Gabriel Attal aurait refusé, depuis des mois, de transmettre ce fameux rapport d’inspection du groupe scolaire Stanislas (Paris VIe) à Mediapart, mais c’était sans compter la polémique déclenchée par les propos de la nouvelle ministre de l’Éducation nationale, Amélie Oudéa-Castéra à l’égard du corps enseignant.
Interrogée par nos confrères de Mediapart vendredi 12 janvier lors son tout premier déplacement dans les Yvelines, la fraîchement nommée ministre de l’Éducation nationale avait justifié la scolarisation de ses trois enfants dans le privé du fait « d’un paquet d’heures non remplacées » dans le public. Il n’en a pas fallu davantage pour provoquer l’ire, non seulement de l’UNSA, mais aussi du corps enseignant du groupe Litré, établissement public visé par la ministre, ainsi que des parents d’élèves, poussant cette dernière à s’excuser.
Enseignement religieux imposé, thérapie de conversation et propos anti-IVG
Mardi 16 janvier, Mediapart a dévoilé le contenu intégral du rapport « caché » depuis sa réception au mois d’août par Gabriel Attal.
Les éléments qui ressortent de ce document de trente pages pointent plusieurs fois le non-respect de la loi par l’établissement qui oblige par exemple l’ensemble de ses élèves à suivre une heure d’enseignement catholique par semaine, lorsque celui-ci doit normalement être facultatif dans les établissements privés catholiques sous contrat avec l’État.
« Dans ces cours, des intervenant·es tiennent des propos homophobes, anti-avortement, font la promotion des thérapies de conversion et demandent à ‘pardonner aux violeurs’ », précisent nos confrères de Mediapart.
Le rapport note en outre qu’au sein de Stanislas, « il y a une incitation à être baptisé », les élèves se voyant promettre « l’enfer » et la « damnation » dans le cas contraire. Certains intervenants feraient également la promotion d’idées personnelles et de propos homophobes ou anti-avortement.
En classe de quatrième, rapporte Mediapart, les livrets distribués aux élèves mentionnent par exemple que « l’avortement signifie […] toujours tuer volontairement une personne humaine innocente ». La contraception, comme la pilule, y est aussi décriée.
« Les hommes ont des pulsions que les femmes n’ont pas et qu’elles doivent subir… »
À « Stan », on contourne aussi l’éducation à la sexualité, enseignement quasiment pas abordé au sein de l’établissement, alors qu’elle est une obligation légale, inscrite au sein du Code de l’éducation.
Les rares cours « d’éducation affective » parfois proposés par certains professeurs sont systématiquement organisés en non-mixité. « Il ne s’agit pas d’une simple commodité de langage, mais d’un parti pris de mise à distance de la sexualité », analyse le rapport, détaillé par Mediapart. Pire, si c’est encore possible, certains élèves auraient eu affaire à une intervenante estimant très sérieusement que « les hommes ont des pulsions que les femmes n’ont pas et qu’elles doivent subir… ». De quoi promouvoir proprement et de façon institutionnalisée la culture du viol.
Pédagogie violente et sexiste
Mais ce n’est pas tout. Le rapport de l’inspection pointe en outre une pédagogie faite de violences et d’humiliations des élèves. « Si les parents rencontrés par la mission sont, dans leur grande majorité, favorables à l’exercice de l’autorité tel que pratique par les personnels d’encadrements », souligne Mediapart, il résulte du rapport des méthodes « brutales » et « autoritaires ». Que ce soit dans l’enceinte de l’établissement ou en dehors, certaines étudiantes seraient notamment prises à partie, mises sous pression et critiquées pour leurs tenues vestimentaires. D’autres auraient également subi des agressions sexuelles.
Après la publication de ce rapport glaçant, Ian Brossat et Pierre Ouzoulias, tous deux sénateurs communistes, ont, dans un communiqué publié sur X (anciennement Twitter) sollicité auprès de la ministre de l’Éducation nationale la « fin du conventionnement » de Stanislas.
Reste, en outre, à savoir si après cette polémique, Amélie Oudéa-Castéra pourra rester à son poste, de nombreuses voix s’élevant pour demander sa démission. Lors d’une conférence de presse mardi 16 janvier au soir, Emmanuel Macron a, de son côté, plaidé pour « l’indulgence » à l’égard de sa ministre, estimant que cette dernière avait « eu raison de s’excuser » après ses « propos maladroits ».
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