« Imaginons que vous croisiez une femme s’agrippant désespérément au bord d’un précipice. Sous elle, le vide — sans aide elle ne pourra pas remonter, elle finira par tomber et s’écraser au sol.
Que faites-vous ?
Vous l’aidez bien sûr, vous lui tendez la main pour la secourir. A aucun moment il ne vous viendrait à l’idée de passer votre chemin en la laissant se débrouiller, ou pire de lui écraser les mains d’un coup de talon pour lui faire lâcher prise.
Pourtant c’est exactement ce qui se produit pour une immense majorité de victimes de viol et d’agressions sexuelles.
Car ignorer la parole de la victime, la mettre en cause, lui demander si « elle ne l’a pas un peu cherché », si « elle est sûre que c’était un viol » ou « pourquoi elle ne s’est pas débattue », ne pas lui tendre la main pour l’écouter, l’aider, la soutenir et reconnaître la gravité de ce qu’elle a subi, c’est se conduire exactement comme si l’on refusait de tendre la main à quelqu’un qui risque de tomber dans le vide. »
C’est avec ces mots percutants (la suite ici) que la campagne Stop au déni dénonce le victim blaming, ce phénomène de culpabilisation de la victime de viol, de remise en question incessante de sa parole.
Le déni dont on parle, c’est celui du crime en lui-même. Trop souvent, il n’est pas identifié comme tel :
« Le concept de « vrai viol » — celui perpétré par un inconnu armé au détour d’une ruelle sombre — demeure d’ailleurs un mythe du viol particulièrement tenace, alors même qu’il a été établi que dans 80% des cas l’agresseur est connu de la victime (Synthèse rapport annuel ONDRP 2010). »
Le site répertorie trois grandes attitudes qui soutiennent la culture du viol : « Il ne s’est rien produit », « Elle l’a voulu ou elle a aimé » et « Elle l’a bien mérité »
(plus de détails). Vous retrouverez aussi diverses informations et ressources, dont des numéros utiles en cas de violence et cette vidéo, dénonçant les réactions auxquelles doivent faire face les victimes de viol :
Menée par l’association Mémoire Traumatique et Victimologie, créée par la psychiatre Muriel Salmona, cette campagne bat son plein sur le web ce week-end pour la journée internationale des droits des femmes.
Pour y participer vous pouvez signer une pétition, participer à une enquête et bien sûr la relayer sur les réseaux sociaux.
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Une de mes formatrices (je suis dans le social) nous avait dit que les gendarmes avaient dans leur formation une sensibilisation obligatoire sur la prise en charge des victimes, tandis que ce n'est pas forcément le cas dans les écoles de police.
Elle avait donc conseillé de s'orienter plutôt vers les gendarmes pour ce genre de plaintes.