Samedi 12 janvier, la journaliste sportive Marie Portolano était reçue sur le plateau de l’émission de culture Quelle époque ! présentée par Léa Salamé et diffusée sur France 2. À ses côtés, Michel Drucker, monument du paysage audiovisuel français et vestige de l’ancien monde.
Oui, le sexisme et la culture du viol existent « vraiment »
En 2021, la journaliste a réalisé un documentaire remarqué intitulé « Je ne suis pas une Salope, je suis journaliste ! ». Elle y avait collecté les témoignages de 18 femmes, décrivant l’univers anxiogène et ultra-masculin du journalisme sportif. Les témoignantes rapportaient des faits de harcèlement sexuel et d’agressions ainsi que les blagues graveleuses et les remarques sexistes qu’elles étaient contraintes d’encaisser au quotidien.
Sur le plateau de Léa Salamé, Michel Drucker s’est senti pousser des ailes. Prenant un ton paternaliste et suspicieux, tout en jouant sur une pseudo connivence entre collègues, il a interrogé la journaliste sur la véracité de son expérience. « Marie… C’est l’ancien présentateur sportif qui vous parle… Vous avez vraiment souffert, avec les copains des sports ? Les mecs des sports ? ». Ne croyant visiblement ni Marie Portolano, ni les dix-sept autres femmes suffisamment courageuses pour témoigner, il insiste sur le caractère invraisemblable à ses yeux qu’une telle situation existe. « Ils ont vraiment eu des attitudes inconvenantes, vraiment ? »
« Il y en a eu beaucoup quand même » rétorque Marie Portolano, visiblement déstabilisée par le commentaire hors sol du présentateur. Avec le sourire, elle poursuit calmement : « Je ne suis pas la seule à le dire, puisqu’on est dix-huit à témoigner dans le documentaire, et j’aurais pu encore plus aller chercher des consœurs ».
Sur les réseaux sociaux, les réactions indignées n’ont pas tardé à affluer. La journaliste Salomé Saqué s’est par exemple insurgé de ce « sexisme institutionnalisé » qui permet au présentateur de se sentir si « légitime dans son propos » qu’il n’a aucun scrupule à « remettre en cause la parole des femmes à l’heure de grande écoute sur le service public, sans être inquiété, sans que personne ne réagisse sur le plateau pour lui faire remarquer son attitude parfaitement inappropriée ». Comme si tout le monde trouvait normal de remettre en question la parole des victimes. « S’il existe une présomption d’innocence pour les hommes accusés, il y a dans notre culture politique et médiatique une présomption de culpabilité pour les femmes qui témoignent », a-t-elle martelé.
Les journalistes sportives Vanessa Le Moigne et Charlotte Namura ont également apporté leur soutien à leur consœur, remettant le présentateur à sa place.
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TG !