Pendant le confinement, cinq fois plus de signalements de violences faites aux femmes sont émis sur la plateforme gouvernementale « Arrêtons les violences ».
Si le confinement accentue les violence que subissent certaines femmes, se retrouvant enfermées avec des hommes violents, des mesures gouvernementales et des initiatives solidaires leur viennent heureusement en aide.
Aujourd’hui, je viens te parler de celle de Charlyne, Fostine, Hadrien et Paul, quatre étudiants en communication à l’HEIP Paris, qui ont lancé il y a de ça trois semaines Un abri qui sauve des vies.
Cette plateforme met en relation les particuliers souhaitant prêter leur logement à des femmes victimes de violences.
Un abri qui sauve des vies, l’aboutissement d’un projet étudiant
L’idée d’Un abri qui sauve des vies a éclos dans le cadre d’un cours à l’université. Charlyne me raconte qu’elle et ses camarades étaient loin d’imaginer que ce projet se concrétiserait sur le terrain :
« Nous devions rendre un dossier dans lequel nous imaginions une initiative solidaire avec une solution digitale. C’est là que nous est venue l’idée de cette plateforme.
Quand nous avons rendu ce devoir, notre professeure nous a pris à part pour nous expliquer que créer cette plateforme pour de vrai était au final plutôt simple.
Je me sens personnellement engagée pour la lutte contre les violences faites aux femmes, j’étais au courant de la situation pendant le confinement, et je ne supportais pas de me sentir impuissante.
Quand nous nous sommes rendu compte qu’il était de notre portée de réaliser quelque chose de concret pour venir en aide à des femmes qui en ont besoin, nous n’avons pas hésité et nous avons créé la plateforme Un abri qui sauve des vies. »
Selon Charlyne, de nombreuses associations sont débordées et le besoin est réel. Les quatre étudiants espèrent que leur projet fera avancer les choses.
Comment fonctionne Un abri qui sauve des vies pour lutter contre les violences conjugales ?
Sur le site d’Un abri qui sauve des vies, tu trouveras deux formulaires :
- Un pour proposer de prêter ton logement,
- Un si tu as besoin d’un logement.
Ces formulaires permettent de mettre en relation les deux parties en fonction de critères géographiques et des besoins de la personne qui doit être relogée, en fournissant par exemple un logement plus spacieux si elle est accompagnée d’enfants.
Tu peux proposer ton logement même si tu es locataire, mais il est préférable que tu en parles à ton propriétaire au préalable. Une cohabitation avec la personne accueillie est également envisageable.
Le relogement se fait ensuite légalement par la signature d’un contrat de prêt à titre gratuit. Ce dernier pose des conditions et une durée, permettant ainsi de protéger les deux parties.
La difficulté pour les femmes victimes de violences conjugales de demander de l’aide
A ce jour,
Un abri qui sauve des vies a déjà réussi à réquisitionner 38 logements. Il est cependant bien plus difficile pour les femmes de faire la demande d’un logement, comme me le confie Charlyne :
« On a moins de demandes que d’offres.
Il est extrêmement compliqué pour les femmes qui subissent des violences de demander un logement, car il faut déjà qu’elles se rendent compte qu’elles sont victimes. Une fois qu’elles s’en rendent compte, il faut encore demander de l’aide. C’est une autre étape très difficile.
C’est pour cela que nous essayons de travailler avec des associations. Nous les appelons pour leur proposer nos services, et si elles sont intéressées, nous travaillons avec elles pour accompagner les femmes dans leur relogement. »
Pour Charlyne, hors de question, en effet, de laisser les femmes dans la nature une fois le contrat de relogement signé :
« Il est primordial que les femmes soient accompagnées et suivies pour ne pas, par exemple, retourner auprès de l’homme qui les violentait. C’est malheureusement une réalité à cause de phénomènes d’emprise psychologique. »
Des membres d’associations et parfois les étudiants de la plateforme eux-mêmes accompagnent les femmes à leur nouveau logement, et gardent un suivi psychologique avec elles par la suite.
« Nous faisons du cas-par-cas », ajoute Charlyne.
Un abri qui sauve des vies, ça continue après le confinement !
Après le confinement, Charlyne, Fostine, Hadrien et Paul ne comptent pas arrêter leur projet ! Pour eux, le besoin existe aussi en dehors du confinement.
Charlyne estime aussi qu’Un abri qui sauve des vies s’adresse à un profil de femmes en particulier, qui auront toujours besoin d’aide plus tard :
« Nous nous adressons à un public un peu différent de celui qui bénéficie des nuitées financées par le gouvernement pour mettre fin aux cohabitations dangereuses. Ces femmes ont en effet besoin d’une aide d’urgence et d’un accompagnement très poussé.
Notre initiative s’adresse davantage à des femmes qui ont besoin de temps et de répit pour prendre des décisions et se retourner, et qui sont capables d’évoluer avec un accompagnement plus léger.
Par exemple, nous avons fait héberger une femme et ses enfants fuyant un conjoint violent qui ont besoin d’un pied-à-terre le temps de retrouver un autre appartement. »
N’hésite pas à contacter Un abri qui sauve des vies pour prêter ton logement si tu le souhaites, ou pour te faire aider si tu en as besoin. Tu peux aussi relayer l’initiative du groupe via Instagram, Twitter ou Facebook.
Si vous ou quelqu’un que vous connaissez est victime de violences conjugales, ou si vous voulez tout simplement vous informer davantage sur le sujet :
- Le 3919 et le site gouvernemental Arrêtons les violences
- Notre article pratique Mon copain m’a frappée : comment réagir, que faire quand on est victime de violences dans son couple ?
- L’association En avant toute(s) et son tchat d’aide disponible sur Comment on s’aime ?
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