En 2012, Simon Bouisson et Elliot Lepers posent leurs caméras à Stains, dans l’un des collèges les plus difficiles d’Île-de-France. Le but : animer un atelier audiovisuel. Mais ils ont une idée un peu plus folle en tête…
Durant un an, ils vont réaliser un webdocumentaire ambitieux, pensé et réalisé par les élèves eux-mêmes. Ils sont alors soutenus par Nouvelles écritures, le laboratoire de France Télévisions, qui soutient aussi (entre autres) Le Visiteur du Futur et Génération Quoi ?.
La particularité du site, ce n’est pas uniquement ses très jeunes créateurs : tout a été pensé pour que le film soit infini ! On choisit par où on commence, on va autre part si on s’ennuie, ou on mate tout en boucle si on aime vraiment beaucoup.
Fais tourner la roue !
Les élèves ont tous eu l’occasion de réaliser leur petit film, comme ils en ont eu envie. Fictions, chansons, reportages… le webdoc permet de découvrir la personnalité unique de chacun des adolescents. L’une se montre exubérante en chantant a cappella, une autre originale en proposant une séquence entièrement composée d’images de mains…
Les élèves dévoilent leur individualité, à côté de leur groupe de potes, grâce aux vidéos. Si bien qu’on en finirait même par avoir des chouchous. De mon côté je ne dirais pas que c’est Asma et Ilies parce que je ne veux pas faire de favoritisme. Mais je le pense très fort.
Celles-ci sont accompagnées de commentaires des deux animateurs, qui livrent eux aussi leurs faiblesses et leurs angoisses vis-à-vis du projet. Stains beau pays, c’est un retour au collège, mais pas seulement. C’est aussi une sorte de réconciliation avec l’adolescence, période noire pour beaucoup d’entre nous (enfin je sais pas pour toi, mais moi rien que de penser aux heures de perm et à mon appareil dentaire, j’ai les chocottes).
Le groupe ne se gêne pas pour aborder les sujets qui fâchent. Située à 13 kilomètres de Paris, Stains est souvent jugée comme une cité à problèmes où il ne fait pas bon vivre. Micro à la main, certains d’entre eux n’ont pas hésité à aller demander directement leur avis aux Parisiens… quitte à leur rentrer un peu dans le lard si besoin.
C’est ça aussi la magie de Stains beau pays : casser les clichés, permettre à monsieur tout le monde de venir faire connaissance directement avec ces « jeunes des banlieues » qui lui font peur.
Le rendu final est frais, attachant et léger. Et le travail du groupe a payé, puisqu’ils viennent de recevoir le prix Varenne web&doc, en partenariat avec le Festival international du grand reportage d’actualité et du documentaire de société. Un prix mérité pour un travail de longue haleine.
Et si le coup de la roue t’emballe, sache que le code source du player sera prochainement distribué sous licence libre, pour que n’importe qui puisse tenter l’aventure !
Découvrir Stains beau pays
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