Ce week-end s’est tenue la Women’s March aux Etats-Unis. Il s’agit d’une marche de protestation contre la politique et les mesures prises par Donald Trump, notamment à l’égard des droits des femmes.
Malheureusement, si mes convictions et mon esprit de battante m’intiment de prendre DIRECT le premier avion pour les USA et de marcher moi aussi, la réalité me rattrape bien vite en me rappelant que je suis étudiante, fauchée, et que je vis à Avignon, ville dont les activités ne prennent de l’importance qu’en juillet.
Ambiance.
Avec l’impossibilité pure et dure pour moi de participer à une Women’s March aux USA, une interrogation récurrente m’est revenue : comment puis-je soutenir une cause alors que je vis loin ?
J’y ai rajouté le « et que je suis fauchée » car potentiellement ça te touche aussi, et tu n’as pas d’argent à investir dans des grandes causes quand c’est déjà compliqué de se nourrir autrement que de pâtes à chaque fin de mois.
Voici donc 8 pistes que j’ai trouvées pour moi, parfois appliquées (retour sur expérience, t’as vu ?), et que tu pourras t’approprier si tu en as envie.
Le (petit) don (régulier)
Pour la plupart des causes, il existe une structure de laquelle partent les appels à mobilisation, et qui a pour but de rassembler ceux et celles qui la défendent. Ces structures ont très souvent besoin de matériel et/ou d’argent.
Toi-même tu sais, l’argent, c’est le nerf de la guerre.
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Lorsque je ne peux pas donner de grosses sommes, je sais que je peux déjà faire de petits dons réguliers. Chaque euro compte.
Nombreuses sont les structures à proposer un système de don mensuel, par exemple, d’un montant « raisonnable ». C’était par exemple le propos de la Fondation des Femmes, avec sa campagne « 8€ par mois tous les 8 du mois ».
L’avantage, c’est qu’en plus de s’insérer dans mon budget mensuel puisque je peux prévoir chaque dépense à l’avance, mes dons s’insèrent aussi dans celui de la structure que je soutiens.
Quelle qu’elle soit, je peux t’assurer que la personne en charge des finances en son sein est ravie de pouvoir prévoir le budget mensuel ou annuel grâce à ce fonctionnement. Ces sommes permettent d’avoir un recul sur le futur à moyen terme du budget de la structure.
J’ai déjà donné sur un coup de têtes des sommes élevées à certaines organisations, mais je ne suis pas certaine que cela ait été plus utile qu’un don à long terme pour celles-ci, et pour moi ça a signifié un poste de dépense bien visible pendant un à deux mois.
Ceci est un court-métrage intitulé : « moi à la fin du mois »
Je vais te donner un exemple concret :
En octobre 2017, j’ai donné 100 € à madmoiZelle. Je les ai sentis dans mon budget, même s’ils ont certainement été utiles à l’entreprise.
Cependant, j’aurais aussi pu m’abonner à la box madmoiZelle, par exemple, pour une durée de quelques mois. Cela m’aurait permis d’étaler ma dépense, et madmoiZelle aurait pu l’inclure dans un budget prévisionnel stable. De par l’étalement, j’aurais même peut-être pu donner plus (et recevoir des box en échange, ce qui est : extrêmement cool).
C’est un peu le même principe que Tipee pour les vidéastes du Web, par exemple.
Le don matériel
Lorsque je n’ai vraiment plus d’argent et que même mon frigo me fait la gueule, j’ai l’alternative du don matériel.
Des fringues que je n’utilise plus, trop grandes ? Je peux les filer à telle asso qui récupère des vêtements. Des jouets que je n’utilise plus (car je ne suis plus une enfant)(c’est faux) ? Ce sera pour une structure qui les donnera à des enfants dans le besoin.
Ça me permet à la fois de faire du tri dans mes affaires, de vider mon (ridicule) appartement, et de faire une bonne action. C’est même écolo : au moins ça ne part pas à la poubelle et mes affaires gagnent une deuxième vie.
Idem pour mes bouquins, et à peu près l’intégralité de mes affaires qui sont encore dans un état raisonnablement bon.
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Donner du temps
Car le temps c’est de l’argent
Voilà une de mes alternatives préférées.
S’il y avait assez de bénévoles pour toutes les causes que je défends, elle n’existeraient plus. Le recrutement de volontaires est une thématique récurrente dans toutes les associations par lesquelles je suis passée (et je peux dire qu’elles sont nombreuses).
Donner du temps à une cause, ce sont mes expériences les plus intéressantes.
J’ai à chaque fois choisi à quel niveau je voulais et je pouvais m’engager, que ce soit pour tenir un stand durant une soirée ou carrément rentrer dans des engagements quotidiens qui ont régi ma vie heure après heure (tu n’es pas obligé·e d’aller jusque là, rassure-toi).
Je ne me suis jamais autant enrichie qu’en entrant dans l’associatif, en termes de rencontres, d’échanges. Ça a aussi été une manière pour moi de voir concrètement le résultat de mes actions, je me suis rendu compte que je pouvais être utile.
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Et j’ai énormément appris. Tout en rendant service, et en défendant mes convictions. Que demander de plus ?
La communication
A mon grand dam (j’ai écrit « mon grand damn » au début, mais ça marche aussi), mon emploi du temps n’est pas malléable à souhait, et je me suis retrouvée confrontée à une réalité qui était que : les journées ne durent QUE vingt-quatre heures.
Ok, mais comment faire pour soutenir des causes qui ne s’intercalaient plus dans mes 100 blocs de 10 minutes, même une fois le sommeil et l’alimentation réduits au minimum (ne faites pas ça chez vous) ?
Ma réponse : communiquer.
Parler d’actions autour de moi, c’est leur donner de l’importance, une notoriété, et ça peut potentiellement convaincre une partie de mes proches de les rejoindre.
Peut-être même simplement une personne inconnue qui passe par là au moment où j’en discute ! Peu importe.
Parler d’actions, c’est les faire exister, je ne l’ai compris que trop tard, et je me rattrape aujourd’hui en mentionnant dès que possible tel ou tel mouvement qui me convainc.
Et ça rentre dans mes cent blocs, largement (nourriture et nuits incluses, car je peux même en parler à table et en dormant).
La preuve.
Les partages sur les réseaux sociaux comptent aussi, tout simplement parce qu’aujourd’hui ma réalité est aussi une réalité virtuelle, où je suis en contact relativement permanent avec mon entourage proche et lointain !
Les clics
Un autre acte que je croyais anodin et sur lequel je me leurrais, c’est tout simplement le « clic ».
Regarder des vidéos sur Internet, cliquer sur certains liens et pas d’autres, faire des recherches depuis un moteur de recherche, c’est devenu une autre manière de consommer – du contenu, cette fois.
Et si ma mère m’avait toujours dit que choisir à quelle entreprise allait son argent en faisant ses courses était déjà un acte citoyen voire militant, on ne m’avait jamais appris qu’il en était de même pour mes clics.
Bien que les algorithmes des moteurs de recherche et les choix de contenus mis en avant par les réseaux sociaux soient un peu obscurs pour moi, j’ai compris que plus une vidéo est vue, plus elle est proposée. Que plus un article est viral, plus il est partagé.
Alors je clique allègrement sur des contenus que j’aime et que je soutiens, tout en me contentant d’ignorer ceux qui ne m’intéressent pas.
Je les montre à mes proches, quitte à les voir une seconde fois : si j’aime le contenu ça ne me gêne pas, et c’est toujours une vue de plus.
Commencer ses recherches par les bien-nommés moteurs de recherche est aussi important.
Aujourd’hui, je vais très peu sur des médias parce que j’ai vu leur article sur Facebook, par exemple : j’ai plus tendance à aller chercher l’information qui m’intéresse directement sur leur site.
D’autant plus que je ne veux pas d’un contenu prémaché !
Moi avalant les informations que je reçois
Je sais qu’en cliquant,
je fais augmenter le référencement d’un média, d’un site, peut-être celui d’une association. Alors je clique !
« Lâche un pouce bleu si cette vidéo t’a plu, et abonne-toi ! »
Combien de fois ai-je entendu cette phrase, moi qui consomme du YouTube à cœur joie ? Si j’avais su l’impact que ça pouvait avoir !
En plus de faire augmenter également le référencement d’une vidéo, d’un contenu, et donc des personnes atteintes, c’est donner de la reconnaissance à la personne ou à l’organisation qui les produit.
Une manière d’affirmer son soutien, son contentement, et de reconnaître la qualité d’un contenu, dans son fond et/ou sa forme.
Cela ne signifie pas ne jamais critiquer ! Mais montrer à quelqu’un qu’on apprécie ce qu’il ou elle fait est pour moi la base de ce qu’on appelle le « soutien », il en est de même pour les différentes causes auxquelles j’adhère.
Et oui, on peut même être poli·e sur internet ?.
Les opportunités transformées
C’est un peu ma spécialité, pour tout te dire.
Tu as dû le comprendre : je n’ai pas de temps pour faire tout ce que j’aimerais, je suis obligée de choisir, et choisir, c’est renoncer.
Mais je déteste renoncer. C’est à partir de là que j’ai appris à combiner plusieurs de mes projets, et à moduler chacune des opportunités qui se présentaient à moi pour en faire un projet qui me motive véritablement, dans la forme comme dans le fond.
Je vais te donner quelques exemples, que tu peux à loisir adapter à ton quotidien.
Je me suis engagée dans des associations étudiantes lorsque je suis entrée à l’université. En parallèle de mes études, mon travail, et de cet engagement, j’ai de fortes convictions féministes, pour lesquelles je ne parvenais pas à trouver de place dans mes semaines déjà débordantes.
J’ai donc organisé pour ces associations des événements à destination des étudiants et étudiantes, dans lesquels je prenais soin d’intégrer des points de vue féministes.
J’ai aussi choisi, une fois que je suis devenue formatrice, de sensibiliser au mieux les bénévoles des associations à ce thème, de lutter contre les affiches sexistes.
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Autre exemple : dans le cadre de mes études, je suis tenue de réaliser un stage (dont le choix de la nature m’est laissé).
Généralement, dans ma filière, ce sont des stages dans des établissements du secondaire qui sont réalisés, ou dans le meilleur des cas dans des établissements de traduction ou de tourisme.
Connaissant déjà le monde merveilleux de l’Éducation Nationale, j’avais l’impression qu’un stage en son sein ne m’apporterait que peu.
J’ai donc décidé de tenter quelque chose de nouveau, d’inconnu…
Et j’ai eu la chance de pouvoir travailler chez madmoiZelle durant un mois, ce qui m’a permis de soutenir une structure et d’affirmer des convictions sur le net.
Et ce fut fort sympathique.
Les exemples et possibilités sont infinies. J’ai choisi de ne pas renoncer à mes convictions, et de, dès lors que j’en ai la possibilité, transformer les différentes opportunités qui se présentent à moi en y incluant mes valeurs.
Les petites actions du quotidien
Ce dernier conseil, tu l’as probablement déjà entendu, mais je vais quand même t’en parler à nouveau, car je suis intimement persuadée que chacune de nos plus petites actions, d’autant plus lorsqu’elles sont quotidiennes, a un rôle majeur dans l’évolution de notre société.
J’ai cité plus haut ma maman qui m’avait éduquée au choix d’à qui donner mon argent, même en faisant mes emplettes les plus basiques. C’est exactement le même fonctionnement que j’évoque, mais à une échelle plus globale.
Pour moi, agir par choix et non par habitude, c’est rompre l’inertie dans laquelle je pourrais m’installer, et de fait, militer.
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Soutenir une cause écologique n’aurait aucun sens à mon avis si je jetais mes déchets et mégots au sol (et encore, je fume !). Alors je tente au mieux de trier mes détritus au quotidien, et je me balade systématiquement avec un cendrier de poche.
Plus que filer dix mille balles à je ne sais quelle asso, j’essaie de construire la société que je veux voir en l’incarnant du mieux possible.
Bien entendu, être exemplaire est loin d’être aisé, et il ne faudrait pas non plus que j’en vienne à me flageller pour chaque erreur.
D’autant plus que j’ai le droit de changer d’avis, de me rendre compte que j’étais dans l’erreur, me remettre en question et donc faire évoluer ma conduite.
Mais j’estime que le plus gros soutien à une cause, c’est l’application de ses principes au quotidien. C’est montrer aux enfants – qui apprennent par imitation – les gestes et réflexions qui me semblent sains.
Alors je distribue de la bienveillance, je questionne mon ouverture d’esprit, j’essaie d’acheter des légumes bios (un peu plus chers) plutôt que de la viande (beaucoup plus chère).
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Et même si je ne suis pas une super-végane ni une féministe sans contradictions, je sais que j’incarne aujourd’hui d’une certaine manière le monde que je voudrais voir demain.
Et toi, quelles sont tes astuces pour défendre tes valeurs ? Aimerais-tu adopter certaines de celles que j’ai listées ? Pourquoi ? Viens me dire ça dans les commentaires !
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Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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