Alors que Fab et Jack batifolaient à Cannes, me rendant jalouse pour environ un demi siècle, je baguenaudais en notre chère Paname, le coeur et le portefeuille légers, à l’affût de fripes chatoyantes et odorantes. Pour vous, bien chères lectrices, voici donc quelques conseils avisés pour passer une douce journée (et éventrer votre carte bleue dans les règles de l’art).
Organisée tu seras
Soyons honnêtes : un friperithon ne requiert pas exactement autant de préparation qu’un trek en Patagonie, mais il demande tout de même un tant soit peu de prévoyance. Par exemple, si vous avez choisi d’écumer TOUTES les fripes que compte notre douce capitale, il semble peu judicieux de chausser des talons de douze (sauf si vous comptez faire de vos petons une oeuvre expérimentale à base de gelée de groseilles). Il est également sage de prévoir de la bonne chère (et de la bonne bière) pour vous sustenter en cours de route : on ne dira jamais assez combien le shopping creuse la panse.
De même, si vous comptez refaire l’intégralité de votre garde-robe, ne vous surchargez pas inutilement à l’aller : il n’est peut être pas tout à fait utile d’emporter dans votre sac à dos l’intégrale de Proust (responsable de votre myopie), ni un authentique pavé millésimé 1968 (responsable de votre scoliose). Ébaucher un itinéraire peut également être une bonne idée : ainsi, vous ne risquez pas de confondre « TER île de France-Normandie » et « RER Châtelet-Gare de Lyon ».
En Internet tu auras foi
Comme je n’ai pas de carte de presse, et que je n’ai pas pu prouver mon statut de journaliste afin de proposer aux patrons de friperie un honnête marché (ce pantalon en lycra vert contre un papier dans madmoiZelle), ne comptez pas sur moi pour faire un descriptif détaillé de chaque établissement : moult blogueuses mode influentes et parisiennes le font d’ores et déjà. Pour éviter d’éventuelles grosses déceptions (« Mortecouille, la friperie pour laquelle je viens de faire quarante minutes de métro est fermée le mercredi/uniquement constituée d’articles pour enfants/ de prix à deux zéros« ), n’hésitez pas à demander au père Google des informations sur les établissements que vous comptez visiter.
Tes partenaires, tu choisiras
La friperie, c’est comme le sport de lit : pour en profiter pleinement, il faut le faire à deux. Oui, mais voilà : farfouiller dans les rayons avec votre petit cousin de trois mois et demi n’est peut-être pas une si bonne idée.
Vous veillerez donc à vous entourer d’alliés objectifs, qui n’hésiteront pas à vous dire que le short en cuir jaune dont vous êtes tombée amoureuse ne flatte pas vraiment votre séant. Ah, et sinon, il est souhaitable de s’accompagner d’amis dont vous ne partagez pas les mensurations : ainsi, nul conflit ne peut naître autour d’un vêtement communément désiré.
Tes rivaux tu sèmeras
Vous avez certainement déjà été arrêtée dans vos errements parisiens par quelque touriste qui, dans un français digne de Ribéry, vous demandait la direction de telle ou telle rue. Comme vous êtes urbaine et polie, vous lui avez certainement indiqué le bon chemin. Erreur, grossière erreur ! Ces mêmes touristes se font une haute idée des friperies parisiennes, et adooorent poser au milieu des rayons, bloquant au passage tout le magasin (dont ils achèteront fatalement la moitié du stock). Ainsi, lorsqu’un bipède muni d’une carte de Paris et d’un béret vous demandera son chemin, faites un geste pour l’humanité, et dites-lui que le Paris-Caen est le seul moyen d’accéder au Moulin Rouge. Après tout, c’est beau la Normandie.
La foule tu fendras
Le biotope d’une friperie ordinaire est constitué d’une faune pour le moins hétéroclite : blogueuses mode hystériques, jeunes filles en fleur qui éviscèreraient leur propre mère pour un gilet en fausse fourure rose, hipsters décadents, authentiques Parisiennes qui vous dévisagent comme si vous étiez un étron fumant, néo-bobo-babas-bios en quête de peaux de moutons… Tout ce que le monde a créé d’étrange se retrouve invariablement en friperie. L’espace étant généralement confiné, il faut jouer des coudes (et des genoux) pour parvenir à saisir le moindre vêtement. Ceci est encore plus vrai dans les célèbres bacs-à-un-euro où l’on voit fort souvent de très respectables bourgeoises s’entre-dépecer pour un sac en simili cuir. Moralité : si vous voulez faire vos emplettes en toute tranquilité, optez pour des répulsifs naturels (couleur fuschia, mini haut-parleurs diffusant les cantiques de Booba, absence de douche pendant un mois).
À la tentation tu céderas
Les friperies sont, dans l’ensemble, très peu onéreuses. Votre conscience n’étant plus là pour vous pincer les oreilles, lâchez-vous ! Certes, vous risquez de ne pas porter tous les jours le boa violet auquel vous avez juré amour et fidélité, mais il égaiera votre coeur et votre placard les jours de brouillard. De plus, si la brassière a su retrouver grâce dans l’estime des modeuses, le boa a, lui aussi, toutes ses chances d’être un jour porté quotidiennement. Et vous pourrez vous vanter toute votre vie d’avoir été une pionnière de la mode.
Aux bonnes adresses tu te pointeras
Parce que je vous aime bien, voici les établissements où la concentration de fripes sympas au mètre carré est la plus forte. Appellez-moi Sainte Alfrédette. Et soyez mignonnes : laissez-moi les chapeaux.
- Free’p’star : 20 rue de Rivoli, 8 rue sainte-croix de la Bretonnerie, 61 rue de la verrerie.
- King Of The Frip : 33 rue du roi de Sicile
- Guerrisol: 19 avenue de Clichy, 96 boulevard de Barbes
- Rag et Vertiges : 83 et 85 rue Saint-Martin
- Vintage Desire : 32 rue des Rosiers
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Les Commentaires
La prochaine fois que tu viens à Toulouse, allons faire le tour des friperies de par la rue Peyrolières. En plus l'été, il n'y a plus personne ici, on pourra s'étaler à loisir. Promis je remplirai toutes les conditions de la partenaire agréée.