Précédemment dans #62jours : Comment le filtre de la colère a changé ma vision du monde
Je continue à me regarder, et plus il m’apparaît clair que c’est surtout mon regard sur moi-même qu’il faudrait que je change. C’est un peu le sens de la formule « quand je m’examine, je m’inquiète, quand je me compare, je me rassure » (Talleyrand).
J’ai levé le filtre de la colère qui me voilait les yeux. Mais il m’en reste beaucoup d’autres à lever, pour renouveler la manière dont je me vois, et par extension, dont je vois le monde autour de moi.
La martyre qui m’habite
J’en reviens à ma prise de conscience féministe, qui a enflammé ma colère. Comprendre que le monde dans lequel je vis est perclus de discriminations, compter celles qui me touchent directement, être témoin ou victime d’injustices, toutes ces situations ont de quoi me décourager.
À quoi bon faire des efforts, me battre ? Je suis née avec les mauvaises cartes en main, je suis condamnée à être moins payée qu’un homme, avoir moins d’opportunités, devoir toujours faire plus pour pouvoir espérer être traitée pareille.
Ce monde sexiste m’épuise, et comme si c’était pas suffisant, je crains trop souvent pour ma sécurité. Une petite voix me souffle « tu dramatises », mais elle a tort. Ce constat est objectif.
Pour autant, je ne suis pas obligée de m’arrêter à cet angle de vue. Je peux changer de perspective…
J’ai des super pouvoirs, à moi de les déceler
Il y a une autre façon de voir le monde, et surtout, de me voir dedans. Je peux me focaliser sur mes lacunes, comme je le fait régulièrement, en accordant tant d’importance à mes imperfections.
Ou bien, je peux chercher chez moi quels sont les atouts que j’ai à ma disposition.
Si j’étais vraiment perdante au jeu de la vie, ma situation serait bien pire.
Encore une fois : si je me compare… Je me rassure. Mais je ne vais pas adopter cette perspective de façon permanente : hors de question de me définir par rapport aux autres.
Prenons plutôt le reste du monde comme « contexte » dans lequel je vis. Quelles sont les armes, les atouts, les forces que j’ai à ma disposition ? Pour une martyre, j’ai quand même pas mal de super pouvoirs…
Mais tels les super héros de comics, mes pouvoirs sont des cadeaux du ciel ou des malédictions, selon le regard que je porte sur eux. Par exemple…
Mon super pouvoir : l’optimisme
Je suis optimiste. Tu parles d’un don exceptionnel, j’aurais préféré pouvoir me téléporter ou tirer des lasers avec mes yeux (en vrai non c’est très contraignant je trouve).
J’ai connu des gens pessimistes, et c’est à la faveur de ces rencontres que j’ai réalisé à quel point mon optimisme était un pouvoir. Je vois toujours la perspective positive, les possibilités, les opportunités.
Mets-moi face à n’importe quelle situation : je vois le positif.
Alors certes, ça m’a valu d’être traitée de naïve, imbécile, inconséquente, j’ai même essayé de devenir « plus sérieuse » en entrant dans la vie active, mais tel Superman voulant renoncer à sa force surhumaine, je n’y peux rien : je suis optimiste.
Et c’est une vraie force, que je n’utilise pas assez au quotidien.
Mon super pouvoir : mes émotions
J’ai longtemps pris mes émotions pour des boulets, de véritables handicaps avec lesquels je vis. Un poids qui me différencie des autres, et qui limite ma liberté de mouvement au quotidien.
Là encore, ce n’est qu’une question de perspective : le travail que j’ai fait avec la colère, je dois pouvoir le faire avec mes autres émotions. Utiliser la force qu’elles sont et qu’elles me donnent, sans me laisser clouer sur place lorsqu’elles se déchaînent ou qu’elles m’échappent.
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Mon super pouvoir : la volonté
Je sais que j’ai une tête plus puissante que mes jambes. Je l’ai toujours vu comme un désavantage, dans la vie. Je suis faible, physiquement. Je ne suis pas sportive. Je ne suis pas forte.
Mais voilà, mon esprit est fort. Je suis combattive. La preuve en est que malgré les injustices dont je suis victime et celles dont je suis témoin, je ne renonce pas.
J’ai des forces mentales, de celles qui permettent aussi de gravir des montagnes : la volonté. La confiance. L’envie. L’ambition.
J’arrive pas à faire voler des stylos comme Matilda avec mon esprit, mais j’arrive à me lever le matin, à me relever quand je trébuche, à recommencer quand j’échoue, à continuer quand j’ai peur.
Certes, je ne sais pas arrêter le temps, mais j’ai d’autres super pouvoirs, qu’il ne tient qu’à moi d’exploiter. (Et je chouine vachement moins que Superman, Batman, la moitié des Avengers & autres super héros en lycra).
— Photo by Mohamed Nohassi on Unsplash
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