Stellou alias Estelle Vonfeldt m’a aidé à lancer madmoiZelle, naguère, en 2005. Je peux même affirmer avec le recul que sans ses idées et son impulsion, le magazine n’aurait pas la même tronche aujourd’hui. Depuis, elle a fait plein de choses, notamment son blog BD. Allez donc l’aimer sur Facebook et vous régaler de ses strips, elle est un peu votre tantine à toutes, qui n’attend qu’une chose : vous faire des baisers mouillés sur la joue !
- Pour les madmoiZelles qui n’étaient pas là naguère, qu’est-ce que tu faisais chez madmoiZelle ? Entre quand et quand ?
J’ai créé le concept et la ligne éditoriale avec Fab, puis j’ai écrit des chroniques, des articles, des interviews, parfois des vidéos, relu pas mal de papiers, fait du mastic… J’y ai passé 3 ans environ, entre 2005 et 2008.
- Comment es-tu arrivée chez madmoiZelle ?
J’ai d’abord fait un stage sur MoVeandBe, un site édité par Pimkie qui était en quelque sorte l’ancêtre de madmoiZelle, stage pendant lequel j’ai rencontré Fab, qui avait créé le site. Ensuite j’ai été embauchée, et on a passé 2 ans de pur bonheur professionnel à faire ce qui nous passait par la tête*. Puis Fab a décidé de partir pour créer un site (devinez lequel) (suspense insoutenable), m’a demandé si je voulais le concevoir avec lui, j’ai bien réfléchi en faisant de petites boules avec mes crottes de nez, puis j’ai dit « oui d’accord », et voilà.
* disclaimer : ceci dans le respect total de la marque, de la charte de l’entreprise, du règlement intérieur et du respect des personnes, sauf concernant l’hygiène de nos bureaux — mes excuses renouvelées à l’équipe de nettoyage pour ma collection de mugs sales, mais j’aimais bien regarder les moisissures évoluer. Cette phase est révolue, juré.
- C’était bien, chez madmoiZelle ?
J’ose pas trop relire des trucs que j’ai pu écrire, car je suis sûre que ma réaction serait : « ARGH ! ».
Ah oui, sinon j’y serais pas restée trois ans. Certes, au début, on était à peu près deux dans le bureau, Fab inclus, donc parfois, pour ambiancer les locaux, on était obligés de s’inventer des collègues dans des cartons découpés à l’échelle, mais on avait des lambris aux murs et ça, ça vous installe tout de suite une chaleur d’entreprise. Plus sérieusement, le côté DIY des débuts était génial.
Note de Fab : ici, Stellou incarnait Josie dans Télé Tout Astro, un horoscope mensuel en vidéo réalisé depuis mes toilettes.
Pour moi, c’était aussi une expérience perturbante, parfois. Par exemple, je suais des gouttes à chaque article que je publiais et je déprimais si je voyais que j’avais été maladroite ou pas claire. Alors qu’à l’époque (j’ai le droit d’utiliser cette expression, je suis VIEILLE, ok ?), le lectorat n’était pas aussi énorme qu’aujourd’hui. J’ose pas trop relire des trucs que j’ai pu écrire, car je suis sûre que ma réaction serait : « ARGH ! ». C’est la vie, on mûrit, on apprend, on se documente, on devient moins bête, tout ça sur l’Internet.
- Qu’est-ce que madmoiZelle t’a appris ? Et apporté ?
Sur le plan purement professionnel, c’était un laboratoire/terrain de jeu géant. J’imagine qu’on doit ressentir ça dans n’importe quel projet qui démarre dans cette configuration, mais c’est unique, comme expérience.
En impro totale, Stellou imite « la p’tite vieille de Fives », le quartier de Lille où elle vivait
Sur le plan personnel, ça m’a surtout apporté de belles rencontres. Des groupes de musique, des lectrices, des membres de la rédac, des lectrices devenues membres de la rédac, des groupes de lectrices membres de la rédac… Je m’égare.
- Quel regard tu portes sur ce qu’est devenu madmoiZelle à présent ?
Je suis le site de loin, désormais, donc j’aurais du mal à faire une analyse en trois parties, mais je sais qu’il apporte et importe à beaucoup de lectrices et lecteurs, et ça fait chaud au cœur. C’est pas parfait, bien sûr, mais le site continuera à évoluer avec les nouvelles têtes qui le font, comme toujours depuis le début. Et aussi grâce aux tempêtes de commentaires et aux tweetclashs, évidemment.
- T’as fait quoi comme études ?
J’ai fait des études d’anglais LLCE à Lille 3, puis l’IUP Infocom de Roubaix, et une dernière année au CELSA à Paris. Tout ça m’a appris beaucoup de choses, dont je me sers encore aujourd’hui, mais pour apprendre mon boulot actuel, j’ai surtout fait… L’ÉCOLE DE LA VIE (Oh ! oh ! oh !).
- Comment réagissent les gens quand ils te parlent de madmoiZelle maintenant ?
Pendant longtemps, j’étais surprise que les gens connaissent, comme si j’avais du mal à mettre en perspective la petite madmoiZelle des débuts avec ce qu’elle est devenue.
En général, ils (ou plutôt « elles », le plus souvent) disent « Ah j’adore ce site ! » ou « Ah ma petite sœur adore ce site ! » ou « Ah ma grand-mère adore ce site ! ». Pendant longtemps, j’étais surprise que les gens connaissent, comme si j’avais du mal à mettre en perspective la petite madmoiZelle des débuts avec ce qu’elle est devenue.
J’imagine que ça doit être la même chose quand ta fille/ton fils/ta nièce/ton neveu vient un jour te dire « Salut, je te présente XX. On a fait un bébé, QUE VOICI » en te tendant un enfant tout neuf, alors que toi tu te dis « QUOI ?! Hier encore tu me vomissais de la purée sur le sweat, comment c’est possible ?! ». Enfin, j’imagine que ça se passe pas comme ça dans la réalité, puisque généralement les gens annoncent les grossesses avec un peu d’avance, mais vous voyez l’idée.
- Qu’as-tu fait ensuite ? Qu’avais-tu envie de faire, et comment cela s’est fait ?
J’ai fait de la conception-rédaction en freelance et de la traduction, tout en dessinant de plus en plus. J’avais plus trop envie d’écrire, et j’avais besoin d’une bonne coupure, de passer à autre chose. Ça s’est fait à l’ancienne, c’est-à-dire que j’ai réuni le peu de références que j’avais dans un book, j’ai mis à jour mon CV, et j’ai contacté à peu près tous les gens avec qui j’avais développé des affinités dans le milieu de la com/pub au cours de mon cursus pour avoir des avis ou des conseils. On m’a confié un premier boulot, puis un autre, puis un autre et voilà.
- Est-ce que vous chantiez Garou à votre époque ?
On chantait tout ce qui pouvait faire faire la chenille dans les mariages, tout ce qui passait sur Nostalgie, tout ce qui passait sur notre bureau, bref, on aura compris que l’expression-clé ici est : « tout ce qui passait ». Enfin il me semble.
Stellou/Josie chantait aussi des chants de Noël
Je crois que j’ai oublié. Je crois que mon cerveau a voulu oublier. Tout oublier. Tout ce qui passait.
All of the lights. Ah tiens, je vais aller écouter un peu de Kanye.
- C’est quoi ton meilleur souvenir chez madmoiZelle ?
Le premier jour d’existence du site, bien sûr. J’ai beaucoup d’autres souvenirs en stock, mais celui-là reste forcément à part.
- C’est quoi tes sources d’information maintenant ?
Les réseaux sociaux, les magazines, les bouquins, les films, les séries, la radio, les amis, et bien sûr, l’alcool.
- Qu’est-ce que tu fais comme boulot maintenant ?
Mon objectif pour le reste de ma vie, c’est de m’améliorer, d’en écrire de plus en plus et que ça occupe de plus en plus de mon temps.
Je suis conceptrice-rédactrice en freelance la moitié du temps, et l’autre moitié je dessine des BD et j’écris des histoires. Comme michat michien, mais sans le chat et sans le chien. J’ai publié quelques articles en BD sur Slate et sur Golden Moustache, et aussi écrit un conte illustré par Juliette Baily (on a commencé à l’envoyer à des éditeurs #doigtscroisés), mais en ce moment je dessine surtout sur mon blog. J’ai aussi quelques idées de scénario que je développe doucement.
Mon objectif pour le reste de ma vie, c’est de m’améliorer, d’en écrire de plus en plus et que ça occupe de plus en plus de mon temps. Je suis lente, mais si je meurs pas tout de suite, on sait jamais, ça pourrait se produire.
- Est-ce que l’après-madmoiZelle a été compliqué ou est-ce que tu as trouvé du boulot facilement après ?
J’ai trouvé du boulot facilement, oui, même si à l’époque (deuxième occurrence de l’expression « à l’époque », bien Estelle), madmoiZelle ne pesait pas encore vraiment sur un CV dans le domaine où je cherchais. Le site n’évoquait pas encore grand-chose aux gens à qui j’en parlais, ils me regardaient plutôt avec une expression signifiant « Oui oui, c’est marrant, t’as fait joujou, c’est bien ». Mais les vrais savaient, je pense.
- Quel regard portes-tu sur madmoiZelle maintenant ? Est-ce que tu as l’impression que le magazine a changé ? Si oui, en quoi ?
Je crois que l’esprit n’a pas tellement changé, et tant mieux. Mais on sent que l’équipe est beaucoup plus importante et variée qu’avant, ça se reflète dans les thèmes et les points de vue représentés sur le site. Et j’espère que ce n’est que le début !
- Quel conseil donnerais-tu à une jeune madmoiZelle qui nous lit ?
Ça va faire très Shia LaBeouf, mais je dirais : si tu as une passion ou un hobby qui te fait du bien, chéris-le, cultive-le et ne le laisse jamais tomber.
Ça va faire très Shia LaBeouf, mais je dirais : si tu as une passion ou un hobby qui te fait du bien, chéris-le, cultive-le et ne le laisse jamais tomber. D’autant qu’on sait jamais, un jour ça pourrait même devenir ton métier. Sinon, ce sera juste ta bouffée d’air avant et après la retraite, et c’est quand même déjà pas mal. En plus, les passions, ça entretient le cerveau, ça peut même entretenir le corps si c’est une passion d’ordre physique (ex : yoga, aquabiking, marche nordique).
Je lui dirais aussi de ne pas être trop dure/exigeante envers elle-même, bien que je sache combien c’est difficile, oh oui, oh là, Bureau des Perfectionnistes Impitoyables, J’écoute ?
C’est tout pour moi.
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Les Commentaires
Ça fait un moment que je me demandais ce qu'elle devenait, ravie de voir que tout se passe bien pour elle