À part dans le 13e arrondissement et à Belleville, je précise. Parce que dans ces 2 quartiers se partageant l’étiquette de « China town parisien », les entreprises familiales de restaurateurs sont si nombreuses qu’il vous suffira de vous fier à la file d’attente devant l’une ou l’autre pour supposer sa (bonne ou mauvaise) réputation dans le milieu. Le Phô 14 de l’avenue de Choisy est, soit dit en passant, réputé pour proposer la meilleure soupe vietnamienne de Paris.
Pour ce « Paris pas cher », je vais plutôt vous emmener ailleurs : dans le 11e et dans le 15e. Là où les bons restaurants / boui-bouis asiatiques sont moins attendus. Là où, lorsqu’ils proposent une excellente cuisine, ils méritent d’être vraiment relevés. Et élevés au rang de cantines de quartier à ne pas manquer.
NANG LOAN
Situé 33 rue St Sébastien (métro Saint Ambroise, ligne 9), cette petite enseigne verte surprend par sa simplicité : à l’intérieur, la déco ne paye pas de mine – on mange dans des bols du pays (cette vaisselle en plastique, pas chère, que l’on trouve sur le marché de Ben Thanh à Saigon), sous un néon un peu orangé, à tout juste 2 mètres de la vieille femme qui cuisine dans le petit renfoncement qu’offre la pièce.
C’est l’endroit de Paris qui me fait le plus penser aux petits restos sans grande prétention du Vietnam. Le thé (à volonté) est offert par la maison. Il accompagne parfaitement le bo bun de la cuisinière, à 6 euros le copieux bol.
La patronne est amicale, sans être envahissante. Et c’est tant mieux : l’endroit est petit (une dizaine de places assises tout au plus) et semblerait un peu exigu si la vieille dame se mettait à tenir la jambe à tous ses clients. À la place, elle s’avance discrètement vers chaque table pour resservir les gourmands en thé, avant de s’éclipser en souriant. L’ambiance du resto est rythmée par les conversations des habitués et les sketchs de comiques vietnamiens que la dame se passe en boucle sur son ordinateur miniature.
LE DRAPEAU DE LA FIDÉLITÉ
Mes potes m’ont supplié de ne pas parler de ce bon plan, histoire de lui éviter d’être assiégé par le grand public. Ma déontologie journalistique en a voulu autrement, il me fallait vous partager avec vous l’existence de ce petit coin de paradis.
Le Drapeau de la Fidélité est aussi connu sous le nom de « Chez Monsieur Quan ». Tenu par une espèce de vieux fou le coeur sur la main, cet endroit est réputé pour être la cantine des étudiants du coin et le point de ralliement de tous ceux qu’un endroit si poignant de fraternité enthousiasment.
Le menu comporte la mention « Monsieur Pham Công Quân, l’œil vif et la moustache aux pointes gaiement relevées, ancien professeur de philosophie à Saigon, s’est mué en limonadier dans un décor de vieilles poutres, briques anciennes et drapeau de la fidélité à l’empereur Bao Dai. Il sert un plat costaud à six euros. Cinq euros pour les étudiants, ses chouchous du quartier. »
Le verre de vin et le demi de bière sont à moins de 2 euros. Chaque soir, ce petit bar est pris d’assaut par les curieux, les fans de Monsieur Quan, les fauchés et les amoureux des discours du vieillard sur l’immortalité. On y dîne au milieu de plusieurs bibliothèques remplies de guides touristiques, essais philosophies et grands romans français.
Pour 5 euros, j’y ai mangé une généreuse assiette de bavette / frites. L’amie qui m’accompagnait a pris le boeuf sauté, saupoudré d’une épaisse couche de fromage râpé (drôle de mélange dont les jeunes étudiants sont visiblement fans) et nos voisins de table avaient commandé des spaghettis bolo steak de cheval plutôt appétissants. Toujours à 5 euros (6 pour les non-étudiants) sur la carte, il y avait aussi du bo bun, du porc caramel, du Marco Polo (un plat à base de crevettes) et quelques autres spécialités asiatiques.
Voici un reportage sur Monsieur Quan (qui a aussi inspiré une chanson…) réalisé par l’école de journalisme de Science po.
[dailymotion]https://www.dailymotion.com/video/xdi4tz_pham-cong-quan-refugie-politique-vi_news[/dailymotion]
PARIS HANOÏ
Plus cher qu’un petit traiteur, mais moins qu’un resto. Ce restaurant de cuisine viêtnamienne, située rue de Charonne dans le 11e arrondissement, est une vraie pépite. La (systématique) file d’attente en face de la devanture en atteste : ce petit endroit tamisé attire tous ceux qu’une cuisine familiale et une ambiance cosy aguichent.
À ce stade de la description, les charmantes petites rondelles de citron dans les carafes d’eau ne sont qu’un bonus. Ce qu’il faut surtout retenir de Paris Hanoï, c’est la cuisine à la vue de tous (le client peut se rendre compte de la fraîcheur des ingrédients et des plats fait-maison, sans passer par la case micro-onde), les petites tables en bois et la lumière s’échappant des bougies voilées. Ambiance intimiste.
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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