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Féminisme

Le lead designer de « Hogwarts Legacy », anti-féministe et pro-Gamergate, démissionne

Nouveau coup dur pour Hogwarts Legacy, le RPG tant attendu qui se déroule dans l’univers d’Harry Potter : après la transphobie de J.K. Rowling, c’est la misogynie du lead designer qui est pointée du doigt…

Mise à jour du 5 mars 2021

Quelques jours après que le monde entier a découvert sa dérangeante chaîne YouTube (lire ci-dessous), Troy Leavitt, le lead designer du jeu très attendu Hogwarts Legacy, a présenté sa démission.

« J’ai pris la décision de me séparer d’Avalanche Software. Je n’ai que de belles choses à dire sur le jeu, l’équipe de développement, et WB Games.

Je sortirai bientôt une vidéo à ce sujet sur ma chaîne. »

Comme précisé ci-dessous, Avalanche Software connaissait la chaîne YouTube de Troy Leavitt, qu’il leur avait présentée bien avant que le scandale n’éclate. Mais il est possible que l’existence de cette chaîne soit devenue plus dérangeante aux yeux du studio maintenant que tout le monde est au courant…

Affaire à suivre, en tout cas.

Le lead designer du jeu Hogwarts Legacy et sa chaîne YouTube bien à droite

Le 25 février 2021

Grosse pénurie de Felix Felicis pour les fans d’Harry Potter ces derniers temps.

J.K. Rowling est transphobe, le jeu vidéo Hogwarts Legacy : L’Héritage de Poudlard est repoussé à 2022, et… ah, oui, ça vient de tomber : son lead designer est un antiféministe notoire.

Formidable.

C’est sur Twitter que Liam Robertson, contributeur régulier de la plateforme spécialisée Did You Know Gaming, a publié le message suivant :

« Je sais que c’est choquant, mais le “lead designer” de “Hogwarts Legacy” est Troy Leavitt, un youtubeur d’extrême droite qui a longtemps publié des vidéos antiféministes et pro-GamerGate. »

Liam Robertson assure qu’il « n’appelle pas à “cancel” qui que ce soit » : il pense simplement que « c’est probablement quelque chose que des gens préfèreraient savoir avant de soutenir le projet ».

Il rappelle également que ces informations sont en accès libre : la chaîne de Troy Leavitt (qui compte près de 30.000 abonnés) est en ligne ; ses vidéos intitulées En défense de l’appropriation culturelle ou Gamergate – L’avis d’un développeur y côtoient des interviews et des réflexions sur le jeu vidéo.

Troy Leavitt et le Gamergate

Le Gamergate, pour rappel, est un mouvement de cyberharcèlement misogyne à grande échelle

qui a éclaté en 2014. Des joueurs du monde entier s’en sont pris à Zoe Quinn, créateurice de jeux vidéo accusé•e par son ex de l’avoir trompé avec un journaliste jeux vidéo. Sous prétexte de dénoncer un « favoritisme » dont Zoe aurait fait l’objet, des milliers de gamers ont inondé l’artiste, mais aussi de nombreuses autres féministes, de messages haineux et sexistes.

Plusieurs contenus postés par Troy Leavitt concernent Anita Sarkeesian, cyberharcelée à de nombreuses reprises pour son projet Feminist Frequency qui analysait la place des femmes dans le jeu vidéo ; un autre, intitulé En défense de John Lasseter (décidément, il aime défendre des gens et des choses, cet homme), se penche sur les accusations de harcèlement sexuel ayant mené le cofondateur de Pixar à être écarté par Disney en 2017.

D’anciennes employées de Lasseter avaient déclaré qu’il les touchait sans leur consentement, au point qu’elles évitaient de s’assoir près de lui en réunion, et qu’un baiser à une subordonnée avait donné lieu à de houleuses discussions du côté de la direction. Une ancienne collaboratrice affirme que dans certains cas, l’équipe s’organisait pour ne pas le laisser seul avec des jeunes femmes qui travaillaient aussi pour Disney.

Après avoir passé plusieurs minutes à rappeler son affection personnelle et son admiration pour John Lasseter, développée lors de leur collaboration sur le jeu Cars 2 (c’est vrai que les liens d’amitié entre un youtubeur très à droite et un homme accusé de harcèlement sexuel, c’est vraiment indispensable pour comprendre le propos), Troy Leavitt affirme qu’il y a du harcèlement sexuel « moins grave » qu’un autre, en comparant les actions du réalisateur de Toy Story à celles d’Harvey Weinstein.

Astuce mnémotechnique pour la prochaine fois : si c’est du harcèlement sexuel, c’est du harcèlement sexuel. Point.

Bref, vous l’aurez compris, Troy Leavitt est loin de partager la prétendue « ouverture d’esprit », de plus en plus écornée, qui caractériserait l’univers Harry Potter.

Hogwarts Legacy, jeu maudit ?

Après la transphobie assumée de J.K. Rowling qui nous a menées, chez Madmoizelle, à nous demander si jouer à Hogwarts Legacy reviendrait à soutenir son idéologie, ces révélations sont un nouveau coup dur pour le RPG très attendu. Car Troy Leavitt n’est pas un simple exécutant en bas de l’échelle : en tant que lead designer, il a un pouvoir décisionnaire sur beaucoup d’aspects du jeu et un rôle de manager puisqu’il coordonne plusieurs pôles différents. Sa vision sera donc, forcément, insufflée dans l’œuvre.

Là encore, « tout le monde savait » : comme le note Kotaku, Troy Leavitt affirme qu’il avait informé ses employeurs de l’existence de sa chaîne et que ça n’avait eu l’air de poser de souci à personne.

Mais s’il n’y a pas de conséquences pour l’homme, il y en aura peut-être sur le succès du jeu. Jason Schreier, journaliste pour Bloomberg, note que ResetEra, l’un des plus gros forums de jeux vidéo au monde, a purement et simplement banni toute discussion d’Hogwarts Legacy avant sa sortie, une décision inédite. Plus de bandes-annonces commentées, plus de relai d’article sur de nouvelles informations autour du jeu… plus de publicité gratuite, en somme.

« Nous voilà dans une situation aussi inédite que terrible : celle qui a inventé l’univers du jeu et l’un de ses principaux créateurs ont des opinions arriérées et ne s’en cachent pas », regrette le modérateur de ResetEra en annonçant cette décision.

Et en effet, par le caractère unique des scandales qui l’entourent, Hogwarts Legacy pourrait bien être un cas d’école pour étudier la manière dont la société évolue dans son rapport à l’art, aux valeurs d’égalité, et à la difficulté de « séparer l’œuvre de l’artiste »…

Afin d’étudier le rapport du public à ce cas de figure inédit, nous aimerions recueillir des témoignages de personnes qui ont décidé de ne pas jouer à Hogwarts Legacy à cause des déclarations de J.K. Rowling et/ou de ces révélations sur son lead designer.

Si c’est votre cas, envoyez un mail à jaifaitca[at]madmoizelle.com avec « Hogwarts Legacy » en objet. Nous reviendrons vers vous pour un futur article !


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Les Commentaires

30
Avatar de Petite Coccinelle
5 mars 2021 à 12h03
Petite Coccinelle
Bah euh non un lead technique n'est pas un manager, il n'a personne sous ses ordres normalement (à la rigueur il peut gérer des stagiaires/alternants).
Pas nécessairement. J'ai bossé dans plusieurs studios où le lead designer avait justement pour rôle de manager une équipe de game designers et d'assurer une vision globale cohérante du game design/du balancing/de la progression (en collaboration avec le producer et le directeur artistique). Sur un projet de cette ampleur, ils ont clairement pas mal de game designers, donc ça me semble logique que le lead designer soit la personne qui dirige cette équipe ? (Je me trompe peut-être hein, je suis pas allée vérifier leur organisation).

' C'est ça qu'il faut évaluer je trouve pour ce genre de boycott (c'est pour ça que je parlais de Ubisoft), boycotter le système qui permet à l'individu d'être problèmatique quoi.
Ubisoft a beaucoup trop longtemps toléré des comportements absolument inacceptables, mais quand l'info est sortie il y a eu une restructuration de leur top management et de leur équipe RH, et en interne apparemment il y a aussi eu des structures d'écoute et de parole, des formations et un passage à un régime de tolérance 0. Donc on ne peut plus dire aujourd'hui que le système est complice de ça, même si les résultats de ces actions restent sûrement à déterminer. Ce qui constitue une grosse différence avec ce qui se passait ici, où le mec avait été récompensé par un poste important - plus maintenant du coup, je pense qu'il a très fort probablement été fortement encouragé à démissionner par sa boîte.

Édit: d'où l'importance des prises de paroles publiques qui sont souvent malheureusement le seul facteur de vraie prise de conscience des entreprises.

Perso pour moi on devrait pas les empêcher de bosser mais de moufter, genre à peine un propos ou un comportement problématique sanction de la hiérarchie. Si c'est vraiment appliqué et surveillé ça calme normalement. Et si le mec continue bah blâme, et continue encore licenciement. Qu'ils se taisent quoi et se contentent de faire leurs travail, et pas de perspective dévolution vers du management/chef de projet non plus
Je plussoie à 100%, je pense que ces individus peuvent être éduqués, si ce n'est à penser différemment, au moins à ne pas agir de façon problématique. Du coup, quand c'est possible, commencer par un blâme permet une remise en question et donne une chance de s'améliorer, plutôt que de simplement refiler le problème à une autre entreprise. Après malheureusement c'est sûrement difficile à mettre en pratique, car les micro-aggressions sexistes sont souvent difficiles à prouver, et si on attend que l'irréparable soit commis pour agir, le blâme devient beaucoup trop léger.

De façon plus générale, c'est aussi la responsabilité des RH et de tout un chacun de faire en sorte que la honte change de camp, et que la masculinité toxique cesse d'être glorifiée. Typiquement: que la personne qui ne rigole pas à une blague sexiste ne soit plus considérée comme le rabat-joie de service, et que ce soit plutôt la personne qui fait la blague qui passe pour un gros lourdeau. Mettre plus de diversité dans les équipes de management pour éviter les boys club et le sentiment d'impunité qui va avec me semble aussi être un bon moyen de faire avancer les choses.
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