En mars 2016, les statistiques d’une enquête menée par l’association Mémoire Traumatique et victimologie révélaient que les idées reçues autour du viol persistent dans l’esprit des Françaises et des Français.
Deux ans plus tard, vendredi 23 février, France Info dévoile l’autre côté du miroir : celui des victimes.
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L’institut de sondage Ifop, sollicité par la Fondation Jean Jaurès, a réuni un panel de 2 167 femmes de 18 ans et plus, représentatif de la population, pour lui poser des questions sur les comportements sexistes et les violences sexuelles.
Les résultats sont sans appel : les agressions verbales, gestuelles à caractère sexuel existent et touchent une majorité des citoyennes françaises. Voici les points importants à retenir.
Une majorité de femmes victimes d’actes sexistes
D’après ces nouvelles statistiques, 58% des personnes interrogées ont eu affaire à des comportements déplacés et 50% à des insultes ou des remarques sexistes.
Ça ne s’arrête pas là : presque la moitié ont essuyé des gestes grossiers à caractère sexuel (45%), de même que des attouchements sexuels non-consentis (43%).
Harcèlement de rue, commentaires et gestes inappropriés, jusqu’aux agressions sexuelles, les femmes font face au sexisme de manière répétée, dans le cercle social, amical, familial et/ou professionnel, rapporte le compte-rendu de l’étude.
12% de viols, en majorité commis par une personne connue de la victime
C’est sûrement le chiffre le plus marquant de l’enquête. 12% des sondées déclarent avoir subi un ou plusieurs viols au cours de leur vie.
Dans la majorité des cas, le crime est perpétré par un proche de la victime (dans 78% à 88% des cas explique France Info qui a pris en compte la marge d’erreur).
Dans le panel, 251 femmes disent avoir été violée par un seul individu. Pour 25% à 37% d’entre elles, celui-ci n’est autre que le conjoint.
L’étude précise aussi que dans presque la moitié des cas, l’agresseur agit au domicile de la victime.
Michel Debout, psychiatre et coordinateur de l’étude, déclare d’ailleurs à France Info « [qu’il] avait intitulé le travail de l’une de [ses] élèves « Vos rues sont plus sûres que vos maisons » ».
Le viol dans un parking ou dans une ruelle sombre commis par un détraqué relève bel et bien du mythe.
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Selon les statistiques, les plus jeunes libèrent la parole
Dans le rapport de l’étude, on perçoit quand même un peu d’espoir :
« 52% des victimes de moins de 35 ans en ont parlé à des proches contre 39% des 35-49 ans et 25% seulement des 50 ans et plus. »
Les langues se délient donc du côté de la jeune génération
. Le mouvement #MeToo a certainement permis d’amplifier cette volonté de prendre la parole.
Malgré cette évolution, le chemin à parcourir reste sinueux. Dans la plupart des cas, les victimes restent silencieuses (56% à 68% des cas). La honte et le sentiment de culpabilité poussent les victimes à tout garder pour elles.
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Peu de suites judiciaires en cas de viol, mais des conséquences désastreuses
Si seulement 11 à 19% des femmes violées se présentent aux autorités, les plaintes aboutissent rarement à des sanctions judiciaires concrètes.
Pourtant, les conséquences du viol s’avèrent désastreuses : une victime de viol a quatre fois plus de chance de se donner la mort qu’une autre femme.
Parmi les victimes de viol interrogées, 21% ont fait une tentative de suicide et 17% y ont pensé sérieusement.
Voilà les principaux chiffres que j’ai retenus, mais le rapport est bien plus long et fournis : France Info présente cette enquête comme l’une des plus complète depuis l’affaire Weinstein qui a éclaté aux États-Unis, en octobre 2017.
Pour lire le rapport d’enquête de la Fondation Jean Jaurès, c’est ici.
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Les Commentaires
Mais effectivement, il y a encore et toujours cette compétition, cette course à la reconnaissance où des victimes on peur de ne pas être reconnues si on reconnaît une situation, de peur que l'autre situation soit éclipsée.