Stardust est un film sorti en 2007 réalisé par Matthew Vaughn (Kick-Ass, X-men First Class) et dans mon cœur, c’est un peu le Princess Bride des années 2000. Néanmoins, c’est aussi et avant tout un livre de Neil Gaiman qui m’a presque empêché d’en apprécier l’adaptation tant il est fin, spirituel et amusant. De fait, Stardust, le Mystère de l’étoile, est un film très attachant mais une assez mauvaise adaptation. Pourquoi ? Comment ? Je m’en vais l’expliquer gaiement !
Ce trailer étant très mauvais même en VO, je vous le mets en VF
Un bouquin sensationnel et sans prétention
S’il y a bien une chose que j’apprécie, c’est la fantasy érudite teintée de second degré. On trouve ça chez Terry Pratchett, Diana Wynne Jones, mon chouchou de chez chouchou Peter S. Beagle et bien sûr, Neil Gaiman. Cet auteur prolifique n’a pas volé sa popularité et si je ne recommande pas absolument toute sa bibliographie, je pense qu’il est difficile de passer à côté. Ce qui caractérise son écriture et qui fait son succès, c’est un style vif, efficace mais pas dénué d’une poésie désuète assumée, des personnages attachants et drôles – même quand on ne fait que les croiser – et des intrigues bien réglées. Stardust n’échappe pas à la règle et si ce roman assez court n’est pas un monument littéraire, c’est indéniablement un très bon moment.
L’intrigue est plus que bateau : c’est le parcours initiatique d’un jeune homme rêveur, Tristan Thorn, qui, pour l’amour d’une jeune fille, va chercher une étoile dans le pays des fées. Ce dernier s’étend d’ailleurs juste à côté de son village, Wall, et est séparé de ce dernier par un unique mur. Seulement, si dans le monde de Wall, les étoiles ne sont que des cailloux froids, au pays des fées, ce sont des jeunes filles au caractère bien trempé qui n’ont aucune envie de servir de gage d’amour à un jouvenceau naïf. En parallèle de la quête de Tristan, on suit également deux autres intrigues : trois sorcières cherchent en effet l’étoile pour retrouver leur jeunesse et les trois survivants de sept frères princes se disputent le trône.
On connaît par cœur les codes de la fantasy et ce genre d’histoire peut potentiellement laisser de marbre. Mais pourtant, Neil Gaiman sait surprendre en détournant avec habileté les codes et les attentes des lecteurs. Qui plus est, il s’amuse en distillant de nombreuses références aux chansons et classiques de la littérature anglo-saxonne, et à défaut de cerner toutes les subtilités de ses jeux littéraires, cet état d’esprit met vraiment de bonne humeur.
Au passage, il existe une magnifique édition de Stardust illustrée par Charles Vess disponible chez Panini Comics et Vertigo.
Une adaptation qui tombe à côté
Quand Stardust, le film, est sorti au cinéma, j’en attendais vraiment vraiment beaucoup. Le livre avait été un vrai coup de cœur. Et, le moins qu’on puisse dire, c’est que j’ai été déçue. J’étais même en colère pour tout avouer.
Pourtant y a encore des licooornes !
En effet, dans le film, inutile de chercher la finesse et les références littéraires, elles ont quasiment toutes été gommées, sans doute pour rendre l’histoire plus accessible. Inutile aussi de chercher des détournements de conte de fées subtils et innovants, tout est terriblement Hollywoodien. Les personnages, attachants et humains sont beaucoup plus caricaturaux. Le père de Tristan ne peut pas coucher avec une femme et se marier avec une autre, il reste célibataire, on a un pépé karatéka qui garde la muraille…
Et Victoria, le premier amour de Tristan, qui, si elle est jolie et rêve de colifichets, reste droite dans ses bottes et ne l’envoie lui chercher une étoile que parce qu’il est vraiment insistant dans sa drague… devient une garce Hollywoodienne. Mention spéciale aussi pour Robert De Niro en pirate fan de fanfreluches. Son rôle durait trois paragraphes dans le livre. À ce moment du film j’avais tellement levé les yeux au ciel qu’ils devaient contempler les profondeurs de mon globe crânien.
Mark Strong est carrément sexy avec des cheveux
(
SPOILER ALERT : si tu as envie de lire le livre ou de voir le film, ne lis pas la phrase qui suit et saute directement au paragraphe suivant)
Et pire que tout, la fin douce amère très romantique (au sens XIXème siècle hein !) est transformée en un Happy End hollywoodien que j’avais trouvé vomitif. Bref, j’étais déçue.
(Tu peux rouvrir les yeux : fin du spoil)
Mais un film très sympa quand même
Mais en le revoyant quelques années plus tard, attirée par la magnifique musique d’Ilan Eshkeri, mon impression a radicalement changé.
Je suis désolée mais cette OST est une des meilleures du monde !
Certes, ce film est une mauvaise adaptation mais… c’est quand même un bon film ! Il y a des scènes franchement impressionnantes visuellement, des acteurs 4 étoiles qui, certes cabotinent, mais s’éclatent avant tout comme des bêtes et surtout, un côté auto parodique très assumé.
En effet, le film, au lieu de se jouer des codes littéraires, se moque plutôt de lui même et de la fantasy épique au cinéma alors très en vogue. Les dialogues, piquants et enlevés sont servis par un casting qui ne se prend pas au sérieux. Et l’intrigue reconstruite n’est peut-être pas aussi rafraîchissante que celle du livre mais elle assume ses partis pris plus convenus et franchement, on s’amuse bien.
Capitaine fabulous en pleine action
Après, certains points restent un peu ambiguës. Le capitaine fabulous joué par De Niro est touchant mais c’est aussi un sacré cliché, l’étoile a d’excellentes répliques et du caractère mais c’est une éternelle demoiselle en détresse et la transparence de Tristan (qui est un héros de base et donc une feuille blanche en laquelle se projeter dans le livre) est beaucoup plus gênante dans un film où tous les personnages tirent leur épingle du jeu… sauf lui. Malgré ces bémols, pour qui aime la fantasy, le livre comme le film valent qu’on s’y attarde un moment et je vous les recommande donc expressément !
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