Bien le bonjour, jeune padawan. Aujourd’hui, nous sommes le 4 mai, le jour de « May the 4th be with you », le jour où la force doit être avec toi, bref, la journée internationale dédiée à Star Wars.
Cette année, en l’honneur de l’arrivée du futur épisode VII, Le Réveil de la Force, qui présente un casting féminin plus fourni que les opus précédents, je te propose un petit retour sur la place des femmes dans Star Wars. Car j’ai beau aimer de tout mon coeur la saga d’il y a fort fort longtemps, dans une galaxie fort fort lointaine, tout n’y est pas évident pour les personnages féminins, en tout cas pas autant qu’il ne l’a été pour maître Yoda d’assumer sa calvitie.
Peu de personnages de femmes dans Star Wars
C’est incontestable : Star Wars n’est pas un univers où les femmes ont une place prépondérante, loin de là. Concernant la trilogie originale, le site WhatCulture fait ce constat un peu cynique mais sans appel :
« Il y a seulement environ six personnages féminins, seuls trois d’entre eux ont un véritable dialogue, et l’un d’entre eux est une effeuilleuse qui décède après une scène. »
Diverses sources présentent d’ailleurs la princesse Leia Organa, qui apparaît dans La Guerre des étoiles, comme le seul personnage féminin de la trilogie originale de Star Wars. Ce n’est pas tout à fait exact, mais il s’agit en tout cas du seul personnage féminin principal. Dans la seconde trilogie, c’est celui de la sénatrice Padmé Amidala qui tient le haut de l’affiche, mais là encore, c’est le seul personnage de femme qu’on peut qualifier de central. Star Wars ne passe d’ailleurs pas le test de Bechdel…
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À quel point est-ce volontaire ? Sans tenter d’analyser cette répartition des rôles au regard de l’époque, je peux quand même relever que Georges Lucas a lui-même avoué qu’il a créé Star Wars en pensant d’abord à un public masculin. The Mary Sue le racontait à l’occasion de la sortie de Strange Magic, un film d’animation destiné aux filles dont le réalisateur avait écrit le scénario :
« J’ai fait Star Wars pour les garçons de 12 ans. J’ai trois filles, et je lisais Le Magicien d’Oz à ma fille tout le temps, et j’ai juste pensé que je ferai un [de ces films d’aventures] pour les filles, parce que vous n’êtes pas censés faire des films pour filles. »
Ce manque de personnages féminins se retrouve malheureusement – encore une fois, est-ce un oubli ou une volonté ? – jusque dans les produits dérivés. En mai 2014, une mère britannique avait lancée sur Twitter la campagne #WewantLeia : la collection de jouets Star Wars qu’avait sortie Disney à ce moment-là faisait en effet complètement l’impasse sur le personnage de la princesse, et ne présentait que des figurines masculines, y compris secondaires.
De la femme de pouvoir à l’amante et à la mère
La relative absence des femmes dans Star Wars ne concerne pas seulement leur nombre, mais aussi les positions auxquelles elles sont cantonnées. Dans la vingtaine d’années qui séparent les épisodes I à III des épisodes IV à VI, on ne peut pas dire que les progrès ont été incroyables en ce qui concerne les rôles attribués aux femmes.
Dans un article publié le 17 avril dernier sur le Washington Post, Alexandra Petri évoquait le problème de la place des femmes dans la saga, tout en expliquant qu’il n’était pas nécessaire selon elles de pouvoir s’identifier à ces personnages pour apprécier le film. Elle résume ainsi le cas de Leia dans la première trilogie :
« Pour un tas de raisons, la Princesse Leia était exactement la princesse que vous pouviez attendre d’un univers de fantasy dans l’espace inventé par un homme barbu dans les années 1970. (Et à propos des fantasmes masculins et des femmes dans des sous-vêtements en métal inconfortable, quoiqu’il en soit ?)
Mais de tant de façons, Leia est tellement plus que ça. Elle est intelligente. Elle est drôle. Elle se tient face aux hommes, les sort d’endroits étroits – « dans le vide-ordures, fluyboy ». C’est une leader de la résistance, qui organise la bataille contre les Hutts, et si elle n’est pas toujours littéralement en première ligne tout le temps à se battre avec un blaster, c’est une tireuse habile quand elle doit l’être. Elle peut utiliser la Force. C’est une membre d’équipe très juste. Quand Han fait une blague dédaigneuse sur le fait qu’il s’en sortirait mieux sans un conseil de femme de plus, il s’avère qu’il a tort. »
Mais comme le souligne Alexandra Pietri, Star Wars n’est pas l’histoire de Leia, qui n’en est pas le personnage central, rôle qui revient à Luke Skywalker.
Et dans La Guerre des Etoiles, la princesse Leia est certes à la tête de l’Alliance Rebelle, mais les premières scènes dans laquelle elle apparaît la montrent en difficulté face à des hommes. Elle est d’abord menacée par Dark Vador, qui fait exploser sa planète sous ses yeux. Un peu plus tard, elle est délivrée par Luke Skywalker et Han Solo : si le baiser du Prince charmant à sa belle n’est pas encore au programme, on se retrouve tout de même dans une configuration de conte de fée où la femme attend sagement que le personnage masculin vienne la soustraire à son triste sort, même si elle l’envoie un peu bouler. Dans les épisodes suivants, elle va confirmer ses compétences, mais se retrouve esclave de Jabba le Hutt en petite tenue. Elle est aussi un enjeu entre Luke et Han, qui se disputent son amour.
Dans la trilogie la plus récente, le personnage de Padmé Amidala est à priori celui d’une femme puissante : femme politique, qui ne s’en laisse pas compter, et qui, sous son apparence de princesse entourée d’une cour de suivante, est en fait une fine stratège qui sait se battre. Du moins, dans l’épisode I. Encore dans l’épisode II. Dans l’épisode III, La Revanche des Sith, elle est surtout cette femme tombée amoureuse d’Anakin, perdue entre son couple qui se délite et la République qui part en lambeaux, enceinte jusqu’aux yeux et qui finit par mourir à l’accouchement. Si le début était encourageant, Padmé Amidala se retrouve donc, une fois de plus, dans le rôle d’une femme qui subit les événements.
L’un des autres personnages féminins qui m’a particulièrement marquée dans la première trilogie est d’ailleurs un personnage maternel : la mère d’Anakin, Shmi Skywalker,
qui est esclave et se sacrifie pour lui au quotidien. Lorsque le héros la quitte pour aller faire son apprentissage de jedi, Shmi est rachetée par Cliegg Lars, un fermier qui cherchait une employée mais tombe amoureux d’elle et va l’épouser. Encore sauvée par un homme, youpi.
Autre détail tristounet : des personnages féminins principaux, aucune ne manipule un sabre laser, alors qu’il s’agit pourtant du nec plus ultra de ce que peut faire un personnage de la saga – autre que soulever des vaisseaux avec la seule force de son mental et de la Force, évidemment.
Les personnages secondaires, présents mais méconnus
En vérité, il y a bien des femmes dans Star Wars, autres que les héroïnes principales de la saga. La trilogie des années 1970-80 compte les danseuses qui se font dévorer par le Rancor, Beru Lars, la tante de Luke Skywalker, mais aussi des femmes qui occupent des fonctions de commandement, comme Mon Mothma, dirigeante de l’Alliance Rebelle, qui ne fait en fait qu’une apparition très furtive à l’écran. Dans la première trilogie, ce sont la cour qui accompagne Padmé Amidala ou encore des femmes jedis.
Car Star Wars compte aussi des personnages féminins secondaires qui exercent des fonctions et exécutent des actions aussi badass que celles des hommes. Par exemple, dans l’épisode II, l’Attaque des Clones, tu te souviens peut-être de deux personnages de jedi humanoïdes : Aalya Secura, une Twilek bleu et Shaak Ti, membre du Conseil Jedi, toutes deux présentes lors de la bataille de Geonosis et qui se battent à grand renforts de sabres lasers. Mais leur rôle se limite encore à des apparitions, on ne le connaît pas vraiment.
Comme le rappelait Wired en 2013, c’est dans les oeuvres dérivées de la saga que ces personnages sont un peu plus développés, et qu’on trouve véritablement des femmes un peu costaudes :
« Fermez les yeux, un moment, et imaginez une version de l’univers Star Wars pleine de personnages féminins riches qui jouent des rôles divers, depuis les chevaliers Jedi jusqu’aux leaders militaires, en passant par les chasseurs de primes. Voilà l’info excitante : elle existe déjà. Il s’agit de l’univers étendu Star Wars, un monde développé à travers les romans sous la licence officielle, et d’autres médias extérieurs aux longs-métrages. »
Dans la série animée Star Wars Rebels, on trouve notamment les rebelles Sabine Wren, et Hera Syndulla et dans celle de Clone Wars, la jedi Ahsoka Tano et Assajj Ventress, la disciple du Comte Dooku et grande méchante qui possède deux sabres laser rouges.
Un Tumblr, créé en septembre 2012, répertorie les « Women of Star Wars » de l’univers complet. Il veut fournir une base de discussion sur les rôles qu’elles occupent aussi bien dans les films que dans les livres, tout en rappelant que la pénurie de femmes dans cet univers n’est pas un secret. Le résultat permet de voir que la saga étendue contient plus de personnages féminins que ceux que tu peux énumérer à première vue.
Problème : qui, parmi les spectateurs et spectatrices des films principaux, qui n’aurait pas lu les divers bouquins se rapportant à l’univers Star Wars, est capable de citer le nom d’un de ces personnages féminins secondaires ? Car dans les longs-métrages, elles sont rarement nommées clairement, pour ne pas dire que leur nom n’est jamais énoncé par l’un des autres personnages. Qui se souvient d’Aura Sing, qui participe à la course de modules dans La Menace fantôme, ou de la Jedi Barriss Offee, qu’on aperçoit brièvement dans l’Attaque des Clones ?
Et dans la prochaine trilogie ?
S’il fallait encore une preuve que la place des femmes dans Star Wars est loin d’être aussi grosse qu’un astéroïde sous hormone dans la galaxie, lui redonner ses lettres de noblesse fait partie du programme de la prochaine trilogie.
En avril 2014, le casting annoncé par la production ne comprenait que deux personnages féminins, ce qui avait soulevé l’indignation de plusieurs journalistes aux Etats-Unis, qui soulignaient que d’autre sagas de science-fiction des années 1970, comme Battlestar Galactica, avaient pourtant accordé aux femmes une place plus intéressante. En avril dernier, Kathleen Kennedy, la productrice de la future trilogie et présidente de LucasFilm, a donc promis aux fans de développer « des personnages féminins forts » pour remédier à ce défaut de parité.
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On sait déjà que l’épisode VII de Star Wars, Le Réveil de la Force, aura au moins trois personnages féminins importants : Rey, alias Daisy Ridley, une pilleuse d’épaves solitaire, que tu peux voir aider un personnage masculin dans l’un des teasers du film déjà dévoilés. Carrie Fisher reprend son personnage de Princesse Leia, Gwendoline Christie incarnera le Captain Phasma, et Lupita N’yong’o aura également un rôle encore inconnu. Amybeth Hargreaves devrait elle jouer ou doubler une femme soldat Stormtrooper.
Mais il semblerait que ce soit les sagas dérivées de l’univers Star Wars qui aient encore une fois de l’avance sur les oeuvres cinématographiques. Le Huffington Post relayait en mars dernier qu’un personnage de femme homosexuelle, celui de la leader Moff Mors, allait faire son apparition dans The Lord of The Sith, l’un des prochains livres dérivés de la trilogie, tandis que le jeu vidéo Knights of the Old Republic, mettait déjà en scène Juhani, un personnage féminin gay.
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Les Commentaires
Déjà, Anakin l'a à moitié étranglé alors qu'elle était enceinte...Je préfère même pas imaginer ce que ça fait.
D'autre part, elle a placé tous ses espoirs en Anakin, et quand elle s'est aperçue ce qu'il était devenu, tous les innocents qu'il a massacré. Et la République, celle pour laquelle elle s'est battue durant des années, morte, anéantie, en partie à cause d'Anakin. Ben, je comprends qu'elle s'est laissée mourir de chagrin. Elle n'avait tout simplement plus la force de vivre dans ce monde qui lui est devenu totalement étranger. Et elle s'en voulait terriblement d'avoir trahie l'homme qu'elle aimait et Padmé ne l'a pas supporté.