Il y a un an et demi, je me suis mise au sport. Aujourd’hui, je ne fais jamais moins de 4 séances par semaine (j’en fais 5, la plupart du temps), alternant la course et le renforcement musculaire chez moi. J’en ai besoin. C’est fou de dire ça, parce qu’avant j’en faisais pas du tout, et je ne m’imaginais pas en faire.
Mais avant, j’étais traumatisée par les cours de sport où on était NOTÉS, où il fallait avoir la moyenne, où quand on n’était pas assez compétents, les gens tiraient la gueule quand ils nous voyaient assigné à leur équipe. Surmonter ce blocage m’a pris énormément de temps, jusqu’à ce que je réalise qu’une fois sortie du cadre scolaire, je pouvais faire du sport sans nécessairement attacher de l’importance à mes performances (je ne cours pas très vite du tout et je soulève de tout petits poids). Mais en en attachant énormément à mon ressenti et mes émotions.
Ma réaction si on m’avait dit y a deux ans qu’un jour je me mettrais à ce point au sport.
J’ai beaucoup changé, et mon quotidien aussi, globalement et dans les tout petits détails (genre là, je suis en train de préparer ma valise pour partir en tournage dans une autre ville ce week-end et j’y glisse ma tenue de sport, impensable y a deux ans). Voici les toutes petites choses qui modifient grandement ma vie de tous les jours depuis que j’ai commencé.
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Balek des autres
Il y a un an et demi, je me suis inscrite dans une salle de sport, dont je garde aujourd’hui la lettre de résiliation dans mon sac dans l’espoir de trouver un jour la motivation d’aller faire la queue à La Poste pour l’envoyer en recommandé. Car oui, je veux résilier mon abonnement. Parce que la salle de sport, j’ai fini par trouver ça chiant.
J’ai fini par être totalement démotivée à l’idée de devoir prendre le métro pour aller suer sur un tapis de course et devoir supporter les bruits des gens (y en avait un, il CRIAIT à des moments random de sa course à un rythme irrégulier, je sursautais à chaque fois), à me prendre des vents chaque fois que je disais bonjour en arrivant dans le vestiaire, à me sentir ridicule quand les gens disaient bonjour en rentrant. Tu sais, un peu comme la micro-humiliation qu’on ressent quand les gens nous répondent « bonsoir » alors qu’on vient de leur dire « bonjour ».
Bon, écoute, je vais pas cracher dans la soupe : la salle de sport, c’est par là que j’ai commencé à me mettre au sport. C’est là que j’ai découvert le bonheur du pic d’endorphines post-cardio. C’est là que j’ai commencé à faire des squats en me mettant dans un coin de la salle au cas où mon legging déciderait de craquer. J’ai aimé la salle de sport, mais c’est plus pour moi.
Et pourtant, personne ne s’y est jamais mis aussi près tout en sueur derrière moi comme ça.
Parce qu’il y a presque un an presque tout pile, j’ai décidé d’oser aller courir dehors. Et comme je vis en ville, ça implique d’aller courir dans la rue.
J’avais jamais osé faire ça, parce que je me disais que les gens allaient se moquer de moi, allaient juger mon rythme de course, ma dégaine, mon odeur de sueur et mes joues écarlates. Et effectivement, ils jugent. Pas tous, mais y en a.
Effectivement, je me prends des réflexions peu agréables très souvent.
Si je passe devant une terrasse en marchant pour rentrer chez moi après ma course ? Les gens se moquent, parfois. Des mecs font mine de vouloir courir parfois à côté de moi, d’autres me font des réflexions relous. D’autres me disent que je devrais aller plus vite bref, c’est un peu chiant. MAIS, c’est largement compensé positivement par la joie de courir. Je préfèrerais sans, mais puisqu’il faut faire avec, je me concentre sur le fait que c’est un sport gratuit, qui a fait de moi une meuf neuve et donne de la gueule à mes mollets (qui sont pas encore au niveau de ceux d’Amy Schumer mais j’y travaille).
Je vais courir dehors, sans maquillage et toute en sueur, et ça peut paraître rien du tout (c’est un peu rien du tout, objectivement) mais sachant qu’il y a quelques petites années, j’avais la boule au ventre quand je devais me rendre d’un point A à un point B non accompagnée de peur qu’on me juge pour être toute seule ou pour ressembler à ce à quoi je ressemblais, je me dis qu’il y a vraiment du mieux.
L’épreuve du miroir izipizi
Avant, j’étais obsédée par mon apparence. Je me scrutais sous tous les angles avec l’envie de pleurer plus ou moins forte selon les jours, selon ce que j’avais mangé la veille et l’influence que ça avait eu sur la forme de mon estomac.
J’alternais les phases où…
- je vivais façon yolo avec l’impression de me venger de la pression faite aux femmes par la société en mangeant tout le temps et en énormes quantités, cachant ainsi à mes propres yeux mes troubles du comportement alimentaire,
- et les phases où je mangeais très peu, étais dégoûtée au bout de trois bouchées et donc mincissais, étant bien trop heureuse de m’affiner pour ne serait-ce que penser à la notion de trouble du comportement alimentaire.
Bien sûr, le sport n’a pas tout guéri. Bien sûr, il m’arrive encore d’avoir quelques crises, par-ci par-là, dans les moments de grands stress. Mais ça n’a plus rien à voir avec avant.
Je me regarde dans le miroir et quoique j’ai mangé la veille, je suis contente. Pas aux anges, mais contente.
Et l’épreuve du miroir n’a plus rien d’une épreuve. Quand je me regarde, dans mon miroir en me levant le matin, ce n’est plus la conséquence de ce que j’ai mangé la veille que je scrute, en culpabilisant d’avoir trop mangé ou en me complimentant d’avoir mangé si peu. Ce que je scrute, c’est les conséquences du sport que je fais et qui modifie ma silhouette tout doucement. Lentement. Sans que je me presse. Sans que ça m’obsède. Avec une alimentation variée et presque toujours équilibrée.
Je me regarde dans le miroir et quoique j’ai mangé la veille, je suis contente. Pas aux anges, mais contente.
Je continue à me regarder souvent et à soulever mon t-shirt régulièrement pour jeter un oeil à mes bourrelets, mais sans que ça me rende triste. Je travaille avec moi-même pour perdre ce réflexe, mais il ne me fiche plus de palpitations et de culpabilité dans la tête, et c’est un très bon début.
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Une gestion des émotions au poil
Je suis une personne très émotive. Tout me touche, parfois de façons disproportionnées. Je réussis cependant depuis quelques temps à gérer de ouf tout ça. Mes émotions, mes colères, mes angoisses. Et le sport n’y est franchement pas pour rien dans mon cas. Je teste ça à chaque fois : quand je me sens trop stressée, je vais suer tout ça, en courant ou en faisant des exercices de cardio chez moi.
Pendant la séance — qui n’a pas forcément à faire plus de 20 minutes — je fronce les sourcils, je fais la gueule, je pense à tout ce qui m’agace ou m’émeut ou me met en colère et vaut mieux pas me parler. Et sous la douche, la magie : je respire mieux à nouveau.
J’avoue, ça marche moyen si t’as un taf avec des horaires traditionnels ou que tu vas en cours. J’imagine la scène si je mettais mise à sortir de l’amphi en courant n’importe comment parce que j’avais peur des examens. Ou que j’avais fait des squats au tableau avant de commencer mon exposé. Mais tu peux tout à fait faire ça après : malheureusement, il y a de grandes chances pour que tu sois toujours stressée deux heures après.
Et y a un moment, tu sais, quand on court où quand on fait des burpees, où qu’on sort, même un tout petit peu, de sa zone de confort, où après en avoir chié, on a un pic de plénitude. Et d’un coup, bim, les soucis paraissent tout petits et surmontables (ce qui est, dans mon cas en tout cas, exactement ce qu’ils sont). Parfois, je l’ai pas, l’idée c’est pas de le chercher à tout prix. C’est un peu un bonus, quoi.
Alors, voilà, non, je ne pense pas que le sport guérisse tout et guérisse de tout. Je ne sais même pas s’il pourrait faire de bien à tout le monde. Mais il me fait du bien à moi, sans même améliorer considérablement mes performances, et je suis vachement contente d’avoir dépassé mon blocage et de m’y être mise.
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Les Commentaires
(Anecdote: genre le cours de step ou tu t'es mise au fond de la salle pour suivre comme tu peux et que là, la prof sort "on inverse" et que tout le monde se retourne et tu te retrouve au premier rang alors que tu connais pas les enchaînements :mur.
Ça peut paraître idiot mais c'est plein de petites choses qui me mettent mal à l'aise et qui font que ne me suis pas rendue à la salle de sport depuis des mois. En fait, j'ai l'impression que je dois m'entraîner pour avoir un niveau "acceptable" avant de m'y rendre.
J'ai souffert de TCA pendant toute mon adolescence et même aujourd'hui, mon rapport à la nourriture et à mon corps est un peu compliqué. En tout cas, cet article m'inspire pour essayer de continuer à bouger de mon côté et pour trouver une manière de pratiquer le sport qui me mette à l'aise pour tenir sur le long terme