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Le 27 novembre 2020
Dans un précédent article expliquant comment fonctionne exactement la contraception, je vous confiais que j’ai passé des années sous pilule sans m’interroger sur son moyen d’action. Eh bien sachez que j’ai depuis changé pour un DIU cuivre (parfois appelé à tort stérilet au cuivre). Et… bah… pareil !
Comment est-ce que ça marche ? Et surtout QUI a eu l’idée d’inventer ça ?! Laissez-moi vous retracer l’histoire du DIU.
L’invention du DIU, un moyen de contraception innovant
Vous vous en doutez : même si, de tous temps, l’humanité a cherché des façons de niquer sans procréer, placer un élément derrière le col de l’utérus n’était pas une option pour nos ancêtres de l’Antiquité.
Ils et elles devaient se tourner vers des possibilités aussi hasardeuses que dangereuses, telles que des spermicides à base de vinaigre mis dans le vagin, des « bouchons » homemade, des préservatifs à base d’intestins de porc ou de mouton, à l’efficacité variable.
Avance rapide : ce n’est qu’en 1909 que le docteur allemand Richard Richter crée le premier dispositif intra-utérin, à l’époque en forme d’anneau, et fabriqué avec des fils de soie.
20 ans plus tard, son compatriote Ernst Gräfenberg en documente l’efficacité — 3% de grossesses sur 1100 cas. Et décide d’y apporter une « petite » amélioration.. (Pour l’anecdote, ce médecin est également le premier à parler du mystérieux « point G » !)
Quand le cuivre s’invite dans le DIU
L’anneau de Gräfenberg, donc la nouvelle version, se voit pourvu d’un fil d’argent enroulé autour de la soie. Le résultat ressemble à un bracelet plutôt élégant :
De l’argent ? Oui, vous avez bien lu. De l’argent. Enfin… un alliage d’argent. Qui contenait, figurez-vous, 26% de cuivre — ce que Gräfenberg ignorait ! Et de toute façon, il n’aurait pas su quoi faire de l’information : l’utilité du cuivre dans la contraception n’était pas connue à l’époque.
En tout cas, sans surprise, l’anneau de Gräfenberg était encore plus efficace que son prédécesseur : 1,6% de taux de grossesses.
Les risques des premiers DIU
Assez logiquement, plus la médecine avance plus la pose du DIU semble davantage sécurisée — il s’agit, après tout, d’un corps étranger placé derrière le col de l’utérus.
À son époque, Gräfenberg insistait lourdement sur les précautions à prendre pour éviter toute infection pouvant mener à de graves conséquences, dont la stérilité — d’où le surnom trompeur du DIU, qu’on doit d’ailleurs au français Pierre Simon. Selon L’Express :
« Au fait, pourquoi ce nom de “stérilet” ?
“C’est un mot que j’ai fabriqué en juillet 1964, juste avant la conférence de presse”, explique le Dr Simon. “DIU — pour dispositif intra-utérin — était trop ridicule et nous faisait courir le risque d’un échec médiatique. Nous ne pouvions pas nous le permettre…” »
Bien que plutôt efficace, le DIU se heurte à des freins dans la communauté médicale et ne devient pas un moyen de contraception mainstream.
On lui préfère les pessaires, le nom savant des contraceptions « barrière » à placer au fond du vagin, comme les actuelles capes cervicales ou diaphragmes.
L’essor du DIU
Ce n’est qu’après la Seconde Guerre Mondiale que le DIU connaît un regain d’intérêt, grâce à des études ayant donné de bons résultats en Israël et au Japon.
En 1960, Lazar Margulies, obstétricien, en modifie la forme pour en faire une sorte de S assorti des deux fils de nylon souple toujours présents aujourd’hui. Cette nouvelle version, en plastique, connaît plus de succès que ses prédécesseurs, malgré un procès américain tenu dans les années 1970 contre un autre modèle ayant indirectement causé des décès.
En 1969, le cuivre, enfin reconnu pour ses propriétés spermicides (il rend les spermatozoïdes moins mobiles et moins viables), fut ajouté aux DIU pour donner le dispositif que nous connaissons aujourd’hui !
Il est actuellement en forme de « T » et se place à la verticale, « bras » repliés, derrière le col de l’utérus.
Du DIU cuivre au DIU hormonal
En parallèle de ces améliorations, une version hormonale de l’objet a été développée pendant les années 1960 et 1970, avec pour but de d’assurer une contraception efficace en tentant, notamment, de limiter l’effet indésirable « augmentation des saignements menstruels ».
Dans Pioneers of the intrauterine device (Pionniers du DIU), article publié en 1997 au sein de l’European Journal of Contraception and Reproductive Health Care (Journal européen de la contraception et de la santé reproductive), on apprend que le docteur Scommegna, à Chicago, est à l’origine d’un DIU hormonal disponible dès le milieu des années 1970, mais qui n’a pas convaincu le grand public car il n’était efficace que pendant un an. Il a cependant été fabriqué jusqu’en 2001 !
C’est au docteur Luukkainen que l’on doit la mise au point, en 1976, du DIU hormonal encore utilisé de nos jours.
Une méthode de contraception qui a fait ses preuves
Selon une étude de 2017, le DIU serait la méthode de contraception non-définitive la plus utilisée dans le monde (après la stérilisation féminine, donc).
En France, la pilule reste en tête, mais mon petit doigt me dit que le DIU remonte dans la course, et cela pourrait s’expliquer par deux facteurs :
- Les femmes sont de plus en plus nombreuses à vouloir se passer des hormones contraceptives qui passent dans le sang (eh oui le DIU hormonal n’agit que localement)
- L’idée reçue selon laquelle le DIU ne serait pas adapté aux femmes n’ayant jamais eu d’enfants est de plus en plus décriée dans les médias (et heureusement)
Voilà pour cette petite histoire du DIU, en espérant que ça vous a autant intéressée que moi ! Pour en savoir plus sur la contraception et choisir la méthode qui vous convient, rendez-vous sur Mon corps, ma contraception.
NB : Toutes les méthodes de contraception présentent des contre-indications, des précautions d’emploi et des effets indésirables. Une méthode contraceptive doit être choisie en concertation avec votre professionnel de santé, et n’hésitez pas à lire la notice quand cela est nécessaire.
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