C’est un relooking plutôt distingué que s’est offert la plateforme de pornographie mainstream Pornhub sur son portail Classic Nudes. Sur la page d’accueil, pas d’image pornographiques agressives, mais des typographies travaillées, et des peintures incontournables de l’histoire de l’art ayant un point commun : ce sont des nus.
Une plateforme qui ne plaît pas aux musées
Lancée le 16 juillet 2021, la plateforme se décrit comme un guide interactif à travers certaines des scènes « les plus sexy de l’histoire, dans les musées les plus connus du monde […] Parce que le porno n’est peut-être pas considéré comme de l’art, mais certaines oeuvres d’art peuvent certainement être considérées comme du porno ».
En plus d’un audioguide enregistré par l’actrice Asa Akira, Pornhub a pris le parti de revisiter six de ces oeuvres picturales par des vidéos pornographiques reproduisant leurs décors et leurs ambiances.
Une initiative culturelle qui n’a pas été appréciée des musées : si en France, comme le rapporte Le Monde, le Louvre n’a pas trouvé de base légale pour engager des poursuites, le musée italien des Offices menace Pornhub de plainte face à la mise en ligne d’une vidéo mettant en scène La naissance de Vénus de Botticelli. Quelques jours plus tard, le contenu a été déclaré « indisponible pour le moment ».
Un respect du droit à deux vitesses
Face à la nouvelle, on aimerait pouvoir s’en tenir à l’anecdotique. L’éditorialisation de la plateforme est drôle, impertinente, le coup de communication malin… Mais sous les atours pop de Classic Nudes, les manquements aux droits à l’image — et aux droits des femmes — qui font le juteux business de Pornhub refont surface au galop.
Ainsi, sous la version pornographique de la Maja nue de Fransisco De Goya apparaissent des suggestions vidéos qui proposent des photographies volées, notamment à Jennifer Lawrence en 2014… postée par un « membre vérifié », et postée il y a deux ans. Visiblement, du nude classique au nude illégal, pour Pornhub, il n’y a qu’un clic.
Par ailleurs, quand on sait les difficultés dont font part les victimes de revenge porn ou de viol à faire retirer leur image du site, la rapidité de réaction du géant de la pornographie face à la plainte italienne a un effet de douche froide.
Il est donc possible de retirer presque immédiatement des vidéos d’acteurs consentants et rémunérés, mais pas de s’inquiéter des vidéos de violences sexuelles et images volées et illégales sur la plateforme ?
C’est noté. Et autant vous dire que ça nous met passablement en colère.
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