Pauline, enseignante féministe de 31 ans, a décidé de lutter contre les stéréotypes sexistes dans sa classe de CM1, au quotidien.
Dans une vidéo diffusée par StreetVox et relayée par Cheek Magazine, elle explique les astuces qu’elle a mises en place pour mener son combat.
Les astuces d’une prof pour lutter contre les stéréotypes sexistes
Pauline parle alors de neutraliser au maximum son langage en utilisant des exemples au féminin et au masculin.
La professeure raconte également interroger les élèves quand ils utilisent un stéréotype de genre, en leur demandant simplement pourquoi ils/elles pensent cela. Cette démarche permet de les pousser à la réflexion sans les braquer.
L’enseignante fait attention dans les exemples qu’elle donne. Elle évite les représentations sexistes comme « maman travaille et papa va au foot ». Elle cherche également à présenter autant de textes ayant des héroïnes que des héros à ses élèves.
De même, quand elle enseigne l’histoire, elle parle d’hommes et de femmes importantes, et non pas seulement de figures masculines.
Enfin, lorsqu’il est question de vie scolaire, elle ne dit pas qu’un enfant reste à la garderie car sa maman travaille tard, mais parce que ses parents travaillent tard.
Un combat important pour Pauline qui conclut par les mots suivant :
« Ce sont ces petites choses au quotidien qui vont nous permettre de sortir des stéréotypes. »
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Lutter contre les stéréotypes sexistes à l’école n’est pas si simple
La démarche de cette enseignante est bien entendu à applaudir, mais une question se pose : que fait l’État à ce sujet ? Et bien, c’est plus compliqué qu’il n’y paraît.
À la rentrée 2013, un programme visant à lutter contre les stéréotypes de genre était lancé en test
dans une centaine de classes françaises, les ABCD de l’égalité. Il avait été proposé par Najat Vallaud-Belkacem, à l’époque ministre des Droits des femmes, conjointement avec le ministère de l’Éducation nationale.
Malheureusement, comme nous l’expliquions dans un article publié en mai 2014, l’expérimentation a donné lieu à un bilan mitigé.
Ne vous y méprenez pas, ce n’était pas la réussite de l’action qui était critiquée mais l’idée même de vouloir enseigner « la théorie de genre » (qui, au passage, n’existe pas !).
On pouvait lire :
« La contestation vis-à-vis du dispositif a pu placer les enseignants en porte-à-faux. »
Cette « contestation » faisait référence à La Manif Pour Tous ainsi qu’à d’autres groupes conservateurs qui s’opposaient à cette lutte contre les stéréotypes sexistes.
Finalement, en juin 2014, l’État annonçait la mise en place d’un Plan d’action pour l’égalité entre les filles et les garçons à l’école.
Lutter contre les stéréotypes sexistes est nécessaire
Si un tel plan d’éducation a néanmoins été déployé cette année-là, c’est notamment parce qu’en janvier 2014, un rapport gouvernemental évaluait l’impact des stéréotypes de genre sur les enfants. En effet, ceux-ci construisent leur identité à partir de leur environnement familial, social et/ou médiatique.
On pousse les garçons à être plus virils, les filles à être féminines…
« Et cette détermination les amène à se fermer des portes.
Les métiers du social ? Les garçons ne s’y projettent pas.
Les formations professionnelles et techniques ? Les filles n’y pensent pas. »
Et l’orientation n’est pas le seul problème.
Ce sexisme peut-être à l’origine de violences : il nourrit le harcèlement de rue ou encore discrédite les victimes de violences sexuelles.
Mettre en place une action généralisée de lutte contre les stéréotypes sexistes reste encore un sujet polémique, à l’heure ou la Manif Pour Tous a fait de l’école son nouveau terrain d’affrontement.
Les astuces de cette enseignante sont un excellent exemple d’action concrète, en attendant qu’un nouveau plan puisse être mené, à plus grande échelle…
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