous hélium pendant la moitié du pilote, et grosso modo tout le reste des épisodes.
Parce qu’en plus de bien parler de culture de viol et de consentement, Sweet/Vicious réussit le pari d’être drôle ! Avec parfois des blagues d’humour noir, mais aussi sur le caca ou le frout, un peu comme celles que tu fais avec ta meilleure pote.
Finalement, si je devais absolument trouver un défaut à la série, ce serait le recours de temps à autre à des ficelles scénaristiques pour faire avancer le schmilblick, mais vraiment c’est pour le principe de lui trouver un défaut.
Alors cours mater la saison 1 et reviens m’en dire des nouvelles dans les commentaires !
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