On a récemment tiré un drôle de constat : notre humeur évolue en fonction du calendrier des sorties cinéma.
Prenez une semaine où seuls les films de Philippe Lacheau et de Philippe de Chauveron sont programmés et vous n’obtiendrez de nous qu’une moue épuisée, un teint terne et une envie de dire merde à tout.
Mais prenez cette semaine du 19 janvier, où les sorties sont aussi plurielles et éclectiques que splendides, et vous nous verrez sourire à la réunion du matin.
Il faut dire qu’aujourd’hui, on est particulièrement gâtée, la preuve par 4 !
Spencer, de Pablo Larraín
S’il a eu la chance d’être distribué en salles aux États-Unis, il n’est disponible en France que sur Amazon Prime Vidéo, et c’est déjà mieux que rien.
Spencer, c’est un biopic uchronique qui ne ressemble à aucun autre, et dont la seule bande-annonce ne rend pas du tout hommage au produit entier.
Le film s’ouvre sur une Lady Diana perdue dans la campagne anglaise, à la recherche de son passé envolé.
Déprimée, au bord de la rupture nerveuse, la jeune femme entend bien repousser le plus longtemps possible son arrivée dans la demeure de vacances des Windsor.
Et pour cause : elle est désormais au courant que son époux la trompe, ce qui est finalement un moindre mal comparé aux autres, à savoir le mépris et la méchanceté qu’elle inspire à la famille royale.
Loin d’un biopic classique, Spencer propose une plongée dans les tréfonds psychologiques de la princesse Diana, aux allures sinon de documentaire, au moins de film d’horreur.
La demeure des Windsor est filmée comme une maison hantée par la présence d’Anne Boleyn, martyr historique à laquelle la princesse s’identifie, qui aspire les âmes pour ne plus jamais les en laisser sortir.
Privée de sa liberté, comme un faisan (animal qu’entreprend la Princesse de sauver du fusil de son fils) qu’on aurait élevé pour la chasse, elle sombre dans les abysses de sa propre dépression et cède entièrement à ses troubles alimentaires.
Ainsi, Diana passe une partie du film à vomir en robes de soirée, robes qu’elle n’a pas pu choisir elle-même, comme elle n’a rien pu choisir d’autre. Sa condition dépend entièrement du bon vouloir de sa belle-famille.
Dans l’enfer qu’est sa vie, une seule planche de salut : la maison de son père, non loin de la demeure des Windsor.
Spencer, c’est l’ovni du moment, l’objet filmique qui se joue des codes pour dérouter quiconque se trouve sur son chemin.
Réalisation enivrante, photo sublime, lenteurs effrayantes, musique lancinante : il n’y a rien à redire sur cet essai cinématographique porté par une Kristen Stewart qui trouve ici son meilleur rôle.
Voir Spencer sur Amazon Prime Video
Nightmare Alley, de Guillermo del Toro
Très prolixe, le réalisateur mexicain planche actuellement sur pas moins de quatre longs-métrages.
Après La Forme de l’eau, un film qu’on a jugé prodigieusement insipide et cousu de fil blanc, contrairement à l’Académie des Oscars qui lui a attribué quatre prix, le cinéaste aux merveilles fait son retour sur grand écran cette année avec Nightmare Alley, un long-métrage plus tortueux et marquant que son dernier.
Nightmare Alley, c’est l’histoire d’un homme nommé Stanton Carlisle qui débarque dans une foire itinérante et parvient à s’attirer les bonnes grâces d’une voyante, Zeena, et de son mari Pete, une ancienne gloire du mentalisme.
S’initiant auprès d’eux, il voit là un moyen de décrocher son ticket pour le succès et décide d’utiliser ses nouveaux talents pour arnaquer l’élite de la bonne société new-yorkaise des années 1940.
Avec la vertueuse et fidèle Molly à ses côtés, Stanton se met à échafauder un plan pour escroquer un homme aussi puissant que dangereux.
À l’instar des personnages de ce film trop singuliers pour ne pas séduire, on a été envoutée par le fielleux Stanton Carlisle, emmené par un Bradley Cooper à des lieux de ses rôles habituels, mais aussi par Lilith Ritter, jouée par Cate Blanchett ou encore par Zeen Krumbein, campée par Toni Collette.
L’un des films les plus marquants de son créateur audacieux.
Macbeth, de Joel Coen
Pour la première fois dans l’histoire sa cinématographie, Joel Coen officie en solo, sans son frère en tant que coréalisateur ou coscénariste.
Et force est de constater qu’il réussit à passer l’épreuve du feu avec éclat.
On constate au passage que les cinéastes s’attaquant à la pièce de théâtre de William Shakespeare choisissent toujours l’option de la suresthétisation, comme Justin Kurzel en 2015 dans sa version grandiloquente qui préférait la photo au récit ou dans cette nouvelle mouture en noir et blanc, très théâtrale, dont la mise en scène relève du tour de force.
Avec Denzel Washington, Frances McDormand et Alex Hassell dans les rôles principaux, Macbeth s’approprie l’histoire emblématique de Macbeth, chef des armées écossaises, qui élabore un plan terrible avec sa femme pour monter sur le trône.
Obsédés par le pouvoir, les deux époux plongent dans les abysses de la folie.
Un film d’une extravagance ténue et dont la mise en scène est sans commune mesure, qui a été distribué dans quelques salles aux États-Unis et n’est disponible en France que sur Apple TV+.
The Chef, de Philip Barantini
Dans ce long-métrage du réalisateur britannique Philip Barantini, un plan-séquence incroyable d’une heure trente – en temps réel et en huis clos – nous embarque dans la cuisine d’un restaurant londonien huppé, pendant les vacances de Noël, à l’heure du coup de feu.
Andy Jones (incroyable Stephen Graham) est un chef qui gère sa brigade d’une main de fer, mais qui enchaîne les erreurs et les verres d’alcool en cachette.
Un contrôle des services d’hygiène, des clients aux exigences farfelues, un ancien collègue malveillant… De plus en plus de poids pèse sur ses épaules. Jusqu’où pourra-t-il tenir ?
Sa cuisinière en chef, Carly (Vinette Robinson) se voit contrainte de prendre en charge toutes les défaillances du grand manitou.
Un film édifiant sur la réalité des cuisines, en salles dès le mercredi 19 janvier.
Vous avez désormais quatre raisons de simuler une gastro pour quitter votre taf en vitesse et découvrir les merveilles actuellement à l’affiche.
À lire aussi : Verdict : le nouveau Scream est… un kif, le renouveau méta de la saga qu’on n’attendait plus
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires