Dans ses vidéos TikTok souvent virales, @tanner.leatherstein démonte des sacs de luxe pour en révéler la construction, analyser la qualité du cuir, évaluer le coût des matières premières, et estimer les marges pratiquées par les marques de luxe. Il met ainsi en lumière le décalage entre le prix de vente et la valeur réelle de la maroquinerie, avec quelques exceptions notables.
Pour de multiples raisons pas toujours rationnelles, on peut être une personne fan de sacs à main, parfois même attirée par les modèles hors de prix de maison de luxe ou de marques premium, au grand malheur de notre banquier·e. Mais quand on veut en avoir pour son argent côté mode, il vaut mieux être capable d’en reconnaître la qualité, rarement proportionnelle au prix affiché. Heureusement, certains experts aident à s’y retrouver, comme Volkan Yilmaz, alias Tanner Leatherstein sur les réseaux sociaux, en particulier TikTok.
Qui est Tanner Leatherstein, l’homme qui dépèce des sacs à main pour pointer les marques qui valent le coût et celles qui nous arnaquent ?
Sur son site professionnel, Tanner Leatherstein se présente sobrement comme « un serviteur de longue date du métier du cuir » : « Ma mission est d’aider les gens à mieux comprendre et vivre le cuir. Afin de remplir cette mission, je crée du contenu pour informer les gens sur le cuir et les marques du marché actuel. » Pour cela, il publie régulièrement sur TikTok et YouTube des vidéos où il dépèce des sacs plus ou moins onéreux de marques bien connues comme Chanel, Prada, Chloé, Louis Vuitton ou encore Gucci. Et ce, afin d’en révéler la construction, tester la durabilité du cuir, la qualité de son tannage, sa coloration, et autres traitements. Et surtout évaluer le prix de revient en comparaison à celui de vente. Il en résulte évidemment que les marques se font une sacrée marge, de 3 à 10 fois le coût de production.
Dans une interview accordée à Dazed, on apprend que Volkan Yilmaz a commencé à travailler le cuir dès l’âge de 11 ans. Aujourd’hui âgé de 36 ans, c’est donc fort de 25 ans de maroquinerie que Tanner Leatherstein déconstruit ce secteur tant sujet à l’effet Vleben (également appelé effet de snobisme, cela désigne la tendance à désirer des biens dont le prix élevé fait toute la valeur, en dépit de questions de praticité et de qualité, dans un rapport ostentatoire à la consommation… tout l’opposé du quiet luxury). On le voit donc découper, brûler, et décolorer des sacs afin d’en éprouver la qualité. Des tests particulièrement frappants visuellement, surtout quand on connaît le prix des sacs qu’il poignarde allègrement.
Comment tester la qualité d’un sac en cuir ? Les vidéos de Tanner Leatherstein sont d’abord pédagogiques
Ces tests sont l’occasion pour Tanner Leatherstein d’expliquer en parallèle avec beaucoup de pédagogie comment passer de l’acétone sur du cuir permet d’en dissoudre la finition et donc estimer la quantité de plastique éventuel employé pour uniformiser la peau, et surtout pouvoir la juger démaquillée. Ou comment brûler du cuir lui permet d’en deviner le tannage : s’il était végétal, les cendres ressembleront à celles du bois, tandis que s’il était au chrome, il laisse des cendres vertes bien chimiques (et pour mieux comprendre ce que ces méthodes de tannage permettent, je vous renvoie évidemment vers l’épisode du podcast Matières Premières dédié aux cuirs).
Vu les millions de vues que suscitent ses vidéos, on pourrait craindre que Tanner Leatherstein finisse par accepter des partenariats rémunérés avec des marques pour qu’il dise du bien de celles-ci, mais il n’en est rien. Ce maroquinier continue d’exprimer des avis tranchés (c’est le cas de le dire) sur le cuir des plus grandes maisons de luxe ou de marques premium. Tout le monde ou presque en prend pour son grade, hormis quelques bons élèves, comme la maison Bottega Veneta du côté du luxe, ou la marque Polène (aux marges plus qu’honnêtes) du côté du premium. À noter que Volkan Yilmaz, alias Tanner Leatherstein, possède aussi sa propre marque de sacs, Pegai, à l’esthétique bien rustique.
Bref, ce sont des vidéos fascinantes à regarder, mi-film d’horreur mi-ASMR fashion, pleines de pédagogie sur l’artisanat du cuir et son marketing.
Les Commentaires
Il n'y a pas encore de commentaire sur cet article.