Du menu à l’organisation, il y a mille et une choses à dire sur Noël. Et puis, quand vient le réveillon, il y a toutes les choses qu’on ne dit pas… Par peur de déclencher une crise diplomatique à table, ou simplement par flemme de débattre avec un oncle relou, chaque famille — ou presque — a ses tabous et ses sujets à éviter.
De l’intime au politique, en passant par ce qui les mélange (car le privé est politique), l’équipe de madmoiZelle vous raconte les sujets de conversation les plus évités pendant ses repas de fin d’année.
Quoi qu’il arrive, on évite la politique au réveillon
C’est un des grands tabous des retrouvailles avec sa famille étendue. Si, entre proches, on arrive souvent à aborder la politique sans déclencher de cris, la situation peut être un peu plus compliquée avec les oncles qu’on esquive à chaque anniversaire.
Entre les conflits intergénérationnels et les conversations de sourds, retenons les leçons des années précédentes : évitons-nous des débats qui durent des heures et ne mènent à rien !
« Il y a toujours quelqu’un, genre une grand-mère, pour aborder un sujet qui fâche. Au début, les plus jeunes essayent de prendre sur eux, mais ça finit par devenir intenable, et la conversation part invariablement en débat générationnel.
Évidemment, même si on sort les meilleurs arguments, la finalité sera toujours la même : “Vous les jeunes, vous êtes idéalistes, vous changerez d’avis”. Non, nous ne changerons pas d’avis — et nous sommes le futur, alors mets-toi à la page, tantine. »
Heureusement, il nous reste toujours la météo ou les chiens pour acheter la paix.
« La génération d’avant n’a pas du tout les mêmes opinions politiques que la mienne. Du coup, pour éviter de bouder (oui, on boude chez moi), on essaie de dériver le sujet vers les animaux (tout le monde aime les chiens), la météo (il fait moche), et la qualité du Vouvray (parce qu’on boit pas de champagne).
Et dès que quelqu’un hausse la voix, on se met devant la télé en regardant Affaire Conclue avec Sophie Davant. »
Esquiver les débats sur ses choix de vie
Sur la liste des choses dont on a besoin autant que d’un ulcère, se faire juger sur ses choix de vie par des boomers
éméchés est probablement dans le top 3.
En famille, avoir un mode de vie qui diffère des normes de nos aînés peut nous exposer à une farandole de questions gênantes et d’opinions non sollicitées. Notamment celles qui touchent au végétarisme, et qui manquent souvent de pertinence…
« — Tu veux pas de dinde ? — Non papi, je suis végétarienne. — Mais tu as besoin de viande, regarde-toi, il faut manger !
Il fut un temps où je prenais le temps d’expliquer où je trouvais mes protéines et pourquoi l’humain pouvait parfaitement se passer de viande, mais j’ai de moins en moins la force de me lancer dans ce débat.
Heureusement, j’ai l’impression que les gens deviennent progressivement de plus en plus ouverts à ce sujet. Et ils se gavent de mes mets vegans, sans même se rendre compte qu’il n’y a ni œufs ni lait dans la recette… Mouhahaha. »
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Être soi-même au réveillon, ce doux mirage
Si la famille est un lieu où l’on apprend qui on est, elle peut aussi être celui où l’on apprend à porter un masque social. N’y montrer qu’une facette choisie de notre identité peut éviter les moments de malaise, et nous préserver de réactions qui peuvent être difficiles à accepter…
« Globalement, chez moi, on évite de parler de sujets qui touchent au racisme.
Je suis dans une situation dans laquelle beaucoup de personnes peuvent se reconnaître : en tant que femme issue du métissage, j’ai un côté de ma famille qui est blanc et très mal à l’aise autour de ces sujets. Ce qui n’aide pas, vu qu’une partie de mon travail tourne autour de ces questions. »
Vous vous dites peut-être que parler de racisme, c’est parler de politique et que ce n’est pas qu’un sujet « intime ». Vous avez raison, cette citation aurait pu être dans la partie « politique » de cet article ! Mais le thème revêt, lorsqu’on est soi-même racisée, une dimension personnelle qui le rend encore plus sensible. C’est comme pour le sexisme : en tant que femme, débattre du sujet ce n’est pas un simple échange d’opinions, ça touche directement à notre vie, nos droits.
Dans la catégorie des choses que l’on aborde pas, la question de la vie amoureuse fait aussi partie des classiques. Quand on ne vient pas avec un ou une partenaire, on s’expose inlassablement au bingo des questions familiales pour célibataires au réveillon…
« À n’importe quel âge, il y a UNE question qu’il faut éviter : la fameuse “Alors les amours ?”
Quelle que soit la réponse, elle sera toujours suivie d’une foule de phrases plus reloues les unes que les autres. Si c’est “Oui, je suis en couple”, pas question pour grand-mère que se soit avec un ou une “mal-élevée”, tandis que ton grand frère se contentera d’un clin d’œil inquiétant…
Quand on est un homme, si la réponse est « je suis célibataire » on s’attend alors aux génériques “À ton âge, moi, j’étais un tombeur ! Toutes les filles étaient à mes pieds !” et autres “Tu trouveras la bonne personne un jour !” .
Pas question évidemment de faire la moindre allusion à ma bisexualité, sous peine de provoquer la plus grosse gêne de la décennie. »
La méthode minimaliste pour survivre au réveillon
Pour éviter toutes tensions, certaines familles ont développé des techniques qui se perfectionnent, année après année.
« Je crois que je pourrais faire une liste de 200 sujets à éviter à Noël. On tient tous à passer un bon moment et à éviter les engueulades, alors on a adopté une méthode un peu minimaliste : on est contents d’être ensemble, mais on parle peu.
La première fois que mon partenaire est venu passer les fêtes avec nous, il a tout simplement halluciné de ces silences qui pouvaient parfois durer dix minutes à table, lui qui vient d’une famille où tout le monde parle en même temps !
De l’extérieur, on peut avoir l’air assez froids mais ça me convient plutôt bien. C’est quand même un peu le propre de la famille, d’apprécier passer du temps ensemble sans avoir des centaines de choses en commun ! »
Si elle a le mérite d’être efficace, cette solution ne conviendra peut-être pas à tout le monde. Mais gardons en tête que pour garder des forces après cette année épuisante et survivre aux fêtes de fin d’année, mieux vaut choisir ses combats !
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