Le choix de la maternité est, comme le nom l’indique, un choix. La non-maternité est donc, par définition, un choix aussi. Mais il pose problème à une majeure partie de la société, qui juge très négativement les femmes faisant ce choix de façon définitive. Alors parlons-en : la stérilisation volontaire, ça existe. Et je vous présente aujourd’hui un très bon webdocumentaire sur le sujet.
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Pourquoi se faire stériliser ?
Ce webdocumentaire, constitué de témoignages, est divisé en cinq chapitres.
Le premier, et à mon humble avis l’un des plus intéressants, présente plusieurs femmes qui expliquent leurs motivations pour une stérilisation volontaire. Elles sont jeunes (moins de trente ans), mais déterminées. Et souvent, l’idée de ne pas avoir d’enfants s’est manifestée dès leur plus jeune âge. Elles ont donc eu le temps d’y réfléchir.
La non-maternité est un choix aussi
Ces femmes ne supportent pas l’idée d’être enceinte. Il faut en effet rappeler que la grossesse est une épreuve importante pour le corps, qui doit changer énormément en très peu de temps et s’adapter à l’existence d’un autre être à l’intérieur de lui. Pour ces femmes, il existe aussi une terrible soif de liberté : elles ne veulent pas se sentir sous contraintes, elles veulent vivre de la manière la plus libre qui soit. Et qui pourrait leur en vouloir ?
Pourquoi pas simplement la contraception ?
L’une d’elles répond directement à la question implicite que beaucoup se posent : pourquoi ne pas s’en remettre à la contraception
, réputée très fiable mais ayant l’avantage de ne pas être définitive et de se décliner sous de multiples formes ? Eh bien tout simplement parce que leur décision est elle-même irréversible et mûrement réfléchie : « À quoi bon continuer avec des méthodes provisoires alors que mon choix est définitif ? », demande une des intervenantes.
Il s’agit également d’une question de responsabilité
À celles et ceux qui les accusent d’être égoïste et de ne pas vouloir contribuer à la nouvelle génération, les femmes répondent également. Elles ne souhaitent pas offrir un monde surpeuplé, où les ressources naturelles sont en baisse et où les guerres battent leur plein, à des enfants. Il s’agit donc également d’une question de responsabilité, à laquelle ces femmes ont réfléchi.
Comment cela se passe-t-il, alors, lorsque ces femmes annoncent leur décision à leurs proches ? Beaucoup les rejettent, allant jusqu’à demander « mais à quoi tu sers ? » (patriarcat et réduction de la femme à ses fonctions biologiques bonjour !)… D’autres s’y résolvent, ayant compris qu’elles sont décidées depuis longtemps à ne pas avoir d’enfants. Très peu soutiennent entièrement cette décision.
Les démarches pour se faire stériliser, vous vous en doutez, sont difficiles : les gynécologues refusent, très peu ont déjà pratiqué cette opération sur une femme nullipare (n’ayant jamais eu d’enfants)… Il faut donc passer par Internet, des forums, des associations pour trouver un•e professionnel•le compétente.
L’après, pour les trois femmes ayant déjà subi l’opération, est unanime : pas de regrets. Leur décision était motivée, mûrement réfléchie, pleinement éclairée.
Stérilisation définitive : où en est le débat ?
Enfin, le débat continue avec les expert•e•s invité•E•s à s’exprimer sur le sujet : certain•e•s sont pour, d’autres sont contre. D’aucun•e•s expliquent ne pas vouloir infantiliser les femmes qui prennent cette décision et estimer qu’elles sont conscientes de leur choix, d’autres pensent qu’il est impossible de connaître à l’avance les décisions que l’on pourra prendre dans cinq ou dix ans.
Il est possible de se faire stériliser à partir de 18 ans
Mais même si les gynécologues sont peu nombreux à accepter de pratiquer cette opération sur des femmes nullipares (et jeunes), la loi est du côté des femmes qui font ce choix : depuis 2001, il est possible de se faire stériliser à partir de 18 ans, moyennant un délai de réflexion obligatoire de quatre mois.
Pour ma part, j’estime qu’il est difficile de savoir ce qu’on voudra dans cinq ou dix ans… mais pas impossible. Certaines personnes sont SÛRES de ne pas vouloir d’enfants, alors pourquoi prendre le risque ? Oui, peut-être qu’elles le regretteront un jour. Mais quand bien même (et surtout après un délai de réflexion de quatre mois, ce qui est quand même très long) : c’est leur corps. Leur décision.
Laissons les femmes prendre leurs décisions
Oui, la contraception est efficace, mais le risque zéro n’existe pas. Pourquoi prendre le risque d’une grossesse non désiré ? Les femmes, à partir de 18 ans, sont majeures. On les estime donc capables de prendre des décisions pour elles-mêmes ; laissons-les, si elles le souhaitent, se faire stériliser ! C’est leur droit. Et qui mieux qu’elles peut savoir ce qu’elles désirent ?
Et puis, même si ça reste difficile, n’oublions pas qu’il existe encore la solution de l’adoption, si jamais ces femmes venaient à changer d’avis. Laissons-les donc prendre leurs décisions.
Et toi, qu’est-ce que tu en penses ? Viens en discuter sur le forum !
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