Lorsque’on demandait au brave Churchill quel était le succès de sa forme, ce dernier répondait invariablement « no sport », prouvant que l’on pouvait se passer de tout exercice, ingurgiter quotidiennement son propre poids en whisky et fumer cigare sur cigare tout en demeurant en excellente santé.
Or, en ces temps troublés d’aoûtats, de semi-canicule et de boules renversées*, l’incitation à bouger son gras et à faire du sport est omniprésente. Mais pourquoi risquer insolations, claquages et vestiaires puants au lieu de rester confortablement assis dans nos fauteuils à regarder Plus Belle La Vie lire Tolstoï ? On se le demande.
Ainsi, combattons ensemble les sports de plein air, ces fourbes activités qui ruineront ton été aussi sûrement qu’une mycose carabinée. C’est parti Jacques-Henri.
*Je parle de boules de glaces, petits polissons.
Le kayak
CECI EST UNE PUBLICITÉ MENSONGÈRE.
Au départ, la sortie kayak proposée par ton père te semble innocente. Voguer sur des flots tranquilles en savourant la légère brise du mois d’août qui descend sur la rivière ? Tu ne vois pas en quoi cela pourrait te faire du mal, vraiment.
Et c’est ainsi que par un joli matin d’été, tu te retrouves à l’avant d’un kayak — ta mère est à l’arrière — équipée d’un seyant gilet de protection fluo et d’une pagaie — ou bien est-ce une rame ? — avec laquelle tu assommes involontairement l’auteure de tes jours.
Les problèmes peuvent alors commencer : tu n’as jamais su distinguer ta gauche de ta droite sans cinq minutes d’une réflexion intense. Du coup, votre kayak (surnommé « la toupie » par tes gueux de frères et soeurs, embarqués dans une autre barque-du-diable) fait de jolis tourbillons dans la rivière et n’avance pas d’un pas.
Trois heures plus tard, tu as perdu ta fratrie, ta mère s’est mise à pleurer en répétant qu’elle ne veut pas mourir dans une rivière où elle a pied, votre kayak a coulé trois fois, vous êtes perdu-e-s au beau milieu de la campagne landaise et vous n’avez même plus la force de pagayer.
Pour vous sortir de cette ornière, un brave kayakiste vous a relié-e-s à son kayak avec une corde et vous a traîné-e-s pendant une heure, sous les quolibets du reste de ta famille, arrivé à bon port depuis un bon bout de temps.*
Moralité ? Le kayak = Satan, les One Direction et la peste bubonique réunis.
*Toute ressemblance avec une sortie Kayak existante ou ayant existé au cours de laquelle votre fidèle servante aurait perdu toute dignité serait purement fortuite.
La randonnée
Tu as décidé de prendre une location avec quelques copains, histoire de prendre l’air et de profiter de vacances bien méritées. C’était sans compter sur Gégé, qui a décidé d’emmener tout le monde en balade pour « une petite rando de rien du tout ».
Vous voilà donc parti-e-s à l’assaut des corbières imprenables, dans des tenues dignes des pires heures des années 90 : Gégé a un baudrier moule-burnes rose fluo (justifié par un fier « si on se perd, vous me reconnaîtrez de loin »), sa copine a hérité de chaussures de rando trop petites pour elle et tu pars en tongs, faute de mieux.
Gégé part en balade.
Après deux heures passées à lutter contre les orties, les ronces et les aléas de la carte topographique, vous êtes à demi-morts de faim et de fatigue, quelqu’un s’est tordu la cheville, Gégé boude, tu vendrais ton propre foie sur eBay contre une bonne tartiflette, le tout en jurant, mais un peu tard, que l’on ne t’y reprendra plus.
Moralité ? Ne tisse jamais de liens d’amitié avec quelqu’un qui se fait appeler « Gégé » et qui trimballe dans ses bagages un baudrier rose fluo. C’est pour ton bien.
Le vélo
Depuis une semaine, Céladon, ton petit frère de 9 ans, te fait les yeux-du-chat-dans-Shrek pour que tu l’emmènes faire une balade à vélo. Regain d’amour fraternel, intérêt pour le dicton « Mens sana in corpore sano », passion cachée pour la nature ? Que nenni : le bougre a été privé de DS et s’ennuie comme un rat crevé.
Le vélo c’est trop rigolo ! (Non.)
Après trois kilomètres, il te harcèle de questions existentielles ( « C’est quand qu’on arrive ? T’as du coca ? C’est quand qu’on arrive ? J’ai mal à l’orteil ! C’est quand qu’on arrive ? ») et décide de monter toutes les côtes, faux-plats inclus, À PIED.
Entre-temps, la batterie de ton téléphone t’a fait faux-bond, et, faute de GPS, tu te retrouves dans un village de 9,8 habitants (vaches incluses). Céladon trépigne, et tu te demandes combien de temps tu devras le louer comme garçon de ferme avant de pouvoir te payer une recharge d’iPhone.
Après trois heures d’un épique périple, tu parviens enfin à retrouver le Saint-Graal : ton logis. Ce fourbe de Céladon t’annonce alors qu’il déteste le vélo, et qu’il aurait préféré faire la sieste plutôt qu’une randonnée, avant de partir regarder Les Feux de l’Amour à la télé.
Moralité ? Le vélo, c’est bien. La ligature des trompes, c’est mieux.
Je dédie cet article à Winston, qui avait bien compris que le sport était mauvais pour l’humanité. RIP mon gars.
Et toi, quels sont tes pires souvenirs de sport-en-plein-air ? As-tu envie d’occire ta télé chaque fois que le slogan « manger-bouger » parvient à tes oreilles ? Aimes-tu les baudriers rose fluo ?
Ajoutez Madmoizelle à vos favoris sur Google News pour ne rater aucun de nos articles !
Les Commentaires
Mon père nous avait proposé une ''petite" ballade dans les bois.
Charmée par l'idée, j'ai accepté de suite.anser:
Nous nous promenâmes gaiement en forêt, lorsque mon frère vit un panneau indiquant un lac à 500 mètres.
Il faisait chaud et l'idée de tremper mes orteils dans de l'eau fraîche me faisait saliver.
Nous décidâmes de suivre le panneau mais ce fourbe de lac se trouvait à au moins 10 km de là et était inaccessible à cause de la verdure très dense.
Résultat, je déteste tout ballade soit-disant balisée. Je ne fait plus confiance aux indications indiquées sur les panneaux pour randonneurs