Dans mon engagement sans bornes pour les valeurs du journalisme, je dois parfois mettre ma vie entre parenthèses pour l’amour de l’investigation.
Ainsi, j’ai accepté l’invitation de l’UCPA (Union des Centres de Plein Air) à tester leur nouveau stage Apnée & Yoga dans la calanque de Niolon, en face de Marseille.
Vous apprécierez le sens du dévouement.
J’ai donc passé une semaine à découvrir TOTALEMENT la plongée en apnée, mystérieuse discipline qui nourrit bien des fantasmes.
Avant ce stage, je visualisais l’apnée comme un concours de celui qui retient le plus longtemps sa respiration la main crispée sur le rebord d’une piscine.
Mais figurez-vous qu’à Niolon, les stagiaires peuvent bénéficier du luxe de plonger dans la mer, et de se former avec des pros passionnés.
La noob totale que j’étais a donc débarquée là-bas, mis des palmes pour la première fois de sa vie et sauté dans le grand bleu. Un film que j’avais d’ailleurs jamais vu avant d’écrire cet article.
J’aime à croire que Jacques Mayol aurait été fier de mon expérience, et que Guillaume Néry m’aurait kiffé en combinaison, exactement comme dans le clip de Queen B.
La cagoule, c’était fait pour moi
En tout cas, j’en ai appris des vertes et des pas mûres sur ce sport sous-marin qui m’était absolument inconnu.
Maintenant, je suis exactement comme ces insupportables personnes qui rentrent de voyage. Décidée à vous raconter les trucs de fous que j’y ai découvert, que vous le vouliez ou non.
La taille ne compte pas
Je parle ici de celle des poumons.
C’est une des répliques du Grand Bleu et ce que le champion Jacques Mayol, interprété par Jean-Marc Barr, entend par là, c’est que la relaxation est la vraie clé du succès en apnée.
À mon retour à Paris, tout le monde me demandait combien j’avais « tenu ». En fait, les pros qui nous accompagnaient nous ont expliqué tout de suite qu’il n’y aurait pas de compétition pendant le stage.
Nous avons surtout appris les manoeuvres de base, comme descendre sans s’exploser un tympan, remonter en sécurité, assurer un plongeur…
Personne ne nous chronométrait ou ne mesurait la profondeur à laquelle nous descendions.
Inutile de se gonfler comme une brique de lait au soleil pour battre des records. La compétence principale à intégrer, c’est d’être total relax.
À lire aussi : L’apnéiste qui sculpte l’air, pour un art sous-marin éphémère
Entre deux séances en mer (qui ne manquèrent pas de me filer la gerbe), je m’en remettais donc à Vanessa, la prof de yoga qui nous a fait respirer à en être complètement stone.
D’ailleurs, Jacques Mayol s’inspirait du yoga et de la méditation pour se mettre en condition de plonger.
Moi qui me relaxe dans l’eau à 13°
Et puis, le saviez-vous, ce n’est pas le manque d’air qui fait remonter à la surface, mais la saturation de CO2 dans le sang. Maintenant, vous savez.
Le record du monde en apnée No Limit est de 214m
Autant vous dire que ce n’est pas moi qui le détient. Cette profondeur équivaut à la hauteur de la tour Montparnasse.
Après mes 5 jours d’initiation, j’étais déjà contente de m’enfoncer de 3 mètres sans boire la tasse, soit la taille de cette tour Eiffel en chocolat, ce qui est bien mais pas top.
C’est l’autrichien Herbert Nitsch qui a validé ce record en 2007 sur une île grecque.
Il est même descendu jusqu’à 253 mètres en 2012 mais a fait un AVC en remontant…
Les médecins ne donnaient pas cher de lui mais il plonge toujours aujourd’hui. En moins de dix ans, il a battu une trentaine de record dans huit catégories d’apnée différentes.
Un homme qui ne manque pas d’air. Blague super profonde. OoooK, je sors de l’eau.
Quand j’ai du regagner la rive parce que j’avais envie de vomir
Notre corps imite celui des otaries
Je rassure toute la communauté apnéiste de France : j’ai fini par mater le Grand Bleu à mon retour de Niolon.
Le film de Luc Besson, qui fête ses 30 ans cette année, romance la rivalité entre Jacques Mayol et Enzo Maiorca, deux apnéistes qui se tiraient la bourre dans les années 60/70.
Ce classique retrace ainsi leurs plus importantes tentatives de plongée en apnée.
En 1966, aux Bahamas, Jacques Mayol défie les scientifiques qui lui prédisent une bonne compression de la cage thoracique s’il s’aventure au-delà de 40m de profondeur.
À lire aussi : Mon baptême de plongée, à la découverte d’un univers parallèle
Mais le Français réussi à battre le record de Maiorca en descendant à 60 mètres.
Avec cet exploit, il prouve que le corps humain peut compenser la pression par le phénomène de « bloodshift » qui augmente le volume sanguin dans les poumons afin qu’ils ne soient pas tout écrasés.
Les mammifères marins, tels que nos amis les otaries ou les phoques, possèdent cette même faculté.
Mayol, qui observait beaucoup les dauphins, a passé des années d’entrainement progressif pour développer cette capacité.
C’est vraiment très intéressant
On peut avoir des courbatures de palme
Ça ne me sautait pas pas aux yeux quand je voyais les gens en faire à la télé mais palmer, c’est du sport. Ce n’est pas Claire, la première sirène française qui me contredira.
L’effort physique que m’a demandé la nage en palmes était quasi aussi grand que mes palmes elles-mêmes (je fais du 41).
J’ai découvert un muscle (un tendon ??) que je ne sollicitais apparemment jamais jusqu’alors et qui a mis le feu à mes cous-de-pieds.
D’après mes calculs, nager 5 minutes en palmes équivaudrait donc à marcher sur la pointe des pieds un mois, en termes de douleur.
Pas mécontente de retrouver la terre ferme, même si c’était pour souffrir ma vie à chaque pas.
Le contraire de moi
On peut plonger en banlieue parisienne
L’eau n’a jamais été mon élément de prédilection et je peux passer une aprem à rôtir sur une plage sans tremper un doigt dans l’eau. Mais je dû admettre qu’une bonne baignade en combi intégrale sous le soleil valait mieux qu’un trajet en RER.
À la fin de la semaine, le jour des départs m’inspira la plus grande empathie envers les passionnés qui devaient quitter ce coin de paradis pour rentrer à Paris.
Mais bonne nouvelle ! Il existe de véritables trous d’eau artificiels pour plonger en apnée partout en France.
Regardez comme c’est joli et saugrenu :
Un gros trou d’eau
Descendre là-dedans correspond peu ou proue à ma définition de l’angoisse.
N’empêche que ceux qui souhaitent s’initier ou se perfectionner ne sont pas obligés d’attendre que la mer monte à Antony ou à Chartres. Pratique.
La fosse la plus profonde du monde se trouve dans un hôtel italien et répond au doux nom de Deep-Joy. Il faut faire au moins 42,5m pour y avoir pied. Mieux vaut ne pas laisser couler son masque.
Voilà ma sirène d’eau douce, j’espère que ces quelques anecdotes t’auront fasciné•e autant que moi.
Peut-être mon expérience te donnera-t-elle envie de t’initier à l’art de ne point respirer sous l’eau. Si c’est le cas, le spot de l’UCPA à Niolon est le parfait endroit pour ce faire.
Mais peut-être préféreras-tu une destination plus exotique, et personne ne t’en voudras.
Dans tous les cas, commander la box madmoiZelle du mois de mai me semble tout indiqué. Manue y a glissé 8 objets rigoureusement sélectionnés pour voyager avec aisance, chez ta grand-mère ou à Tahiti.
Allez salut, et merci pour le poisson !
À lire aussi : J’ai testé pour vous… l’école de plongée de Niolon
Pour témoigner sur Madmoizelle, écrivez-nous à :
[email protected]
On a hâte de vous lire !
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
J'adorerai pouvoir tester jusqu'à quelle profondeur je vais, en palmes ou queue de sirène !!